Taxe carbone : l’incinération des déchets n’y coupera pas
Inquiet de voir évoluer le statut de l’incinération des déchets qui passerait de l’appellation "élimination" à celle de "valorisation" et ce, au regard de la directive, le Cniid se mobilise une nouvelle foi contre ce procédé de traitement. Arguant du fait que les 130 UIOM de France rejettent quelque 5 millions de tonnes de CO2 par an, l’association milite activement en faveur de l’assujettissement des incinérateurs à la taxation carbone… En conséquence de quoi, l'asso fera tout pour que ces industriels n'y coupent pas!
A quelques semaines des négociations internationales sur le climat à Copenhague, le Cniid s'associe aujourd'hui 1er octobre, à la mobilisation de la coalition d'ONG GAIA (Global alliance for incineration alternatives, 635 membres dans 88 pays) pour alerter sur les relations entre la gestion des déchets et les changements climatiques. L'Hexagone, qui va instaurer une taxe carbone, ne doit pas passer à côté de l'opportunité d'agir sur la gestion de ses déchets.
En France, l'examen du projet de loi de finances 2010 débutera à l'Assemblée nationale à la fin du mois d'octobre et la contribution climat énergie, voulue par le gouvernement, sera débattue dans ce cadre. Les consommateurs d'énergie fossile (fioul, charbon, gaz) seront taxés proportionnellement aux quantités de CO 2 rejetées. L'incinération n'est pas concernée par cette mesure alors que, selon le Cniid, elle rejette chaque année en France l'équivalent des émissions en CO 2 de 2,3 millions de voitures.
Le Cniid a donc lancé aujourd'hui une cyberaction pour inciter les députés à soutenir l'assujettissement de l'incinération des déchets à la contribution climat énergie. « L'incinération pollue par l'émission de nombreuses substances chimiques, mais également par l'émission de carbone fossile dans les fumées : sur le principe du pollueur-payeur, il est nécessaire de taxer l'incinération pour sa part de responsabilité dans les changements climatiques » explique Sébastien Lapeyre, directeur de l'association, pour qui cette mesure devra aussi être étendue à court terme aux émissions de méthane des centres de stockage.
Selon l'association, l'incinération bénéficierait aujourd'hui de privilèges injustifiés comme les tarifs de rachat préférentiel de l'électricité produite. Ces avantages sont apparus quand les déchets incinérés en mélange ont été considérés pour partie comme source d'énergie renouvelable. « Considérer l'incinération comme une énergie renouvelable est un non-sens écologique et contraire aux réalités scientifiques, la Commission de l'industrie au Parlement européen elle-même l'avait souligné dès 2000, s'opposant ainsi aux groupes de pression pro-incinération ».
En conséquence de quoi, le Cniid demande donc aux députés, en complément de la CCE, de supprimer les avantages alloués à l'incinération. Il faut plus que jamais renforcer la prévention et le recyclage des déchets en parallèle du développement local des vraies énergies renouvelables, non polluantes et non émettrices de gaz à effet de serre.