UFC-Que Choisir jette un pavé dans la cour d’Eco-Emballages
L'UFC dénonce aussi la foultitude de logos dont le fameux « Point vert », trompeur, puisqu’il ne signifie pas que le produit est recyclable (voir Et si on recyclait la politique de prévention et de tri?). Aussi, l’association interpelle les parlementaires chargés de voter la future loi sur la transition énergétique, mais aussi la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, en rappelant qu’à ce poste en 1992, « elle avait fait des déchets, un enjeu. Aujourd'hui elle doit finir le travail »…
La ministre n’a pas manqué de répondre, en léger différé, aux déclarations de l'association : elle déclare en effet partager l’ambition d’UFC-Que Choisir d’améliorer la prévention et le recyclage des déchets, lesquels sont des « préoccupations essentielles », d’où le choix ministériel d’intégrer « dans le projet de loi sur la transition énergétique pour une croissance verte, un volet spécifique à l’économie circulaire, de la conception des produits jusqu’à leur recyclage ».
La loi en cours discussion au Parlement « prévoit des objectifs très ambitieux en matière de prévention et de recyclage des déchets :
Réduire de 10% la production de déchets en 2020 par rapport à 2010 ;
Recycler 65 % des déchets ménagers en 2025, contre 56 % aujourd’hui ;
Valoriser sous forme de matière 70% des déchets du secteur du bâtiment ;
Réduire de 30% les quantités de déchets en décharge en 2020 par rapport à 2010 et de 50% d’ici à 2025 ».
Le texte prévoit aussi, « des moyens pour atteindre les objectifs fixés :
Mise en place de la collecte séparée des déchets alimentaires, qui seront destinés à la méthanisation ou à la fabrication de compost ;
Mise en place progressive de la tarification incitative afin que chacun paie l’élimination de ses déchets en fonction de la quantité produite ;
Interdiction des sacs de caisse à usage unique en plastique d’origine fossile au 1er janvier 2016 ;
Mise en place d’une filière de récupération des déchets par les distributeurs de matériaux destinés aux travaux de bâtiments au 1er janvier 2017 ;
Lutte contre l’obsolescence programmée dont la pratique devient un délit sévèrement sanctionné.
Le ministère rappelant qu’avant même « que cette loi ne soit votée, il a été lancé un appel à projets "zéro déchet, zéro gaspillage", qui a permis d’identifier 58 collectivités porteuses de projets ambitieux de réduction des déchets résiduels de leur territoire, soit par une politique de prévention des déchets, comme la lutte contre le gaspillage alimentaire, soit par l’amélioration du recyclage de leurs déchets ».
Sans doute un tantinet courroucé, Eco-Emballages « déplore la somme d’inexactitudes et d’amalgames véhiculés par l’association UFC-Que Choisir, à commencer par l’agrégation de chiffres laissant à penser que seul un quart des déchets d’emballages ménagers serait actuellement recyclé en France ». Aujourd’hui, selon l’éco-organisme, « le taux de recyclage des emballages ménagers est de 67% ».
La structure indique aussi, qu’à l’heure où son plan de relance du recyclage d’un montant de 90 millions d’euros vient d’être accepté par les pouvoirs publics et salué par l’ensemble des membres de la Commission consultative d’agrément, elle trouve pour le moins étonnante, cette « communication de l’association UFC-Que choisir » et « regrette de ne pas avoir été consultée sur les données que l’association avance ».
A la suite de quoi, Eco-Emballages ne manque pas de rappeler « les progrès réalisés » au cours de ces deux dernières décennies, pour tout ce qui touche « à la collecte et au recyclage des déchets d’emballages ménagers grâce à la mise en place de la REP », et les importants moyens financiers « déployés par les entreprises », à savoir près de 7 milliards d’euros (répercutés sur le consommateur de ces fameux produits emballés, il faut quand même le rappeler, aussi), afin de « financer le dispositif » …
C’est précisément ce dispositif qui a permis de verser « 560 millions d’euros aux collectivités, en 2013, pour les tonnes triées »… Et d’ajouter que désormais, le taux de couverture des coûts nets de référence « d’un service de collecte et de tri optimisé atteint les 78% »…
Dans un autre registre, on indique aussi que dans un rapport remis le 27 décembre 2013, la Cour des Comptes a souligné « la pertinence du dispositif». Ce qui ne veut pas dire que l’on perd de vue la nécessité « de faire davantage pour atteindre les objectifs de 75% de taux de recyclage ».
La Cour des Comptes, « comme nombre d’acteurs, a dressé le constat d’une décorrélation croissante entre les soutiens versés aux collectivités et les tonnes collectées » (+34% de soutiens entre 2010 et 2012 « pour une progression de 3 points seulement » du taux de recyclage sur la même période). Elle a par ailleurs alerté sur la disparité des coûts sur le territoire (de 45 à 165€/T de verre, de 300 à 690 €/T pour les emballages légers) et l’hétérogénéité des performances de tri d’une région à une autre : de 1 à 4,5 (de 15 kg/an/hab jusqu’à 68 kg/an/hab).
Abordant ensuite le sujet de la collecte, l’éco-organisme affirme que « contrairement à ce qui est avancé par UFC‐Que Choisir, 81% des collectivités utilisent un bac jaune, et que tous les efforts sont entrepris pour aller vers plus d’harmonisation », tout en aidant les collectivités à « maîtriser leurs coûts ».
C’est pour faire face à l’ensemble de ces enjeux « que nous avons proposé un plan de relance du recyclage » (doté de 90 millions d’euros sur deux ans, afin d’améliorer l’efficacité du tri et du recyclage des plastiques notamment) « qui a été adopté à l’unanimité » (moins un), « par la Commission consultative d’agrément », en décembre 2014.