Tunisie: une police spéciale pour lutter contre la prolifération des déchets

Le 13/06/2017 à 23:28  

Tunisie: une police spéciale, pour lutter contre la prolifération des déchets

Police de l'environnement en Tunisie Pour enrayer la prolifération des déchets ménagers, en ville comme à la campagne, un fléau qui s'est nettement aggravé depuis la révolution de 2011, la Tunisie sort le grand jeu : le gouvernement a officialisé, ce mardi, un service de police environnementale. Vêtus d'uniformes flambant neufs, équipés de pick-ups avec GPS, les agents ont officiellement été présentés au public lors d'une cérémonie en présence du chef du gouvernement , Youssef Chahed. "Que Dieu vous vienne en aide. C'est une mission très difficile", leur a lancé  le dirigeant...

 Depuis la "révolution" de 2011, les déchets ménagers (mais pas seulement) polluent et sont partout, le phénomène allant s'intensifiant. Pourquoi? La raison la plus souvent invoquée tient à l'effacement des municipalités (qui sont encore et toujours dans l'attente des élections municipales prévues le 17 décembre prochain) mais aussi en raison d'un manque évident d'équipements, de centres de traitement et de décharges, selon le ministre de l'Environnement et des Affaires Locales, Riadh Mouakher. Ce défaut de structure adaptée est tel que "les municipalités jettent parfois elles-mêmes leurs déchets au niveau des espaces publics", a-t-il regretté devant la presse, étant entendu que l'incivisme et "l'absence de conscience (environnementale) chez les citoyens" constituent des facteurs agravant le phénomène, a t-il ajouté.

 A partir de ce constat, le gouvernement a instauré une police environnementale qui a été officiellement résentée ce mardi : durant  un mois, ce nouveau service de police sera chargé de sensibiliser la population, a précisé Riafh Mouakher. A l'issue de cette période "d'adaptation", c'est à dire à compter de la mi-juillet, jeter ses ordures en dehors des bennes et brûler ses déchets comme il est devenu commun de le faire sera passible d'une contravention allant de 40 à 60 dinars (14,5 à 21 euros). Les délits seront eux punis d'amendes allant de 300 à 1.000 dinars (109 à 363 euros), voire de prison en cas de mise en danger de la santé publique.

 En cette phase de démarrage, 163 agents seront déployés dans 34 municipalités du Grand Tunis. Mi-juillet, 136 agents supplémentaires entreront en fonction dans 40 autres municipalités du pays (20 municipalités dans les chefs lieux des gouvernorats et 20 municipalités touristiques), ces 299 agents auront à leur disposition 105 véhicules équipés. Ce programme, qui s’étendra sur trois ans, s’articule autour Dépôts sauvages de déchets en Tunisie de la conclusion d’un marché cadre, en vertu duquel des sociétés privées assureront des services de collecte des déchets au profit de certaines municipalités qui enregistrent des défaillances à ce titre.
Il reste que cette toute nouvelle police environnementale sera placée sous l'autorité des municipalités, mais avec un suivi du ministère de l'Environnement. Les dirigeants tunisiens n'attendent pas de résultats miraculeux immédiats, convaincus qu'en finir avec le problème des déchets "prendra du temps" ; ils sont néanmoins persuadés que ces agents  constitueront "un maillon important de la chaîne dédiée à la protection de l'environnement", a souligné le ministre, en rappelant qu'une stratégie de long terme a été élaborée et que près de 30.000 bennes ont commencé à être distribuées. Dans cette logique, en mars dernier, afin de protéger la "diversité biologique" et mettre fin à la "pollution visuelle" , les sacs en plastique ont été interdits dans les supermarchés de Tunisie. (voir  Plastique : la Tunisie interdit les sacs de caisse)