Valorisation des biodéchets : l'outil Ecobio
Soutenue par les pouvoirs publics, la valorisation des déchets biodégradables a le vent en poupe. Mais comment faire les bons choix d’investissement parmi les différentes voies de valorisation proposées ? Pas de panique : afin d'aider les collectivités, le Cemagref a créé, en partenariat avec Veolia Propreté, un logiciel d’évaluation des coûts qui permet de comparer les différents scénarios de gestion de la filière...
La réglementation européenne et, à l’échelle nationale, la loi Grenelle 1, constituent un cadre favorable à la valorisation des déchets biodégradables. Souvent considéré en France comme une alternative à l’incinération, le traitement mécano-biologique (TMB) des déchets ménagers intéresse de nombreuses collectivités. Cependant, celles-ci se heurtent à des difficultés liées au choix des équipements et des techniques à combiner, ainsi qu’à la maîtrise des coûts sur l’ensemble de la filière. En effet, le TMB fait appel à l’association de différents procédés de traitements biologiques (compostage, méthanisation, stabilisation, production de combustible...) et d’équipements mécaniques (cribles, tapis magnétiques...) de façon à valoriser au mieux les différentes fractions de déchets qui composent les OM (ordures ménagères) résiduelles : matière organique, plastiques, métaux...
L’enjeu est de séparer la matière organique, fermentescible, du reste des déchets, afin de produire un compost de bonne qualité et de limiter la quantité de déchets à mettre en décharge ou à incinérer.
Afin de venir en aide aux collectivités et aux opérateurs de la filière, des économistes du Cemagref ont donc mis au point, en collaboration avec Veolia Propreté, un logiciel d’évaluation des coûts de production liés à la valorisation des déchets biodégradables (biodéchets, déchets verts, OM résiduelles). Nommé "Ecobio", celui-ci permet de comparer les choix techniques entre eux, à différentes échelles : celle de l’équipement utilisé (tube, tunnel, silo...), celle du traitement choisi (méthanisation, compostage, stabilisation...) et celle du mode de collecte adopté sur le territoire, tel que la mise en place ou non, en amont, d’une collecte sélective des biodéchets ménagers.
L’autre intérêt de cet outil réside dans la possibilité de construire différents schémas de gestion des déchets biodégradables, en fonction des situations locales (collecte des biodéchets, possibilité de valorisation du compost et du biogaz), et de simuler les investissements et les coûts de fonctionnement associés.
Sur l’ensemble de la filière, de la phase de collecte des déchets à celle du stockage des refus de traitement, la phase de traitement des déchets biodégradables n’apparaît pas comme la plus déterminante, en termes de coûts. Elle représente en effet environ 20% du coût total de production de la filière de gestion de ces déchets, contre par exemple 55 à 60% pour la phase de collecte sélective. Cependant, la gestion des refus, non biodégradables, intervient pour 25 à 29% du coût total, soit plus que le traitement lui-même.
Cet outil, qui se révèle souple, adaptable et actualisable, est susceptible d’évoluer en fonction des données et des contextes territoriaux. Fondé pour l’heure sur l’évaluation technique et économique de la filière, il pourrait également constituer le support à une évaluation environnementale, sous réserve de déterminer et d’intégrer les coûts des impacts et des bénéfices environnementaux sur le long terme.