Vacances Propres choisit la malpropreté pour sensibiliser
Le déchet sauvage est une triste réalité que de preux chevaliers, rassemblés au sein d’une asso militante (Progrès et Environnement créée en 1971), ont décidé de combattre depuis maintenant des dizaines d'années. L’association, en partenariat avec l’Association des maires de France, le ministère de l’Écologie et du développement durable, Éco-Emballages et de nombreuses entreprises et organisation professionnelles, cette année, la 45ème édition de Vacances Propres, avec des affiches qui « parlent » : « vous pouvez laisser une plus belle trace sur Terre », peut-on lire sur une affiche montrant des détritus abandonnés dans la nature… Cette année, en effet, l’association a choisi, non pas de remercier celles et ceux qui déposent leurs déchets dans les poubelles, mais de culpabiliser celles et ceux qui négligent d’y aller, sans doute trop fatigués par le farniente et le soleil estival, à moins qu’ils n’en aient rien à cirer, tout simplement, que de souiller plages et autres lieux sympas…
L’objectif est « clairement exprimé », a déclaré le président Jean-François Molle : « culpabiliser le jeteur » (…) « Nous avons voulu changer de ton et passer à la vitesse supérieure en rappelant les conséquences environnementales des déchets sauvages ».
Quand la majorité des vacanciers interrogés (59%) jugent les déchets sauvages « inadmissibles » et « irrespectueux » (cf. l’étude Vacances propres / Market Invest 2015), il reste tous ceux qui se débarrassent de leur déchet n’importe où et qui ne semblent pas « se rendre compte de l’incivilité de leur geste et de ses conséquences »...
Conçue par l’agence BDDP & Fils, la campagne se traduira par 10 000 à 20 000 panneaux affichés sur les sites de vacances, à partir de la mi-juillet, via cinq affiches où figure en gros plan un déchet sauvage.
« 1000 collectivités locales et agglomérations sont partenaires du programme; 30.000 collecteurs siglés Vacances Propres ont été installés ces 10 dernières années, 2,2 millions de sacs dédiés ont été utilisés en 2014 ; 22.000 tonnes de déchets ont été collectés via les sacs Vacances propres en 2014 » (estimations, réalisées à partir d'observations locales extrapolées au niveau national)…
L’association ne s’est pas privée de rappeler lors de sa dernière conférence de presse, que sur « les 88.000 tonnes de déchets sauvages estimés par an, 60.400 tonnes se trouvent dans les cours d'eau (dont 56.000 tonnes de déchets flottants et 350 tonnes de déchets échoués sur les rives), 23.200 tonnes sur les routes et leurs abords, 4.200 tonnes sur les plages et 70 tonnes en montagne ». Les chiffres sont en hausse par rapport à l'année dernière, d’où le choix de hausser le ton et d’être volontairement provocateur…
Que constate-t-on en effet, si ce n’est que sur le terrain, on assiste à une triste « recrudescence des déchets sauvages, témoignage d'un comportement incivil de plus en plus décomplexé et d'une appropriation des espaces publics en baisse », indique l'Association des maires de France, par la voix de Jacques JP Martin, membre du comité directeur de l'AMF, qui ajoute qu’il peut aussi, « y avoir une certaine lassitude des équipes municipales face à l'incivilité chronique des habitants, et notamment par les équipes de propreté, quand elles n'ont pas grand-chose à ramasser dans les corbeilles parce que les déchets sont en dehors »...