Stockage déchets radioactifs: l' Allemagne ne s'en sort toujours pas

Le 16/07/2010 à 16:29  

Stockage déchets radioactifs: l' Allemagne ne s'en sort toujours pas

Déchets radioactifs Allemagne site Asse Aucune décision viable sur le long-terme n'a été à ce jour prise quant à la gestion des déchets radioactifs se trouvant dans la mine de sel désaffectée d'Asse (centre du pays). La masse des déchets stockés entre 1967 et 1978 est phénoménale,  tandis que le coût des opérations permettant une remontée à la surface de ceux-ci (ce qui serait la moins pire des solutions), est tout simplement effarant. Malgré un manque de communication sur ce sujet, le problème devient de plus en plus pressant. La galerie ressemble à une véritable "gruyère" dû  à l'écoulement de 12 m3 d'eau par jour à travers les parois de la mine (lire notre article ici).

Il y a aujourd'hui 126 000 tonneaux de déchets radioactifs stockés dans les mines de sel d'Asse. Pendant onze ans, un volume équivalant à soixante maisons y a été entreposé. Ces tonneaux sont voués à y séjourner pour l'éternité. A moins que les autorités allemandes ne se mettent enfin d'accord sur le sort de ces derniers. Ce qu'on pourrait appeler une catastrophe écologique est bien plus compliquée qu'il n'y paraît. Le lieu est géologiquement instable et souffre d'infiltrations d'eau. Certains contenants sont rouillés. En janvier 2010, l'office fédéral optait pour l'évacuation. Celle-ci pourrait durer une vingtaine d'années et coûter 2 à 3 milliards d'euros.

Le problème du financement n'est pas superflu. Depuis plusieurs mois, le gouvernement cherche à forcer les producteurs d'électricité à lui reverser une part de leurs bénéfices, générés par l'allongement de la durée de fonctionnement des installations, en vue de financer ce déstockage. D'autres solutions sont envisagées, telles que la mise en place d'une taxe nucléaire ou encore la vente aux enchères de licences.

L'ancienne mine de sel a fait vivre la ville entre 1909 et 1964. Le site en question s'enfonce jusqu'à 900 mètres de profondeur, comptant, en tout, 13 étages. 12 cavités contiennent des déchets peu radioactifs. A 500 mètres en-dessous du sol, on aperçoit les premiers étages souterrains. La chaleur y est étouffante, les galeries très sombres et surtout, elles sont striées de tous les côtés à cause du sel. Depuis 1988, certaines d'entre elles se sont déplacées de six mètres vers le nord. On dénombre plusieurs types de dangers résultant de ces fissures. Tout d'abord un effondrement, qui peut avoir lieu à tout moment. Par ailleurs, ces infiltrations d'eau contaminée par les déchets polluent, à terme, la nappe phréatique.

Autre problème, et non des moindres, les autorités ne savent pas exactement ce qui se trouve dans les fûts! Wolfram König, Verts et président du BfS- office général chargé de la sécurité du nucléaire civil- explique bien volontiers que  "l'étiquetage des années 60 et 70 ne répondait pas aux standards actuels. Ces dernières années, nous en avons ouvert 25. La moitié ne contenait pas ce qui figurait sur les registres". Le site étant instable, il devient urgent de remonter ces fûts et de prendre une décision pérenne sur une durée d'un million d'années...

Le stockage des déchets nucléaires est problématique pour tous les pays producteurs. L'enfouissement est considéré comme étant la solution la moins pire, même si le choix de la roche s'avère assez difficile. En effet, la terre se déplace et le stockage sous terre nécessite la construction d'une installation spécifique, étanche et confinée. En attendant cette construction, les autorités allemandes ont opté pour le transfert provisoire des résidus d'Asse vers l'ancienne mine de fer, à Konrad, à quelques dizaines de km d'Asse.
Mais de nombreuses questions demeurent...
Comment approcher les fûts sans danger?
Comment les extraire de la mine?
En attendant, le compte à rebours à déjà commencer pour les déchets d'Asse...