Sécurité sanitaire : l'union fait la force !...
L’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail est devenue juridiquement opérationnelle le 1er juillet dernier, suite à la parution du décret d’application de l’ordonnance du 8 janvier 2010 instituant sa création (voir notre article). Ce nouvel établissement de santé, désigné par l’acronyme Anses (prononcer "An’sès"), reprend les missions, les moyens et le personnel de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset). Il en reprend également les acquis et les valeurs (compétence scientifique, indépendance dans l’évaluation des risques, ouverture de l’expertise) pour les mettre au service d’une lecture plus globale et transversale des questions sanitaires...
Cette fusion de des 2 entités est née d’un long travail de concertation. L’Anses travaille aujourd’hui activement à la mise en place des instances nécessaires à son mode innovant de gouvernance, et à la consolidation de son programme de travail. Il s’agit à la fois d’assurer la continuité des travaux engagés sous l’égide de l’Afssa et de l’Afsset et de tirer tout le bénéfice des synergies nouvelles.
Mission principale de l’Anses : contribuer à la sécurité sanitaire humaine dans les domaines de l’environnement, du travail et de l’alimentation. Grâce à son large champ de compétences, l’Agence est à même d’appréhender l’ensemble des expositions auxquelles l’homme est soumis, volontairement ou non, à chacun des âges et à chacun des moments de sa vie (travail, domicile, déplacements, loisirs). Elle fait office d’acteur de premier plan et d’interlocuteur privilégié pour les instances européennes et internationales dans son champ de compétence. L’Anses est ainsi l’agence de référence pour l’évaluation des risques et pour la définition des programmes de recherche scientifique et technique dans son champ d’expertise. Elle fournit aux autorités compétentes l’information et l’appui nécessaires à la gestion des risques. Elle assure aussi des missions de veille, d’épidémio-surveillance et d’alerte sur les risques émergents et sur les crises sanitaires déclarées.
Elle contribue également à la santé publique en assurant la protection et le bien-être des animaux (étude, prévention et traitement des maladies animales), la protection de la santé des végétaux (évaluation des produits de traitement des cultures) et l’évaluation des propriétés nutritionnelles et fonctionnelles des aliments. Elle autorise enfin la mise en marché des médicaments vétérinaires et la pharmacovigilance associée. Pour mener à bien ses missions, l’Anses s’appuie largement sur la communauté scientifique française et internationale, au moyen de partenariats et de convention de recherches avec les institutions scientifiques, d’appels à candidature et d’appels à projets de recherche.
Son conseil d'administration comporte 5 collèges (pouvoirs publics, partenaires sociaux, organisations professionnelles, ONG et mouvement associatif, élus) auxquels s'ajoutent des personnalités qualifiées et les représentants du personnel de l'Agence. Il est épaulé de 4 comités d'orientations dédiés à la santé-environnement, la santé au travail, la sécurité alimentaire et la qualité nutritionnelle, la santé animale et végétale. Les comités d’experts spécialisés, qui chapeautent la production de l’expertise, mais aussi toutes les personnes collaborant aux travaux de l’Anses vont devoir se conformer à des règles éthiques strictes, consignées dans un code de déontologie. Leur application sera contrôlée par un comité de déontologie et de prévention des conflits d'intérêt, composé exclusivement de personnalités extérieures, et pouvant être saisi en cas d’interrogation sur le respect des règles déontologiques ou de prévention des conflits d'intérêts.
Pour information, l’Agence peut être saisie par les associations de consommateurs, de protection de l'environnement et celles défendant les intérêts des patients et des victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles.
Les prochaines échéances auxquelles travaille l’Anses sont la nomination des membres de ses différentes instances, attendue pour la rentrée et la finalisation de son programme de travail, dont les grandes lignes seront annoncées à l’automne, à l’issue de leur approbation par le conseil d’administration. La mise en synergie des équipes sur les sujets qui étaient auparavant à l’interface entre l'Afssa et l'Afsset est également une priorité de l’Agence pour ses premiers mois d’existence. Parmi les thèmes sur lesquels l’Anses est d’ores et déjà très active, citons la qualité de l’eau, l’impact des pesticides sur la santé des agriculteurs, la qualité nutritionnelle des aliments, la caractérisation des perturbateurs endocriniens, l’évaluation sanitaire des nanomatériaux ou encore l’intégration des sciences humaines dans la conduite de l’expertise.