Tri, recyclage : des métiers en pleine mutation
Sous l’effet d’un dispositif réglementaire de plus en plus étoffé en vue d’encadrer strictement la récupération/valorisation des déchets et d’inciter à la prévention, le secteur des déchets ménagers s'est véritablement métamorphosé en moins de 10 ans. De nouvelles formes de collecte des ordures ménagères (OM) et des équipements nouveaux sont apparus avec le déploiement de la collecte sélective (conteneurs, déchèteries, quais de transfert...), les unités de traitement ont été totalement modernisées pour se conformer aux normes environnementales, et de nouvelles filières ont émergé pour gérer des déchets spécifiques (huiles usagées, piles, D3E...). De plus les processus ont été optimisés pour atteindre les objectifs chiffrés de recyclage et de valorisation...
Parallèlement à tout cela, la conscience environnementale des populations a fortement progressé. Ce contexte contribue à l’émergence d’une multitude d’activités et de nouveaux emplois dans le secteur.
Selon une enquête commandée par l’Ademe en 2007, plus de 28 000 emplois en France sont liés à la collecte, au tri et au recyclage des déchets ménagers, soit 8 000 postes de plus qu’en 1998 ; ce nombre est appelé à augmenter grâce au développement du recyclage. L’étude précise que si la majorité de ces emplois est encore relativement peu qualifiée, de nouvelles compétences ont vu le jour.
L’automatisation grandissante et l’émergence de nouvelles filières font en effet appel à des connaissances scientifiques et techniques pointues : la mécanique pour les équipements de traitement, les technologies de l’information pour la traçabilité et la gestion des flux, la chimie et les biotechnologies pour diversifier les modes de traitement. Une tendance qui implique l’embauche d’un nombre grandissant d’ingénieurs et de techniciens supérieurs. La montée en puissance de ces profils apparaît comme un indicateur de progrès pour l’ensemble de la filière.
Un autre rapport (du Syndicat national des activités du déchet cette fois-ci) indique que le marché des déchets dépendait en 2005 à 60% des décisions des collectivités locales, compte tenu de leurs investissements et du recours à la délégation de service public. Les collectivités qui ont vu croître leurs responsabilités au fil du temps ont su se professionnaliser, tant pour organiser la collecte que pour développer la prévention. Elles se sont dotées de services ou d’équipes dédiés à la gestion des déchets et ont créé de nouveaux postes aux profils divers : chargé de mission, chef de projet, gardien de déchèterie, ambassadeur du tri… A l’image de ce dernier métier, il est à noter la part croissante des emplois liés à la communication et à la sensibilisation du public, qui prennent une place de plus en plus large dans le secteur.
Marqués par une forte pénibilité, les métiers de rippeur (collecteur) ou de trieur devraient aussi évoluer avec l’amélioration des techniques. La collecte robotisée ou encore l’automatisation des chaînes de tri tendent à faciliter la tâche des employés du déchet. Toutefois, l’image du secteur, bien qu’en pleine mutation, souffre encore d’un manque de considération. C’est pourquoi d’importants efforts sont consentis par les entreprises pour valoriser les postes les moins qualifiés (salaires, formations, plan de carrière) qui restent prépondérants dans la filière.
Cet article est à lire en complément de nos 2 précédentes dépêches : Tri des déchets : 28 000 emplois en France ! et Tri : un métier transformé par les technologies !.
source et crédits photos : Syctom