Suisse : le marché de l'aluminium dévisse
En 2008, l’emploi dans le secteur de l’aluminium en Suisse a connu une baisse de 4% par rapport à l’année précédente. En raison de la crise économique, les plus importants marchés d’utilisateurs se sont écroulés. Et cela ne devrait pas s'arranger dans les mois à venir : dans le meilleur des cas, une amélioration de la situation n'est pas attendue avant 2010. Ouch !...
Près de 80% de la production suisse des semi-produits en aluminium sont exportés, principalement dans l’espace UE. Les livraisons globales par les laminoirs et ateliers suisses de filage à la presse ont diminué de 5,8% à 166 400 tonnes par rapport à l’année record 2007, exportations comprises. Quant à l’utilisation de l’aluminium à l’intérieur du pays, elle a subi une réduction de 4% à 183 800 tonnes, ce qui correspond à 25,2 kg d’aluminium par habitant en Suisse. Dans les fonderies de métal léger suisses, le volume traité s’est réduit de 5,6% à 21 919 tonnes. Cette baisse a surtout été provoquée par la baisse drastique de 12,1% de la coulée sous pression qui est tombée à 14 473 tonnes.
Les pièces coulées sous pression sont principalement utilisées dans l’industrie automobile et personne n’ignore que cette dernière est fortement atteinte par la crise mondiale. En conséquence, la situation s’est aggravée : au cours du premier trimestre 2009, le tonnage traité par fonte de métaux légers ne totalisait plus que 3 700 tonnes comparé aux 6 100 tonnes de l’année précédente. Ceci a provoqué une baisse dramatique de 40%. L’instauration d’un chômage partiel et l’arrêt provisoire d’unités de production sont devenus inévitables pour un grand nombre d’entreprises.
Toutefois, la force innovatrice des fondeurs d’alliages légers suisses est intacte en matière de fabrication de pièces encore plus légères filées à la presse pour l’industrie automobile et de transport. Grâce au développement et à la production de solutions coulées pour propulsions hybrides ou électriques, les entreprises occupent une position de leader dans ces marchés du futur, tout comme dans le domaine énergétique, avec de nouvelles pièces complexes coulées en coquille. En 2008, des investissements ont d'ailleurs été faits dans de nouvelles machines et installations de production.
Toujours l'an passé, les entreprises d’affinage de surfaces ont enregistré une augmentation de leur chiffre d’affaires de 5% par rapport à l’année précédente, la demande ayant été constamment positive pour des surfaces anodisées en aluminium "made in Switzerland". Malheureusement en raison de la diminution de l’activité économique dans le commerce d’exportation durant l’année en cours, les entreprises d’affinage de surfaces ont également constaté une forte chute de leur CA, actuellement de moins 30%.
En raison de la situation économique, les plus importants marchés des utilisateurs pour l’ensemble de l’industrie suisse de l’aluminium se sont effondrés. Les mesures de subventions prises dans divers pays pour venir en aide à l’industrie automobile, comme par exemple l’introduction d’une prime à la casse en Allemagne, ont certes soutenu la vente de voitures neuves mais en fait, cela a surtout provoqué un déplacement des ventes vers de plus petites voitures qui nécessitent évidemment une part d’aluminium nettement plus faible. Le marché des véhicules utilitaires a également enregistré un fort recul des ventes en 2008.
Il est cependant rassurant de constater que les ventes des véhicules sur rails, l’industrie des autobus ainsi que la construction aéronautique ont continué leur progression. Les investissements planifiés dans les transports publics ainsi que dans des avions encore plus légers afin de réduire les émissions de substances polluantes, donnent à penser que les commandes et l’emploi sont stabilisés dans ces domaines. En matière d’emballages et dans le bâtiment, le niveau du chiffre d’affaires de 2007 a pu être maintenu l’année dernière.
Enfin, en ce qui concerne l’industrie mécanique et électronique, l’industrie suisse de l’aluminium a subit des pertes allant jusqu’à 30%, le secteur de la construction de machines pour l’industrie textile étant particulièrement affecté par la crise déjà depuis l’été dernier. Même le secteur porteur des EnR (énergies renouvelables) a été happé par la récession. "Dans les domaines d’utilisation fortement frappé par la crise, une amélioration durable de la situation n’est attendue que pour 2010", a indiqué Markus Tavernier, le Président de l’Association Suisse de l’Aluminium, à l’occasion de sa conférence de presse annuelle 2009 à Zurich. Le ciel semble donc bien gris pour un bon moment...