Strasbourg : l'UIOM est toujours en grève
Sénerval, filiale de Séché Environnement, délégataire de la Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS) pour la gestion et l’exploitation de l’Usine d’Incinération des Ordures Ménagères du Rohrschollen, depuis le 6 juillet 2010, exploite l'usine située dans la zone portuaire du Rhin, laquelle traite tous les déchets ménagers produits par les habitants de la CUS. L'installation n'est pas toute jeune ; d'aucuns prétendent qu'il faudrait même changer trois fours...
Suite à un incident dans un silo qui s’est déroulé dans la nuit du 8 au 9 janvier, Sénerval a révélé le rapport d’une étude menée par Aair Lichens, « experts spécialistes de la détection de la pollution de l’air par les lichens » qui utilise une « méthode exclusive, reconnue et brevetée utilise les lichens dans le cadre du suivi environnemental de l’industrie, en particulier des usines d’incinération, notamment les UIOM. Elle permet l’analyse précise du taux de dioxine. Les dioxines sont un point-clé de la pollution de l’air. »
Le rapport relève que grâce à différents facteurs (vent faible et structure de l’usine), « une très grande proportion des retombées liées à cet incident concerne [...] principalement le site de l’usine même et l’environnement immédiat de l’installation ».
Le site emploie 53 personnes ; en dépit de ce rapport, un mouvement de grève a néanmoins été déclenché le 21 mars dernier et semble tenir bon : entrées et sorties bloquées, fours d’incinération éteints, dialogue de sourds. Six semaines de piquet de grève et un sacré tintouin... Les salariés dénoncent leurs conditions de travail et certifient que l’air qu’ils respirent est chargé de poussières toxiques.
Il y aurait aussi, des questions salariales justifiant ce mécontentement : la direction a promis une prime de 1 600 euros, mais elle ne satisfait pas les salariés parce qu'il paraîtrait que sur d'autres sites du groupe, leurs collègues auraient droit à des sommes plus conséquentes, ce que réfute l'entreprise, affirmant par la voix d'Henri Petitgand, directeur de la communication du groupe Séché Environnement, que les « primes distribuées par le groupe Séché font parties des plus élevées dans la profession ».
Si l'usine ne fait plus son office, 800 tonnes de déchets habituels et journaliers continuent d'être collectés et pesés, avant d'être déchargés sur un quai de transit, dans une usine proche, avant d'être rechargés sur d'autres camions afin d'être acheminés vers d'autres sites d'incinération ou de stockage notamment dans la région de Belfort, en Moselle et même jusqu'à Laval...Les inévitables surcoûts liés à ce blocage sont pris en charge par l'entreprise Sénerval et ne pèseront donc pas sur la collectivité : c'est du moins ce qu'a assuré le président de la CUS, Robert Hermann.
Le conflit s’enlisant, les syndicats ont alerté les services de l’État. L’arrêté pris le 22 avril par le préfet du Bas-Rhin confirme que Sénerval a violé la loi, l’exploitant de l’UIOM aurait cessé d’enregistrer les données de rejets atmosphériques, alors même que les fours étaient encore en activité et que des incidents ont eu lieu. Le préfet exige de Sénerval qu’il élabore un « plan de maintenance préventive portant sur les 6 prochains mois ». Il doit porter « sur l’ensemble des équipements ». Sans validation préalable de ce plan par les autorités, l’usine ne pourra pas être remise en activité.
A la suite de quoi, très récemment, Henri Petitgand a confirmé, que le groupe tient à « souligner que nous reconnaissons que les conditions de travail qu’ont connu les salariés ont été difficiles, nous ne le nions pas. Les travaux sur les chaudières (qui comptent parmi les revendications des salariés) commenceront en mai et devraient être terminés d’ici octobre ».