Textiles et Cie : la taxe Emmaüs en prend plein la tronche
Il y en a qui vont devoir bientôt se draper dans leur dignité… le nouvel éco-organisme français dédié à la collecte et au recyclage des textiles et autres chaussures, ranime le débat. N’en déplaise à certains, on jase car tout cela ne fait pas l’unanimité… Il y a ceux qui sont contre l’éco-organisation des secteurs marchands et puis ceux qui trouvent qu’on n’en fait pas assez. Sans parler de ceux qui estiment qu’on a tendance à confondre les opérations de charité avec celles liées au traitement des déchets. Le Cercle National du Recyclage compte parmi les mécontents…
Dans son communiqué du 8 novembre 2007 (http://www.cercle-recyclage.asso.fr/actu/communiques/frcommu.htm), le Cercle National du Recyclage a déjà exprimé ses craintes sur la mise en place d’un semblant de filière textiles.
Du point de vue du CNR, ceci s’est confirmé avec la parution au journal officiel du décret n°2008-602 du 25 juin 2008 relatif au recyclage et au traitement des déchets issus des produits textiles d’habillement, des chaussures ou du linge de maison neuf destinés aux ménages.
« Les mesures prises sont sans envergure et seront inefficaces, remettant entièrement en cause l’existence même de la filière. En effet, à échéance de 6 ans, l’éco organisme, Eco-TLC, qui sera en charge de la filière textile, prévoit un taux de collecte des textiles usagés de 30 %. A long terme, l'éco-organisme prendra en charge uniquement 50 % du gisement. Ces objectifs sont-ils dignes d’une filière spécifique ? »…
La faiblesse des objectifs amène le risque que le principe de la couverture nationale ne soit pas appliqué. Toutes les collectivités locales françaises ne se verront pas apportées le même service de collecte mais seules les zones les plus denses, où se trouvent les tonnages faciles, en bénéficieront (voir notre rapport).
Les soutiens financiers, qui seront versés aux entreprises de tri des textiles (voir notre dépêche), seront basés sur leur capacité à créer et pérenniser l’emploi de personne rencontrant des difficultés. « Ceci prouve que ce n’est pas une filière « déchet », comme pour les déchets d’emballages ménagers ou les DEEE, mais une opération de charité destinée à sauver une entreprise qui a pignon sur rue ».
De plus, le principe de la Responsabilité Elargie du Producteur (cher au CNR) ne sera que très partiellement appliqué. « Les déchets textiles présents dans les ordures ménagères, à destination de l’incinération et de l’enfouissement, soit plus de 80% du gisement actuel, ne seront pas soutenus. Ils sont et resteront à la charge technique et financière des collectivités locales, donc des contribuables ».
Ce dispositif permettra « le verdissement des producteurs et des distributeurs, à bon compte, car ils ne paieront que le strict minimum. Cette pratique reflète parfaitement une application volontairement rétrécit de la Responsabilité Elargie du Producteur.
Vu le cheminement pris, l’avenir de cette filière est compromis. Jusqu'à aujourd’hui la population faisait le geste de la collecte sélective des textiles par solidarité avec les entreprises d’insertion. Demain, elle le fera, sans le savoir, sur le principe de la spéculation financière ».
En clair et pour ceux qui n'auraient pas capté, le Cercle National du Recyclage ne comprend pas et n’admet pas que les pouvoirs publics, notamment le Ministère en charge de l’écologie, portent, couvrent et cautionnent cette filière.