Ski : c’est du sport que de les recycler
Que faire de skis HS ? On ne peut les utiliser tout schuss « ad vitam eternam ». Et donc se pose la sempiternelle question du devenir des skis en fin de vie. Et oui…Parce qu’il faut savoir que le ski vieillit vite : 3 ans maxi…
Les loueurs de planches le savent, il faut sans cesse renouveler la gamme : marketing, innovation, mode et vieillissement effectif, tout y passe et explique cette courte vie. Après c’est la casse. Enfin façon de parler parce qu’il existe une petite entreprise savoyarde dénommée Tri Vallées qui a décidé de les recycler.
1 500 tonnes par an de skis en fin de vie, c’est ce qu’il faut compter en France : c’est beaucoup quand on les a sur les bras et fort peu à la fois en terme de tonnage quand il s’agit d’en faire bon usage. "Dans le monde des déchets, les skis sont une niche", assure Gauthier Mestrallet, en charge du développement chez Tri-Vallées. C’est également une toute petite part de l'activité de la société, puisqu'elle représente moins de 1 % du CA dégagé par ses activités. Cela étant, Tri-Vallées mise sur l’optimisation du recyclage des skis en fin de vie. Elle en a recyclé 140 tonnes environ l’an passé et escompte pouvoir gagner des points supplémentaires dans cette compétition d’un genre nouveau qui se déroule à chaque intersaison, c’est à dire d’avril à novembre.
Compétition est le mot qui convient ; autant parce qu’il sont nombreux à pratiquer ce sport qui consiste à les recycler, que parce que le recyclage en lui même est assez compliqué. Car le matériau composant le ski est costaud. Qu’on se le dise.
« Le premier broyeur à marteaux que nous avons utilisé aboutissait tout juste à les plier », se souvient Gauthier Mestrallet. Avec le temps et l’expérience aidant, on a mis au point un procédé qui nécessite, tout de même, sept broyeurs pour mettre à mal et réduire en bouillie les matériaux compressés qui assurent la bonne glisse tant recherchée...
Après avoir récupéré la ferraille grâce à un aimant, puis les métaux non ferreux par aspiration, restent 75 % de matériaux composites et divers plastiques finement broyés, qui sont revendus aux cimenteries autour de Grenoble. « Trois tonnes de ces matériaux égalent une tonne de pétrole», précise Gauthier Mestrallet, qui assure que le produit bénéficie d'un « pouvoir calorifique énorme».
Premières concernées, les collectivités de haute montagne veulent jouer le jeu de la récupération. A l'image de la communauté de communes du canton d'Aime - où se situe la station La Plagne -, qui a fait office de pionnière, elles mettent à disposition des contenants spécifiques dans les déchèyeries et prennent en charge le coût du transport. Il faut aussi compter sur les loueurs. En 2008, Tri-Vallées a signé une convention avec Skiset, principal réseau de location de skis en Europe (via plus de 650 magasins adhérents) avec 40 % du marché français.
Les skis se louant le plus souvent, il n'est donc pas étonnant que le principe qui s'applique soit celui du "distributeur-payeur". A chaque magasin d'adopter ou non le système, moyennant un coût de 2 euros le recyclage d'une paire de skis. « C'est un surcoût raisonnable. Auparavant nous faisions appel à un huissier qui nous fournissait un certificat de destruction, afin d'éviter les reventes de matériel. Puis, on jetait les skis dans une benne de décharge au début de l'été », a confirmé Pascal Valentin, propriétaire de magasins à La Plagne.
Après la Savoie (Val-d'Isère, Courchevel et Méribel), la Haute-Savoie (Les Gets et Flaine), et quelques autres stations, dont Chamrousse, en Isère, ont adopté le recyclage des vieux skis. Reste à faire une descente du côté des Hautes Alpes et des Pyrénées...