Transport et développement durable : La route restera le mode dominant !


Denis Choumert, Président de l'association des utilisateurs de transport de fret, l'AUTF, répond à quelques questions qui soulèvent parfois la polémique. Ses réponses ont le mérite de la clarté... La route restera le mode de transport dominant ; il faut donc continuer d’améliorer les performances environnementales du transport routier !...


Néanmoins, il est particulièrement difficile de mesurer les impacts négatifs d’une relation de transport notamment en ce qui concerne les rejets de C02.
Il est donc capital de disposer d’un instrument de mesure commun à l’ensemble des secteurs d’activités respectant les standards internationaux et s’inspirant de ceux déjà mis en œuvre pour mesurer les rejets de C02 des process industriels.
La mise en place de cet instrument de mesure constitue un préalable indispensable à toute démarche visant à taxer d’une façon ou d’une autre les émissions de C02 dues aux transports de marchandises.


Sur le plan méthodologique, ces relations se matérialisent par l’introduction dans les contrats et les cahiers des charges d’un chapitre sur l’environnement et de la mise en place d’un système de management de la qualité commun.


La gestion rationnelle sur le plan économique du transport conduit nécessairement à limiter les mouvements de marchandises inutiles et de ce fait à une plus grande maîtrise environnementale.
Les deux notions sont donc tout à fait compatibles même si bien souvent le transport routier est pour beaucoup synonyme de nuisance et de pollution. Or, il faut noter que depuis 10 ans, les performances environnementales du transport routier n’ont cessé de s’améliorer.
En matière d’émissions polluantes, les véhicules de transport routier ont réalisé des progrès considérables au cours des dernières années. La diffusion des normes Euro successives dans le parc de camions permet depuis une dizaine d’années de réduire de façon drastique les niveaux d’émissions d’oxydes d’azote, de particules, d’hydrocarbures et d’oxyde de carbone, ce qui est loin d’être le cas des véhicules particuliers.
Ainsi, entre 1990 et 2013, les trafics des camions circulant en France aura progressé de 73% tandis que le volume global d’émissions de ces mêmes camions aura été divisé par 4,5 au cours de la même période. Les prochaines normes Euro 4 (2006) et Euro 5 (2009) entraîneront une diminution tout aussi importante des niveaux d’émissions réglementaires.
Cette sévérisation des normes induit une action des constructeurs en terme de traitement des émissions à la source (injection haute pression, systèmes de recirculation des gaz d’échappement).
La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe avant tout par d’importants efforts de recherche pour abaisser la consommation unitaire des véhicules, que ce soit par la généralisation des systèmes d’aide à l’économie de carburant ou encore par le soutien à la recherche et au développement de véhicules propulsés par une énergie alternative au gazole.


Par ailleurs, il faut noter que les entreprises cotées en bourse se doivent de rendre un rapport environnement en faisant état de leur politique en la matière.
Aucun industriel, tout au moins européen, ne peut ignorer cette problématique.


En effet, il est difficile de mesurer l’impact environnemental du transport ; il existe de nombreux désaccords entre les spécialistes sur le niveau de ré internalisation des coûts externes.
Par ailleurs, la question de la faisabilité pratique d’un tel système se pose particulièrement en ce qui concerne les transports.
Il est en effet beaucoup plus complexe de mesurer les rejets des émissions de CO2 dues aux transports que de mesurer celle des installations fixes car les transports fonctionnent en réseau.
Sur un parcours d’un point A à un point B, il y a plusieurs acteurs économiques, plusieurs modes de transport utilisés, il est donc très difficile de mesurer de bout en bout le niveau des rejets d’émissions polluantes et de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, le système de permis d’émission négociables appliqués aux autres secteurs industriels n’en est qu’à ses débuts et nous n’avons pour le moment aucune idée dont cela va fonctionner. Attendons de pouvoir tirer les enseignements de ce système avant de l’appliquer à un secteur beaucoup plus complexe par nature.
Face à cette somme d’incertitudes, il apparaît plus raisonnable d’utiliser des outils qui ont déjà fait leur preuves mais qui sont mal employés :




Deux types de moyens pourraient être mis en place :


La France est l’un des rares pays d’Europe à ne pas avoir de politique d’incitation au renouvellement du matériel et à la préservation de l’environnement.
Nous sommes toujours dans le mythe du transfert modal, or nous savons bien que la route restera le mode de transport dominant.
Il faut donc continuer d’améliorer les performances environnementales du transport routier par une politique d’incitation volontariste.
Au-delà du matériel, cette amélioration des performances environnementales du transport routier passe également par :



Il existe bien d’autres moyens pour réduire les émissions de CO2 autrement que par la mise en place d’un marché de permis d’émissions négociables :
Autre d’exemple, citons une étude de l’Ademe de 2003 qui précise qu’un simple respect des limitations de vitesse sur route et autoroute, permettrait d’économiser 600 000 tonnes d’équivalent carbone par an d’ici 2010-1012, ce qui représente 15% de la réduction d’émissions de CO2 prévue dans le plan national de lutte contre le changement climatique de janvier 2000 pour les transports.
Par ailleurs, des facteurs de progrès n’ont peut-être pas assez été exploités au niveau des industriels comme :








Il faut au contraire rendre ces modes de transport plus attractifs et ceci passe par :





Ces efforts doivent être faits en sachant qu’aucun mode de transport ne pourra se substituer à la route qui restera le mode de transport dominant avec une part de marché de près de 80% en particulier car 75% de marchandises sont transportées sur moins de 100 km.


La responsabilité environnementale incombe d’abord et avant tout au monde du transport, l’incitation financière doit donc s’adresser aux prestataires de transport.
Les chargeurs doivent se placer en position de prescripteurs auprès des transporteurs afin qu’ils mettent en place de systèmes de management environnemental fondés en particulier sur un renouvellement de leur matériel, qu’il s’agisse de la route mais également de la voie d’eau et du ferroviaire dont l’âge moyen du matériel est extrêmement élevé.


Cette technique présente en outre l’intérêt d’éviter les ruptures de charge puisque la marchandise voyage en porte à porte sans quitter la remorque et souvent avec le même chauffeur. Ceci constitue un gage indéniable de sécurité pour la marchandise mais n’est envisageable que sur de longues distances.
Cependant, il faut noter qu’un service de ferroutage étant donné les composantes actuelles de la concurrence entre les modes, le coût de la traction et l’organisation de chemins de fer n’est pas viable sur le plan économique sans subsides publics : en effet, le rapport poids utile/tare est trop discriminant.
C’est d’ailleurs ce que démontre l’exemple suisse : pour un euro de chiffre d’affaires, la Confédération Helvétique vers e une subvention de un euro.
Au niveau des prix, les chargeurs, qui ne contrôlent pas nécessairement la technique de transport employée au-delà du premier maillon (le plus souvent routier), jugeront l’offre commerciale sur la base de critères économiques.
Outre un prix compétitif, le ferroutage doit également fournir un niveau de qualité irréprochable. Cette technique suppose la mise en place d’un système de navettes avec un véritable service garanti en termes de régularité et de fréquence, du type Eurotunnel. En cela, elle n’est pas assimilable à un service de transport à la demande. En l’état actuel, les différents acteurs français du transport ferroviaire, SNCF en tête, n’ont pas démontré qu’ils étaient en mesure de maintenir –sur le durée- le niveau de service attendu par la clientèle, q’il s’agisse des trafics conventionnels ou du transport combiné.
Comment imaginer qu’ils seraient en mesure d’y parvenir davantage demain avec le ferroutage ?
En ce qui concerne les voies navigables, les chargeurs redécouvrent ce mode de transport depuis 5 ans comme en témoigne la progression spectaculaire des trafics (+ 6% en 2004 par rapport à 2003). Sa fiabilité, la disponibilité des infrastructures, sont prix attractif se conjuguent avec un fort potentiel environnemental.
Ceci étant, les techniques de transport des modes dits « alternatifs » ne sont pas comparables entre elles ; il faut distinguer deux types de transport :


Les industriels sont bien évidemment favorables à l’usage de l’ensemble de ces modes, chacun utilisé dans leur domaine de pertinence.
