Tri : limiter le taux de valorisables dans les refus n'est pas un casse tête

Le 01/10/2014 à 18:43  
Tri : limiter le taux de valorisables dans les refus n'est pas un casse tête
Les machines destinées à affiner le tri sont incontestablement de plus en plus performantes. Pour autant, les exploitants de centres de tri déplorent régulièrement devoir constater la présence de valorisables dans les refus… Que faire ?

Améliorer les performances d’un centre de tri de déchets provenant de la collecte sélective, ne passe pas seulement par l’automatisation tous azimuts, via des machines ultra performantes qui auraient pour seule mission de capturer tous les papiers et plastiques qui défilent sur la chaine de tri…

 Une autre piste ne doit surtout pas être négligée pour optimiser une installation : récupérer les valorisables dans les refus de tri. Car il y en a toujours qui échappent à l’œil, pourtant rigoureux, des machines sophistiquées qui sont aujourd’hui proposées sur le marché…
La bonne question à se poser est de savoir pourquoi autant de valorisables dans les refus ? Il se trouve que ces refus proviennent de plusieurs sources possibles :
   en début de process, des opérateurs de tri manuel du pré tri (2 convoyeurs) peuvent commettre des erreurs,
   du sur-tri manuel des produits, en sortie de ligne de tri (Gros de Magasin, JRM et Cartons) peut générer également des erreurs
   des refus de la partie tri optique des Corps Creux (ceux-ci ne sont pas prélevés par des opérateurs)
   des plastiques peuvent être éjectés par les machines de tri optique installées sur les corps plats.
   et enfin, les fines 0/35 qui , criblées en tête, sont envoyées directement au compacteur de refus.

 Capter le déchet valorisable qui s’est échappé sur la voie de garage, celle normalement empruntée par les déchets non recyclables est la politique qui a été choisie par les Ateliers Fouesnantais qui intègre Ecotri, seul centre de tri de France équipé à la fois du tri automatique des corps creux, des papiers, des refus et des films, le tout dans le cadre des consignes de tri étendues. Nous nous étions rendus sur place au lendemain de la mise en service de ces machines (voir notre exposé Tri : question "d’optiques") : il était intéressant de faire un point, deux ans plus tard...

Pour mémoire, Ecotri, l’une des trois structures comprenant les Ateliers Fouesnantais, emploie 280 personnes dans les 5 centres de tri qu’elle exploite ou qui lui appartiennent en propre.
1992 voyait naitre la première installation, avec deux cribles à étoiles avec tapis de tri manuel… Seize ans plus tard, nous sommes en 2008, on procède à la rénovation complète du centre de tri qui est redimensionné de manière à traiter 17 tonnes/heure, intégration du tri optique pour les corps creux. C’est une première innovation utilisée pour la séparation des PET Clairs et foncés, Pehd et Ela sur 2 machines de tri optique. Pari osé à l’époque, devenu pratiquement un standard en France, se souvient Yannick Gaume, Directeur de la Division Ecotri…
 

 En 2012, on remet des sous sur le tapis : « le tri des papiers est effectué en grande largeur avec un ensemble de 4 machines de tri optique, auquel s’ajoute le traitement des refus, par la récupération des fibreux et plastiques valorisables qui y subsistent», complète Thierry Legall, Responsable de production. « L’installation des machines Titech nous a apporté des améliorations auxquelles nous n’avions pas forcement pensé lors de la conception du projet. Outre des économies de frais de mise en décharge et une amélioration des taux de captation de toutes les matières, nous avons gagné en disponibilité des équipements. Au lieu de 2 tours du compacteur déchets par jour, il n’y en a plus qu’un seul, qui peut se faire en-dehors des heures de production : nous gagnons ainsi environ 30 minutes de production par jour. La tâche des opérateurs du pré tri a pu être allégée, ils ne sont plus à présent que concentrés sur les objets les plus grands, les machines font le reste »…

Yannick Gaume, qui affiche plus de 20 ans d’exploitation, a évidemment eu l’occasion de tester et mettre en œuvre de nombreux concepts pour le tri des collectes sélectives. Toujours en quête d’innovation pour l’amélioration des conditions de travail de ses employés et de la productivité de ses installations, il a ainsi été l’un des premiers à avoir intégré des cribles à étoiles en France. « C’est en 2010 que nous avons commencé à réfléchir à l’évolution de notre centre de tri. Nous disposions déjà de machines Titech installées pour capter les corps creux. Nous avions en effet installé une machine de 2,8 mètres de large, ce qui était alors une première. L’optimisation du tri des papiers devenait une évidence. Si le choix du tri optique s’est fait sans difficultés, convaincus que nous étions que ces machines étaient ce qu’il y a de mieux, en terme de performance comme pour ce qui touche à leur fiabilité, c’était une autre histoire que de choisir une technique donnée, pour régler un problème récurrent et important : la part des valorisables dans les refus.

 
 Cela étant dit, ce n’est pas parce qu’on est quasi décidé à ajouter des machines de tri optique que le tour est joué… « Malgré des contraintes qui nous paraissaient assez importantes, fort heureusement, des expériences réalisées par Tomra avec ses machines autosort dans d’autres types de flux, nous ont laissé penser que nous tenions une solution à la fois originale et fiable, même si elle pouvait paraitre osée, du moins au premier abord », ajoute le Directeur de la Division Ecotri…
Il faut dire que l’entreprise travaillant de longue date avec la marque, la relation de confiance n’était plus à construire. Les dés étaient jetés ; le soutien financier d’Eco-Emballages a fait le reste…
Grand bien leur a pris : en effet « les taux de captation des différents produits ont augmenté en moyenne de 7%, ce qui aura un impact direct sur les soutiens et la quantité de matières valorisables commercialisées (surtout papiers et films PE, ndlr) ».

On assiste en simultané à une augmentation significative de la partie « vrai refus » dans les refus de tri : « alors que le taux de refus dans les flux entrants était en augmentation de 10%, la quantité de déchets éliminés a diminué de 24% et la partie de “Vrai refus” dans les refus, a bondi de 47 à 81% », se réjouit Yannick Gaume.
Le mot de la fin n'est pas fait pour déplaire...  L’investissement qui est estimé à environ 600 K Euros « sera rentabilisé en moins de 3 ans par l’augmentation des quantités de matières restituées et l’économie de mise en décharge ». La boucle est bel et bien bouclée au bénéfice d’une meilleure valorisation des déchets…