Textiles : Aggropolys implante 80 bornes... Et organise la grogne des assos

Le 10/03/2015 à 9:37  

Textiles : Aggropolys implante 80 bornes... Et organise la grogne des assos
Recyclage textiles Limiter la dose de déchets partant à l'incinération, tous déchets confondus, est l'objectif visé par cette collectivité du Loir et Cher. Dans ce contexte la Communauté d’agglomération de Blois a tout récemment installé 80 bornes textile sur son territoire, ce qui ne fait pas l'unanimité... Les associations caritatives, mises devant le fait accompli, craignent une diminution des dons.

Les « habits box » attendent les textiles et chaussures ne servant plus : les habitants d’Agglopolys sont désormais invités à y déposer leurs TLC, « même usés ou déchirés »...

Après l’installation en déchetteries de bacs pour le recyclage des téléphones portables, des lunettes ou encore des piles et accumulateurs, c’est dorénavant la collecte des textiles qui va prendre une nouvelle dimension à l’échelle de l’agglomération. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’objets qui ne sont pas dépourvus de valeur et qui méritent mieux que la poubelle ordinaire. L'important est que tout soit propre et sec et que, pour ce qui concerne les chaussures, elles soient reliées par paire, via les lacets ou des élastiques, le tout devant être mis en sac, bien fermé, avant d'être déposé dans les bornes qui seront collectées uns fois par semaine (et plus si besoin) avant que leur contenu ne subissent un tri qualitatif. La communauté d'agglo insistant sur le fait qu'il s'agit de recycler ce qui peut l'être et diminuer les tonnages de déchets ménagers d'autant...

Elle profite d'ailleurs du lancement de cette opération pour rappeler qu'en moyenne, 56% des textiles sont destinés à la revente à petit prix en France (boutiques sociales et solidaires, friperies) ou à l’exportation (Afrique, pays de l’Est et Asie).
« Pour les textiles qui ne peuvent pas être portés, 20% seront destinés à l’effilochage pour la fabrication de matières comme l’isolant, et 19% seront directement recyclés pour produire des chiffons d’essuyage.
La matière non valorisée représente moins de 5% des volumes collectés dont 1% des textiles seront utilisés en valorisation énergétique. Les chaussures étant rarement recyclées (la variété et complexité des modèles rendent leur traitement difficile), mais plutôt réutilisées
 ».

Agglopolys a choisi de confier, dans le cadre d’un marché public d’une durée de 3 ans, l’organisation de la collecte et de la valorisation de ces textiles et chaussures usagés au groupement SNR ( Service Nettoyage Recyclage) - Régie de Quartier de Blois – KFB.
Le prestataire est chargé d'installer les conteneurs à textiles, et les remplacer s’ils sont défectueux, de les vider régulièrement, afin d’éviter les débordements, d'intervenir sous un délai de 48h, en cas d’apport massif et imprévu, et d'entretenir régulièrement les conteneurs ainsi que les abords.
La régie de quartier gère le tri d’une partie des vêtements collectés, le nettoyage et le stockage du linge qui pourra être distribué à des personnes démunies ou qui pourra être revendu afin de financer des actions (réutilisation ou réemploi). Les textiles inutilisables seront pris en charge par KFB (située à Boulogne-sur-Mer ) qui assurera, en dernier ressort, la reprise et le négoce des matières collectées, dont les recettes représentent la seule rémunération du groupement.
La spécialité de KFB est le recyclage textile avec une double casquette : elle pratique le tri (fripe, chiffon d’essuyage, isolation), puis la revente de toutes matières tex­tiles, mais produit et vend aussi, des chiffons industriels d’essuyages.

« En plus de donner une seconde vie au textile, cette collecte est un moyen de soutenir l’emploi solidaire : SNR, entreprise locale d’insertion, assure l’accompagnement socioprofessionnel et la formation des personnes en parcours d’insertion qui se chargeront sur le terrain d’intervenir sur les bornes. La Régie de quartier emploie pour ce tri des personnes en difficulté au regard de l’emploi et ce sont 4 emplois locaux qui devraient être créés grâce à cette filière Textile. Quant à KFB, elle dispose de deux spécialités qui permettent de privilé­gier la réinsertion de personnel en difficulté pour mener à bien un projet économique et social à la fois », justifie la collectivité locale.
EcoTLC qui perçoit des contributions des distributeurs d’articles de textiles et soutient financièrement les opérateurs de tri, comme les collectivités territoriales, sera aux côtés d'Agglopolys du fait de la mise en place de cette filière de tri.

Si tout semble bien ficelé du côté de Marc Gricourt, maire de Blois, et de Christophe Degruelle, président d'Agglopolys, qui ont d'ailleurs indiqué que les assos, d'abord méfiantes, ont finalement rallié la cause, ce n'est pas le même son de cloche que l'on perçoit, dès lors que l'on écoute du côté associatif. « Je suis contre. Ce qui ne me plaît pas, c'est qu'il y a deux boîtes qui font du bénéfice là-dessus. Et que tout ceci s'en va après dans les pays de l'Est ou en Afrique », a affirmé Danièle Royer, secrétaire générale départementale du Secours populaire, ce qui n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler une démonstration de joie partagée.
C'est comme si nous sommes mis « devant le fait accompli, alors que nous avions un système de ramassage et de tri efficace, avec plus de trente salariés qui effectuent ce travail », ajoute Eugène Derrien, président d'Emmaüs qui précise qu'Emmaüs « n'a pas du tout dans la même démarche que l'agglomération (...)». « KFB est une entreprise cotée en bourse, KFB (...). Chez nous, les vêtements sont collectés et triés par nos propres soins. Nous nous avons des contrats aidés qui ne peuvent fonctionner qu'à travers ces dons »...
Même déception et agacement du côté de la Croix Rouge de Blois, présidée par Jean-Marie Poitou qui a confirmé que « la mise en place de la multitude de conteneurs de l'Agglomération a occasionné une baisse des dons des textiles ». C'est d'autant plus dommageable que « l'apport des textiles représente 60 % de l'apport financier de la Croix-Rouge: c'est notre gagne-pain qui nous permet de mettre en place toutes nos actions. Là, on nous enlève le pain de la bouche », plaide Michèle Garcia, responsable de l'action sociale dans l'association.