Hier matin, les policiers ont engagé de gros moyens en hommes et en matériel dans cette opération déclenchée vers 7H30: une centaine de fonctionnaires de la Sûreté, une quarantaine de CRS et des membres du Groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) ont reçu le soutien de gendarmes et d’un hélicoptère chargé d’empêcher les tentatives de fuite des individus recherchés. La police intervenait dans le cadre d'une enquête judiciaire sur un vaste trafic de métaux volés.
Le cuivre reste de très loin le métal le plus recherché dans les espaces de la SNCF. Le métal rouge représente ainsi 82 % du volume des vols et tentatives. Le fer, le plomb et enfin les autres métaux se partagent les 18 % restants. S’agissant du plomb dont la part n’a cessé de croître depuis 2007, celui-ci correspond aux batteries de secours volées dans les locaux techniques de la SNCF ou à proximité des voies.
Ce métal dont le cours reste bas malgré une hausse progressive depuis fin 2008 est cependant de plus en plus prisé en raison de sa forte densité et du haut potentiel de recyclage des batteries.
Depuis le second semestre 2005, la SNCF fait l’objet de vols répétés de métaux le long des voies, dans les chantiers et sur les sites de stockage : tourets de cuivre dérobés, caténaires et câbles télécoms coupés et prélevés, éléments du contrôle électrique des voies démontés… L’infrastructure ferroviaire de la SNCF, essentiellement composée de matériaux métalliques, est devenue une cible privilégiée pour les auteurs de vols de métaux qui revendent ensuite leur butin à des ferrailleurs recycleurs. Les auteurs de ces vols engrangent ainsi des profits substantiels s’expliquant par la hausse des cours des métaux et notamment de celui du cuivre qui atteint des niveaux records depuis 2006.
Avec un réseau de transport d’envergure nationale, composé notamment de plus de 30 000 km de voies ferrées et de 3 000 gares, la SNCF apparaît en France comme l’opérateur de transport le plus affecté par ce phénomène. Rien qu'en 2011, la SNCF enregistre 3 121 vols et tentatives de vols de métaux contre 3 353 en 2010 soit une diminution de près de 7 %. Le volume des vols et tentatives amorce donc une décroissance après le nombre
record de faits répertoriés en 2010. De 2005 à 2011, ce sont près de 16 000 vols et tentatives de vols de métaux qui ont été comptabilisés.
Ces vols de métaux peuvent entraîner des conséquences graves. Ils affectent le fonctionnement de la signalisation et des installations de sécurité, souvent pendant plusieurs heures, ce qui pénalise la circulation des trains et met en cause la sécurité des voyageurs et des agents.
En une année, les vols de métaux ont coûté 35 millions d’euros à la SNCF et à RFF et provoqué près de 6 000 heures de retards cumulés dans la circulation des trains.
Pour en revenir aux faits qui ont marqué l'actualité de la journée d'hier, et selon l'AFP, les policiers sont intervenus en force mardi matin dans cinq camps de Roms de l’agglomération toulousaine pour interpeller une quinzaine de personnes soupçonnées d’appartenir à un important réseau de vols de métaux et de cambriolages. Avec à la clé, un vaste trafic.
Les personnes interpellées sans heurts sur l’île du Ramier (un ensemble d’îles entre deux bras de la Garonne au sud de Toulouse), dans le quartier de Montaudran ou à Blagnac sont soupçonnées d’une multitude de cambriolages commis dans des entreprises de Toulouse et de sa région pour voler des rouleaux de cuivre, mais aussi du câble sur les installations de la SNCF ou le long des autoroutes, indique-t-on de source proche de l’enquête.
A priori tous majeurs, ils sont aussi soupçonnés de vols d’outillages ou de matériel informatique. Dix-sept personnes ont été placées en garde à vue à Toulouse, selon une source policière.
Parmi eux figure le chef présumé du réseau visé par cette enquête judiciaire, ouverte début août. Il aurait dirigé les opérations de Roumanie pendant un certain temps et ne serait arrivé en France qu’il y a une quinzaine de jours.
Dans l’un des camps visés par la police, à Montaudran, Traian, un homme de 35 ans qui tient à conserver l’anonymat, a rapporté que les policiers étaient arrivés vers 7H00 et avaient menotté les hommes comme les femmes avant d’emmener quatre hommes et une femme.
Dix familles de Roms, qui vivent en France depuis cinq ans entre des allers retours en Roumanie, sont installées depuis cinq mois dans ce camp, en fait un parking abandonné en bordure du périphérique, dans des cabanes de fortune ou des caravanes, parmi les voitures désossées.
Toulouse et sa région n’échappent pas aux vols de métaux. Le tribunal correctionnel a condamné ce lundi, à six mois de prison avec sursis, trois Roms de Roumanie âgés de 21, 26 et 39 ans jugés pour avoir volé 400 kilos de ferrailles dans une déchetterie dimanche, a rapporté mardi leur avocate Hélène Simon-Grassa.
Les trois prévenus ont comparu devant le même juge dont les propos tenus sur les Roms lors d’une audience le 16 septembre ont beaucoup fait parler dans les prétoires. «Pensez-vous que nous allons vous laisser piller la France ainsi?», avait demandé le juge Hervé Barrié à d’autres prévenus roms.
Me Hélène Simon-Grassa, appelée à plaider en faveur de Roms lundi devant le juge Barrié, a demandé à ce qu’il soit récusé, du fait de ces propos. Mais sa requête a été rejetée par le premier président de la cour d’appel, a indiqué l’avocate. On ne se plaindra pas de cette décision. Les prévenus jugés en ce début de semaine, devront donc payer chacun une amende civile de 75 euros pour leur requête en récusation du magistrat. C'est vrai que les droits de l'homme existent, que le respect des prévenus doit rester de mise, Maître, mais le droit des victimes de vols répétés, aussi! Or, au bout de milliers de vols commis en bandes organisées, le dictionnaire est formel : cela s'appelle du pillage!