Transport : marinier, renouveau d’un métier écolo

Le 30/06/2008 à 20:04  

Transport : marinier, renouveau d’un métier écolo
Transport fluvial granulats Cemex France, leader du transport fluvial de granulats, annonce le renouvellement sur plusieurs années de ses équipes de mariniers. L’origine de ce métier remonte au XIXe siècle. L’entreprise souhaite aujourd’hui attirer les jeunes vers les métiers du transport fluvial. Écologique et économique, le transport fluvial, longtemps considéré comme dépassé, est en pleine renaissance en France : l’activité connaît depuis 10 ans une croissance de 30 %. Acteur majeur du transport fluvial sur la Seine, Cemex France prévoit de renouveler dans les prochaines années ses effectifs de mariniers pour compenser les nombreux départs à la retraite.

La logistique fluviale de Cemex se situe dans la continuité de l’entreprise Morillon Corvol dont les activités de transport fluvial remontent au milieu du XIXème siècle. Sur l’ensemble de la région du bassin de la Seine, du Havre à Nogent sur Marne, 3 millions 400 mille tonnes de granulats et de gravats issus de la construction transitent chaque année grâce à la logistique fluviale de l’entreprise.

70 % de ses centrales à bétons sont aujourd’hui approvisionnées par voie d’eau sur la région parisienne, un taux qui passe à 85 % sur la petite couronne. Dix ports sont placés au coeur de la ville et dans la petite couronne, dix carrières sont situées à proximité immédiate des voies navigables, neuf centrales sont embranchées directement à la voie d’eau.

Le transport fluvial est source de moins de nuisances (bruit, pollution) et consomme cinq fois moins d’énergie que le transport routier. On estime qu’un convoi de 5 000 tonnes (qui peut être constitué de deux barges de 2 500 tonnes, ou huit barges de 800 tonnes, soit un convoi de 180 mètres de long) correspond à 220 semi-remorques, soit un convoi routier de 6 kilomètres.

« Nous faisons le choix d’embaucher plutôt des jeunes et de leur donner l’opportunité de monter rapidement sur l’échelle des grades grâce à la transmission du savoir par nos mariniers les plus anciens », nous a expliqué Michel Bureau, responsable de la marine pour Cemex Granulats Val de Seine. « Le processus d’apprentissage s’effectue essentiellement sur des barges de transport de granulats et de déchets du BTP naviguant sur la Seine »

Comme pour tout métier artisanal, le savoir et les techniques des mariniers se transmettent essentiellement par oral et par l’exemplarité du travail des anciens. Les jeunes passent plusieurs années sur le pont. Ils y font l’apprentissage du métier en passant par les grades de matelot, 1er matelot, et de second capitaine, capitaine et enfin commandant. Ils apprennent le pilotage, l’amarrage, le brêlage des barges fluviales et acquièrent une connaissance précise de la morphologie de la Seine. Ce savoir est essentiel notamment pour les jeunes qui n’ont pas appris le métier avec leurs parents. Au bout de 10 ans, un marinier peut diriger seul une équipe et piloter un pousseur s’il a les compétences et la maturité nécessaire (grade de capitaine).

Souvent fils de marinier et parfois salarié de l’entreprise depuis plus de 30 ans, la génération actuelle de capitaines et de commandants est le maillon essentiel de la transmission du métier grâce à une longue expérience. Les anciens se déplacent pour donner certains enseignements dans les rares écoles en France dédiées à la navigation fluviale : le lycée Emile-Mathis, à Schiltigheim, le centre de formation pour apprentis de la navigation intérieure (CFANI) au Tremblay-sur-Mauldre et l'Institut Supérieur de la Navigation Intérieure (ISNI) à Elbeuf. Tous les ans, les capitaines accueillent des apprentis et des stagiaires de ces écoles sur leurs pousseurs, preuve qu’aucun savoir scolaire théorique ne peut remplacer la transmission concrète de la maîtrise du métier.

Moins difficile et contraignant qu’autrefois grâce à l’évolution de la législation, le métier de marinier garde des conditions de travail très particulières. Travailler sur l’eau, être en permanence à l’extérieur et exposé aux intempéries, « ce métier est une véritable vocation » confirme Michel Bureau. Pour le marinier et sa famille, c’est aussi un rythme singulier à intégrer : de très longs temps d’attente, la navigation de nuit, de longues périodes de travail. Et même si les évolutions technologiques récentes (GPS, appareils de communication) facilitent la tâche, le cœur du métier ne change pas. Les instruments ne sont pas toujours très fiables et il faut toujours savoir se référer à une connaissance traditionnelle de la Seine. Dernier avantage et non des moindres : grâce au développement des transports alternatifs à la route, les jeunes mariniers n’ont pas de soucis du chômage...