Aïe! Rien ne va plus entre le maire de la commune et l’industriel du recyclage ; l’un accusant l’autre de vider sa cuve dans la nature pendant les orages, tandis que l’autre reproche à la mairie de négliger un chemin communal bourré d'ornières et de cailloux... L'entreprise Paté est apparemment embourbée dans une situation délicate à gérer...
Mais d'où vient donc cette eau malodorante qui empoisonne les riverains de la sente Montplaisir, à Crouy, chaque fois qu'un orage éclate ? Pour le maire, Daniel Moitié, pas de doute : cela ne peut provenir que de Paté, l'usine de recyclage de verre, située sur les hauteurs de la commune.
Il est même convaincu que l'industriel profite des orages pour se débarrasser de ses eaux sales dans la nature. « Ils profitent de certaines nuits pour vidanger la cuve. Si ça continue, je vais porter plainte », annonce-t-il....
De fait, en juillet, au lendemain d'un orage d'une grande violence, l'élu, d'une humeur "bouboule" à cause de cette eau qui "pue", s'est rendu chez Paté. Si le chef d'entreprise était absent, il n'est pas sourd aux reproches pour autant.
« Je ne veux pas faire de polémique, mais, puisqu'on m'accuse, je veux montrer ma bonne foi », a-t-il indiqué à nos confrères. « Notre site est en pente. Les cailloux et la terre des cultures ont dévalé du chemin sur nos installations, comme vous le voyez, très bien entretenues. Les cailloux ont bouché les avaloirs et ont terminé dans la cuve de récupération des eaux décennales. »
Une cuve de 350 m3, aujourd'hui remplie de cailloux. Tel est l'état de la STEP. « Voilà une installation qui a fonctionné et qui a récupéré autant de gravats et de cailloux qui ne sont pas partis dans la nature. Maintenant, on va devoir curer la cuve pour traiter l'eau. »
David Paté admet bien volontiers que la cuve a débordé... « Forcément ! Cette cuve n'est pas adaptée à de si forts orages. »
ICPE, l'entreprise retraite elle-même ses eaux de ruissellement. « Nous n'utilisons pas d'eau dans notre process », indique le responsable environnement, Xavier Rivière. Une fois assainie, l'eau repart dans le réseau collectif. Nous avons déjà investi dans cette station d'épuration, et n'avons aucun intérêt à rejeter des eaux », complète David Paté
Bon : on l'aura compris, il y a de l'orage dans l'air entre le maire et le chef d'entreprise. Il y a un an à peine, Paté demandait par courrier à la mairie de bitumer le haut du chemin du Meunier Noir, à cause « des limons et cailloux qui s'engouffrent dans l'avaloir ». Réponse : « des travaux d'enduits superficiels pourront être menés aux points du chemin les plus endommagées », dans l'attente du programme de travaux et des subventions ad hoc.
A ce rythme, ce n'est pas demain qu'on reviendra à des relations au beau fixe...