Un Ministère d'Etat démontable : lamentable !
Pour mémoire, le ministre d'Etat, numéro 2 du gouvernement du temps de Jean-Louis Borloo, laissait sa place, dès 2010, à une « simple » ministre, avec la nomination de Nathalie Kosciusko-Morizet, son ministère reculait ainsi de deux places dans le gouvernement et devenait numéro 4…
Pour l'heure, la nomination de Nathalie Kosciusko-Morizet en qualité de porte-paroles du président-candidat le 18 février dernier, va entraîner la disparition de la structure « en ce sens que les portefeuilles du ministère de l'Environnement seront bientôt rattachés au Premier ministre », a indiqué le chef de l'Etat. La démission de NKM est l'affaire de « quelques jours» : « j'ai quelques dossiers à finir, notamment la clause de sauvegarde sur les OGM. (…) Après je m'occuperai à plein temps de la campagne», a complété la ministre...
« Le Ministère de l'Ecologie traverse une tempête et une dépression. Ses services comme la Direction Générale de la Prévention des Risques sont surchargés et sinistrés par le départ ou la mutation de plusieurs titulaires. Des textes essentiels sur l'élimination des PCB, le zonage des sites pollués se heurtent à l'opposition d'EDF et de la plupart des élus et sont en attente prolongée. Des décisions capitales sont imminentes sur le rejet de millions de tonnes de boues polluées dans la baie de Seine.
L'effacement et l'absentéisme d'un Ministre de l'Ecologie pendant plusieurs mois, va à la fois faciliter l'enlisement de projets favorables à l'environnement et les autorisations défavorables à l'environnement. La bise d'adieu aux anti-maïs transgéniques ne change rien sur le fond.
Les arbitrages de Matignon sont rarement favorables à l'environnement. Ils le seront encore moins quand la chaise du Ministre de l'Ecologie sera vide », souligne l’association Robin des Bois.
Pour l’association Agir pour l’Environnement, la démission de Madame Kosciusko-Morizet du ministère de l’Ecologie et son non-remplacement s’apparente à « un abandon de poste ». « Il y a des symboles qui en disent parfois autant que les petites phrases du chef de l’Etat qui estimait que « l’environnement, ça commence à bien faire ». La réalité institutionnelle a été mise en adéquation avec l’orientation politique du président-candidat », plaide Stéphen Kerckhove, délégué général de l’association…
« La duplicité érigée en mode de gouvernance permet ainsi au chef de l’Etat de débuter son mandat avec le Grenelle de l’environnement tout en le terminant sans ministre de l’Ecologie ». Pour Agir pour l’Environnement, « une politique ambitieuse en matière de protection de l’environnement ne peut être menée les seules années impaires ».
« Cette vacance est la cerise sur le gâteau du mépris de Nicolas Sarkozy à l'égard des problématiques environnementales. Or, avec le changement climatique, les pertes de biodiversité et la raréfaction des ressources naturelles, on ne peut pas sérieusement parler de perspectives économiques et sociales sans prendre en compte l'impact de ces facteurs. Sans cela aucune projection dans l'avenir n'a de sens. C'est justement la spécificité de l'écologie de lier environnement, économie et social. »
Cet abandon du Gouvernement intervient alors que des dossiers "délicats" devaient passer par un arbitrage interministériel car ils impactaient plusieurs ministères. C'est le cas des OGM, en particulier de la position française sur le pourcentage de contamination toléré des semences paysannes, pour laquelle il y avait désaccord avec le ministère de l'Agriculture. C'est aussi le cas de la réforme du code minier qui révèle un conflit avec le ministère de l'Industrie et de l'énergie.
Face à la gravité de la situation actuelle, les Amis de la Terre demandent qu'aucune décision interministérielle, en rapport avec l'environnement, ne soit prise durant la campagne », exprime à son tour la présidente des Amis de la Terre, Martine Laplante …