Synthron : Pollueur un jour, pollueur toujours ?
Telle est la question que l'on peut se poser suite au non respect de longue date des normes environnementales et des cas répétés de pollution par cette société de chimie fine, classée Seveso 2, et située à Auzouer-en-Touraine (voir notre depêche). Même si le jugement "sévère" en date du 24 juillet dernier condamne la société à près de 300 000 euros pour une nouvelle pollution du cours d'eau de la Brenne en 2004, il s'agissait d'une récidive et les associations écologistes ont dénombré 56 cas de pollution de 1963 à 1987...
Si les associations écologistes ont indiqué leur satisfaction à l'annonce du jugement, le 24 juillet dernier, condamnant Synthron, installation classée Seveso 2, à près de 300 000 euros pour avoir causé en juillet 2004 une nouvelle pollution de la Brenne entraînant la destruction de la faune et de la flore sur plusieurs kilomètres pendant le week-end du 17 au 19 juillet 2004, il n'en reste pas moins que ce n'est pas la première fois que cette entreprise est à l'origine d'une telle pollution.
De 1963 à 1987, l'usine, classée Seveso 2 qui s'appelait à l'époque Protex a accumulé 56 cas de pollution, dont 16 pour destructions massives de la faune piscicole. Surtout, en 1988, elle a été en partie détruite par une explosion qui a provoqué une forte pollution de la Brenne et privé la ville de Tours d'eau potable pendant dix jours. Le PDG de l'entreprise, Robert Moor, avait été à l'éqoque condamné à un an de prison avec sursis. Entre 2000 et 2002, trois arrêtés préfectoraux de mise en demeure d'appliquer les normes, notamment en matière de stockage, sont restés lettre morte. Idem concernant la consignation de 215 000 euros - mesure exceptionnelle - ordonnée par le préfet pour contraindre Synthron à effectuer des travaux. Puis, pendant l'été 2003, les salariés se sont même mis en grève pendant quatre jours, exerçant leur droit de retrait en invoquant la dangerosité des conditions de travail. Finalement, en juillet 2004, ce nouveau cas de pollution de la Brenne était constaté !
Alors il ne peut-être qu'inadmissible pour les associations écologistes "de lire sur le site internet de la société Protex-international, unique associé de la société Synthron, l’énumération de ses engagements pour l’environnement et ses déclarations sur l’environnement, l’eau et l’air qui sont des éléments vitaux pour l’homme et la chimie et de voir que sur le terrain, ces paroles restent lettre morte."
Bien sûr, le tribunal a reconnu la légitimité de toutes leurs demandes. La Fédération de pêche a été indemnisée du montant qu'elle réclamait. Les juges ont aussi ordonné un versement provisoire de 100 000 euros en cas d'appel de l'entreprise, ainsi que la publicité du jugement dans la presse régionale et spécialisée. Mais, cela sera-t-il suffisant pour que l'entreprise ne pollue plus ? Car, comme, le déclarait Me Chautemps, représentant la Fédération de pêche, « le tribunal a tenu compte du préjudice écologique et a dit stop aux agissements de Synthron, car il y a un moment où le problème écologique devient majeur. Une entreprise comme Synthron ne peut pas polluer une rivière et se contenter simplement de payer l’amende. »