Sève d'érable : du sirop aux biopolymères...
Le marché du sirop d'érable est dominé par le Canada. On y fabrique près de 85% des approvisionnements mondiaux et le Québec représente à lui seul près de 90% de la production nationale. Des scientifiques de l' Institut de recherche en biotechnologie du Conseil National des Recherches au Canada (CNRC) ont mis au point un procédé afin de valoriser les excédents de sève en les employant pour alimenter une bactérie qui se transforme en polymères naturels. Point important, le rendement serait nettement supérieur à celui de la canne à sucre, du maïs...
Il existe une importante réserve de valorisation pour la sève d'érable : à peine le tiers des 110 millions d'érables entaillés au Québec servent à recueillir la sève et des millions d'autres restent inexploités.
C'est en partant de ce constat que l'équipe de Jalal Hawari, reponsable du groupe de la chimie environnementale et analytique à l'Institut de recherche en biotechnologie du CNRC (IRB-CNRC), a travaillé sur de nouvelles applications. Or, comme la sève de l'érable contient du sucre pur, les chercheurs ont pensé l'utiliser pour alimenter une bactérie qui transforme le sucrose en polyhydroxyalcanoates (PHA), une famille de polymères naturels. Il faut savoir que le PHB (poly-3-hydroxybutyrate) issu du PHA est une substance biodégradable déjà utilisée pour des applications de matériaux d'emballages tels que des barquettes alimentaires, du film plastique. il s'agit d'un biopolymère ayant une utilisation similaire à celle du polypropylène.
Mais surtout, le principal avantage de ce procédé est le rendement atteint. A la différence de la canne à sucre brésilienne, de la betterave sucrière européenne, ou du maïs américain, la sève d'érable peut-être employée presque sans aucun conditionnement (broyage, séparation, catalyse). Cela représente une économie qui fluctue de 150 à 450 dollars canadiens par rapport à la canne à sucre ou le maïs.
Maintenant, les chercheurs prévoient de passer à un stade de production industrielle de bactéries. De plus ils n'ont pas l'intention de se limiter à la production de PHA : « L'important est d'avoir montré que la sève peut être transformée par les bactéries en de nouveaux matériaux écologiques qui ont des applications en alimentation, en médecine et dans d'autres domaines. Ces propriétés donneront aux acériculteurs canadiens d'excellentes chances d'accéder à de nouveaux marchés. » conclut Diane Fournier, microbiologiste de l'IRB-CNRC.