Une décharge reconvertie en pavé dans la mare
Une décharge française, située en Alsace, contaminerait l'eau potable de deux villages suisses. Après avoir analysé des échantillons d'eau prélevés dans les environs de la décharge du Letten (Haut-Rhin), l'organisation écologiste Greenpeace a en effet, décelé la présence de produits chimiques dans une source d'eau potable qui alimente les villages suisses d'Alschwill et de Schönenbuch, à la frontière française...
Ces résultats vont donc totalement à l'encontre des communiqués de l'industrie bâloise (Novartis, Ciba et Syngenta), qui affirme depuis des années que les 4 000 tonnes de déchets toxiques entreposés à Letten ne constituent pas une menace pour la ressource en eau potable de la région. Les analyses prouvent aujourd'hui le contraire : la source contaminée se trouve pile entre la décharge et les captages d'eau potable d'Allschwill et Schönenbuch.
"Une fois de plus, Greenpeace doit intervenir parce que l'industrie et les autorités ont failli", proteste Matthias Wütrich, chargé de campagne chimie de Greenpeace Suisse. "Il faut procéder d'urgence à un assainissement immédiat et complet de la décharge du Letten et de toutes les décharges chimiques de la région de Bâle."
Il y a deux mois, cette même industrie bâloise faisait déjà la Une de l'actualité, rubrique "Pollution" : plus de 600 tonnes de déchets toxiques avaient en effet été découverts dans un champ de maïs près d'un autre village alsacien frontalier avec la Suisse (voir notre article du 19 mars dernier). Enfouis dans les années 50, ils étaient remontés à la surface à la suite du labourage du champ par un agriculteur d'Hagenthal-le-Bas. Et deux ans auparavant, en février 2005, des déchets identiques avaient aussi été retrouvés en plein air dans la forêt voisine.
L'assainissement partiel et précipité du site de Letten auquel a procédé l'industrie chimique du 6 mars au 19 avril n'a donc rien résolu. Au contraire, il a probablement mobilisé des quantités supplémentaires de produits chimiques dans les eaux souterraines qui se sont sans doute écoulées en direction des villages. Les communes en question ont dû fermer leur approvisionnement en eau pour éviter une contamination.
source : Greenpeace