Verre : O-I lance un modèle de calcul de l’empreinte carbone

Le 14/12/2010 à 13:48  
Verre : O-I lance un modèle de calcul de l’empreinte carbone
Bocaux en verre Dans le secteur de la fabrication des emballages, de nombreux facteurs rendent difficile la comparaison directe des empreintes carbone des matériaux. De fait, tout se dit et son contraire, malgré des études qui s’avèrent souvent sérieuses mais partielles ce qui peut déboucher sur des assertions partiales. On en a déjà eu de belle démonstrations... Owens Illinois, O-I pour les initiés, se lance dans l'empreinte carbone comparative du verre... Au terme de deux ans de recherches, l'industriel propose une nouveau modèle de calcul de l'empreinte carbone prenant en compte l'intégralité du cycle de vie des emballages... Un modèle qui a été présenté le 1er décembre dernier...

 Plusieurs millions de fois par jour, O-I fournit des emballages, bouteilles et pots en verre à des marques présentes dans le monde entier. Numéro Un de l’emballage en verre en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, ainsi que dans la région Asie-Pacifique, le verrier fabrique des emballages en verre, recyclables et recyclés, plébiscités par des consommateurs exigeant, dont il reste d'un des matériaux préférés. Le verre est le seul matériau recyclable à 100 % qui préserve aussi bien le goût des aliments et possède une telle pureté. Créé en 1903, le groupe emploie plus de 24 000 personnes et dispose de 81 sites de fabrication dans 22 pays. En 2009, son chiffre d’affaires s’est élevé à 7,1 milliards de dollars.

L'empreinte carbone totale d'un produit se compose des émissions produites à chaque étape du cycle de vie. Or, de  nombreuses analyses restent à ce jour incomplètes et font état de certaines phases uniquement. Afin de garantir l'intégrité et le sérieux des résultats de son ACV, O-I a fait appel à la société d'études AMR Research, réputée en matière de chaîne logistique et de développement durable, pour effectuer une analyse rigoureuse de son organisation. AMR a testé le modèle type d’ACV proposé par O-I avec cinq ensembles de données publiées, et l'a comparé aux pratiques actuellement recommandées. AMR a également évalué et validé toutes les sources de données et les équations du modèle utilisé par O-I.
« L’immense incohérence caractérisant les différentes analyses de l'empreinte carbone a pratiquement rendu impossible la comparaison de l'impact carbone d'un matériau de conditionnement par rapport à un autre », explique Al Stroucken, PDG d’O-I. « Les nombreuses analyses utilisées aujourd'hui ne prennent en considération qu'une partie du cycle de vie d'un produit, conduisant ainsi à des données incomplètes et imprécises. Ainsi, en matière de conditionnement, les clients prennent parfois des décisions inconséquentes, sur base de données incomplètes. Nous avions conscience de la nécessité d'adopter une approche la plus complète possible afin de clarifier le débat et apporter ainsi une image fiable de la situation du verre comparativement à d'autres matériaux de conditionnement. »

Outre les variations et les méthodes d'analyse, il faut tenir compte des éléments suivants :
Le recyclage influe fortement sur l'empreinte carbone d'un matériau d'emballage. Certaines  ACV (Analyse du Cycle de Vie) ne prennent pas en considération les économies d'énergie  résultant de l'utilisation de matériaux recyclés dans la production et de la réutilisation des  emballages.
 Les sources d'alimentation électrique varient selon la région du globe, ce qui a des  conséquences notables sur l'empreinte carbone.
 L'extraction, la localisation et le traitement des matières premières peuvent représenter une  part importante de l'empreinte totale d'un produit. Cette étape essentielle est souvent  écartée dans les méthodes d'analyse.
 L'impact du transport des emballages finis peut être exagéré en cas d'utilisation de  méthodes d'analyse incomplètes qui ignorent les étapes générant d'importantes émissions  d'oxyde de carbone, telles que l'extraction ou le traitement des matières premières.

 Il faut comparer ce qui est comparable pour que les résultats des ACV arrêtent de varier au cas par cas. O-I a mené un plan d’actions d’envergure en s’appuyant sur plus de 500 ACV d’acteurs du marché pour créer un modèle d’analyse fiable. Ce modèle type est le premier à prendre en compte l’intégralité du cycle d’un produit :

 Extraction et traitement des matières premières

 Transport des matières premières jusqu’à l’unité de fabrication
 Transport des produits finis jusqu’au consommateur
 Processus de production
 Gestion de la fin de vie 

 Et c'est ainsi que l'on a présenté pour la première fois, l’empreinte carbone comparative du verre. L’analyse du cycle de vie d’O-I montre que l’empreinte carbone du verre d'emballage est la moins impactante de toutes en Amérique du Nord, Europe et Asie.
Une bouteille en verre de 355 ml génère 0.171 kg de dioxyde de carbone depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la réutilisation ou le recyclage de la bouteille.
Une bouteille de vin standard de 75 cl qui pèse 410 gr produit 0.204 kg de CO2e, alors qu’une bouteille allégée de 345 g génère seulement 0.172 kg CO2e.
La comparaison a lieu avec une bouteille de PET qui pèse seulement 54 gr quand elle est vide et produit 0.374 kg de CO2e si on prend en compte l’intégralité du cycle – plus du double que le verre (cycle “craddle-to-craddle” – berceau au berceau).
Une petite bouteille de vin de 187 ml destinée à la consommation individuelle, et dont le poids atteint 145 gr, génère 0.072 kg de CO2e.
Une bouteille de PET de la même taille génère 0.152 kg de CO2e – avec une empreinte carbone deux fois plus impactante

« Notre analyse démontre que le verre a clairement l'empreinte carbone la plus favorable », se réjouit Jay Scripter, vice-président du Développement Durable chez O-I. « Se pencher sur l'intégralité du cycle de vie du verre permet de réfuter bon nombre d'idées reçues. Ainsi, les producteurs de denrées alimentaires et de boissons préoccupés par la durabilité doivent indiscutablement opter pour le verre ».
En Amérique du Sud, le verre et l’aluminium sont au même niveau. L'industriel verrier a calculé les empreintes carbone de l’aluminium et du PET d’après des données publiques et industrielles disponibles sur le marché.

Les schémas ci-dessous présentent l’empreinte carbone de la bouteille en verre la plus consommée au monde, d’une contenance de 355ml.

Répartition de l'empreinte carbone
Répartition de l'empreinte carbone
L'analyse du cycle de vie d'O-I a permis de démontrer d’autres facteurs clefs :
 Le transport des récipients finis en verre ne représente qu'une faible proportion (de 4 à 5 %) de l'empreinte carbone totale de la fabrication des conditionnements en verre.
 L'utilisation de verre recyclé réduit directement la quantité d'énergie nécessaire pour extraire et produire des matières premières. 10 % de verre recyclé utilisé lors de la production de réduire les émissions de carbone d'environ 5 % et de réduire l'énergie utilisée d'environ 3 %. 
 L'utilisation actuelle d'O-I de verre recyclé, qui atteint 40 % en Europe, génère déjà suffisamment d'économie énergétique pour compenser totalement les émissions produites par le transport des produits finis.

O-I a utilisé cette étude de façon constructive, c'est à dire définir des objectifs agressifs en termes de développement durable. En se basant sur l'année 2007, le verrier entend atteindre les objectifs suivants d'ici 2017:
 Réduire sa consommation énergétique globale de 50 %
 Réduire ses émissions d'équivalent carbone de 65 %
 Porter la proportion de verre recyclé dans la fabrication de nouveaux récipients à 60 % à l'échelle mondiale
 Éliminer les accidents sur le lieu de travail