Service public d'équarrissage : un budget annuel de 154 millions d'euros
A la fin du mois de septembre, le député UMP Robert Diat a interrogé le gouvernement sur ses intentions à l'égard de l'évolution de la taxe d'abattage destinée au financement du service public d'équarrissage. La réponse du Ministère de l'Agriculture vient d'être publiée. Elle indique qu'il est prévu de réexaminer les taux de la taxe d'abattage et le niveau de participation directe des éleveurs d'ici la mi-2007. Par ailleurs, le désengagement progressif de l'Etat est annoncé sous réserve que le niveau de sécurité sanitaire ne soit pas abaissé...
Le prix du service d'équarrissage public est estimé à 154 M€ pour 437 000 tonnes de cadavres traités annuellement. Il est financé par une participation de l'État de 60 M€, une contribution des éleveurs de porcs et de volailles de 4 M€ et par le produit de la taxe d'abattage à hauteur de 90 M€. L'Etat indique qu'il va rencontrer les éleveurs d'ici la mi-2007 sur cette question du financement. Par ailleurs, il est en train de réfléchir et d'examiner les conditions de son "désengagement progressif" du service public d'équarrissage. Son retrait devrait s'accompagner par une "responsabilisation croissante des filières". Celui-ci est conditionné au maintien du niveau de sécurité sanitaire.
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Question N° 105189 en date du 26/09/2006 de M. Diat Robert (UMP-Loire-Atlantique ) au ministère de l'agriculture et pêche
M. Robert Diat appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les inquiétudes suscitées chez les professionnels des filières animales par l'évolution de la taxe d'abattage destinée au financement du service public de l'équarrissage (SPE). En effet, soulignant que la France est le seul pays de l'Union européenne à faire financer ce service par une taxe prélevée dans les abattoirs, ces professionnels indiquent que la santé et la sécurité des consommateurs sont largement assurées, d'une part, par les mesures prises en abattoirs relatives à l'enlèvement des matières à risques sur l'ensemble des carcasses et, d'autre part, par les mesures de dépistage systématique sur les animaux de moins de trente mois. C'est pourquoi la filière demande que toutes les dispositions soient prises pour éviter une nouvelle pression fiscale à ces professionnels qui affrontent crise sur crise depuis dix ans et rencontrent de grandes difficultés pour retrouver leur équilibre. Par conséquent, il souhaiterait connaître les intentions du Gouvernement en la matière.
Réponse publiée du ministère de l'agriculture et pêche au JO en date du 31/10/2006
Le service public de l'équarrissage, créé en 1996 pour répondre à une situation de crise sanitaire consécutive à l'émergence de l'encéphalite spongiforme bovine, a traversé depuis 2003 une longue période de réforme. À la suite de la publication de lignes directrices communautaires sur les aides d'État en 2004, le financement de ce service entre l'État, les filières viandes et les éleveurs a été réorganisé. La taxe d'abattage représente la contribution de la filière. Avec l'adoption de la loi sur le développement des territoires ruraux, le domaine d'intervention de ce service public a été ramené aux seuls cadavres d'animaux d'élevage et à ceux dont l'élimination relève de l'intérêt général. Cette réduction substantielle de son périmètre a permis la contractualisation directe entre les industries des viandes et les équarrisseurs. Elle s'est traduite, en moyenne, par une baisse de 25 % du coût des prestations d'élimination des déchets appliqué aux abattoirs. Enfin, la dernière phase de cette réforme vient d'aboutir avec la passation des marchés publics de l'équarrissage. Cette démarche, initiée en juin 2005, a conduit les services à traiter deux marchés nationaux, dont le second a nécessité plusieurs phases de négociation. Cet appel d'offre n'a pas permis de modifier substantiellement le paysage de l'équarrissage national qui se répartit toujours le territoire entre un nombre limité d'opérateurs nationaux, aucun partenaire européen ne s'étant manifesté. Cette situation se traduit par un prix global du service estimé à 154 MEUR pour 437 000 tonnes de cadavres traités annuellement, plus élevé que le coût actuel imposé par le régime de réquisition dont les augmentations restaient contenues depuis 2002, date de leur généralisation. Toutefois, il est important de rappeler que le marché est la norme dans le domaine de l'achat public, les réquisitions ne constituant pas une solution juridiquement acceptable au plan national comme communautaire. Cette charge sera financée par une participation de l'État en hausse de 36 % portant celle-ci à 60 MEUR, par la contribution des éleveurs de porcs et de volailles à hauteur de 4 MEUR et par le produit de la taxe d'abattage, en hausse de 25 % pour porter sa recette à 90 MEUR. Le SPE est ainsi financé de façon équilibrée. L'augmentation de la taxe d'abattage a été calculée de manière à correspondre à la valeur du gain réalisé sur les coûts de gestion des déchets. Cette augmentation n'alourdit donc pas la charge qui pèse sur les entreprises d'autant plus qu'elles ont répercuté une partie de la hausse dans le pied de facture. Par ailleurs, et comme prévu et annoncé au cours des débats du printemps dernier, l'Office de l'élevage est gestionnaire et organisme payeur du service public de l'équarrissage depuis le 17 juillet 2006, date du début d'exécution des marchés. La gestion de ce marché public à l'Office de l'élevage doit permettre de disposer de la transparence nécessaire pour préparer l'avenir. Le Gouvernement s'est engagé, dans le cadre d'une concertation approfondie avec les professionnels et la filière, à examiner au terme d'un an de fonctionnement, soit pour la mi-2007, à réexaminer les taux de la taxe d'abattage et le niveau de la participation directe des éleveurs afin d'équilibrer de manière compatible avec les contraintes budgétaires le financement du service public de l'élevage. Enfin une nouvelle réflexion interministérielle va être lancée pour examiner les conditions d'un désengagement progressif de l'État assorti d'une responsabilisation croissante des filières à condition que la sécurité sanitaire ne soit pas affaiblie.