Aïe, Aïe, Aïe… Et l’on reparle des déchets des Bouches du Rhône et de fraudes présumées aux marchés publics… Quatre personnes placées en garde à vue ont été libérées hier en fin de journée, parmi lesquelles le président PS de la communauté urbaine Eugène Caselli…
Placé en garde à vue, le président PS de la communauté urbaine Eugène Caselli, placé en garde à vue, a été entendu dans le cadre de l'enquête sur les fraudes présumées aux marchés publics qui avaient conduit à la mise en examen et à l'incarcération le 1er décembre dernier d'Alexandre Guérini, qui n’est autre que le frère du président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône…
Dans le cadre de la même enquête, trois autres personnes ont été placées en garde à vue : Franck Dumontel, ancien directeur de cabinet d'Eugène Caselli, Olivier Grimaldi, avocat de MPM et Eric Pascal dirigeant de la société Queyras Environnement, membre de Federec. Flash back... De source AFP, on apprenait en juin dernier que le patron d'une société de collecte des déchets des Bouches-du-Rhône, Queyras environnement, avait été mis en examen dans le cadre d'une vaste enquête judiciaire sur les marchés publics locaux. La mise en examen d'Eric Pascal pour des faits d'escroquerie, faux et usage de faux, ainsi que d'abus de biens sociaux, était intervenue après un interrogatoire de plusieurs heures dans le cabinet du juge Charles Duchaine. Celle-ci faisait suite à la mise en examen de deux agents de déchèteries à Cassis et La Ciotat pour corruption passive. Deux collaborateurs d’Eric Pascal et deux agents d'autres déchetteries devaient également être présentés au magistrat dans la foulée (voir notre confrère Marchés publics : premières mises en examen à Marseille et l'un notre article).
Ces sept personnes ont été placées en garde à vue à la section de recherches de la gendarmerie de Marseille.
Plus tard, en septembre, une information judiciaire avait été ouverte à l'encontre de Queyras Environnement à la suite d'une dénonciation anonyme, avant d'être rattachée à un dossier de plus grande ampleur, instruit contre X depuis avril 2009, pour trafic d'influence et prise illégale d'intérêts dans le cadre de l'attribution de certains marchés publics des Bouches-du-Rhône.
En novembre, ce dossier avait débouché sur des perquisitions chez Alexandre Guérini, frère du président PS du conseil général Jean-Noël Guérini, et dans sa société de traitement des déchets, ainsi qu'au conseil général des Bouches-du-Rhône et dans les locaux de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (voir notre article Déchets : avis de tempête sur Marseille).
Mais revenons au présent... Tous les protagonistes ont donc été entendus dans les locaux de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille. L'avocat François-Noël Bernardi, président du groupe PS à la communauté urbaine et président de la commission d'appel d'offres, a été pour sa part, entendu comme témoin.
Le juge Charles Duchaine avait prolongé la garde à vue des quatre hommes de 24 heures, laquelle a finalement pris fin dans la soirée, le juge d'instruction ayant décidé de ne pas les déférer. Il pourrait toutefois les réentendre bientôt et même organiser une confrontation. Au vu des premiers résultats de l'enquête, il a décidé de ne pas retenir de charge à leur encontre. Eugène Caselli s'est immédiatement adressé à la presse en soulignant qu’il est « libre et serein » (…) « Les questions qui m'ont été posées ont porté sur des faits réels ou supposés à l'intérieur de la communauté urbaine. J'ai répondu en donnant ma vision des choses et en disant ce que j'ai fait »…
Pour l’heure, les enquêteurs soupçonnent quand même fortement Alexandre Guérini d'avoir joué un « rôle central dans la mise en place d'un système occulte de surfacturation et de trafic d'influence dans l'attribution de certains marchés publics dans la région ».
Dans ce contexte, ils s'intéressent de près à la décharge Mentaure de La Ciotat, où sont stockés les déchets ménagers de l'agglomération d'Aubagne.
D’ailleurs, enquêteurs et juge d’instruction cherchent à reconstituer le pourquoi du comment de l’embauche à MPM de Michel Karabadjakian en qualité de directeur général adjoint à la Propreté à l'été 2008, alors que celui-ci s’est dit lui-même « surpris par la rapidité de sa nomination », tout en affirmant avoir « compris qu'Alexandre Guérini pilotait (s)on accession à ce poste pour obtenir des marchés publics et des informations relatives à ces marchés ».
Il semblerait par ailleurs que l’un des gardés à vue ait affirmé plusieurs fois, sur procès-verbal, qu'Alexandre Guérini était associé à l'ensemble des décisions de MPM par M. Karabadjakian. Interrogé à la radio, sur France Bleu Provence, le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin s'est dit inquiet s’agissant de la gouvernance de MPM : Alain Belviso, président de la communauté urbaine d’Aubagne, a été mis en examen mi-janvier, placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'entrer en contact avec les protagonistes du dossier et de se rendre à la communauté d'agglomération. Dans le cas qui nous occupe, il se pourrait que le président Eugène Caselli subisse un sort identique… ce qui fait dire à Jean-Claude Gaudin que « s'il advenait que le sort qui a été réservé à Aubagne au président de l'agglomération Alain Belviso, soit le même pour le président Eugène Caselli, cela poserait un problème politique grave de gouvernance et de gestion de l'institution »...