Dans le cadre du projet européen SCRREEN (Synergic CirculaR Economy across European regioNs), une campagne d’affichage multilingue a été lancée pour sensibiliser le grand public aux enjeux des 27 matières premières classées comme "critiques" (c’est-à-dire exposées à des risques de pénuries) par la Commission Européenne...
Voitures, éoliennes, panneaux solaires, téléphones portables... : les matières premières "critiques" sont présentes dans toutes les technologies indispensables à la transition énergétique et numérique. A travers 12 visuels, la campagne "Les super-pouvoirs des nouvelles matières premières critiques" a pour objectif de sensibiliser le grand public aux utilisations des matières premières "critiques" dans les produits du quotidien. L’exploitation de ces ressources s’accompagnant de défis environnementaux, économiques et géopolitiques, cette campagne vise également à informer sur les actions menées par l’Europe pour y faire face (voir ici).
Initié en 2016, SCRREEN est un projet européen du programme Horizon 2020. Il rassemble plus de 60 experts et 30 partenaires (CEA, Afnor, Fraunhofer-Gesellschaft...) issus de 15 pays européens, pour faire face aux nombreux défis posés par les matières premières "critiques". Parmi eux, ceux liés à l’environnement : il faut en effet extraire des tonnes de roches et utiliser beaucoup d’énergie et de puissants réactifs chimiques pour obtenir d’infimes quantités de matières premières "critiques". Les recherches menées pendant 30 mois par SCRREEN permettront d’identifier et de prioriser les actions à mener en faveur des matières premières critiques, tout en développant et promouvant une politique d’économie circulaire (éco-conception, recyclage et substitution).
Dans l’écorce terrestre, les matières premières "critiques" sont le plus souvent associées aux métaux abondants tels que le cuivre et le fer. La plupart d’entre elles possède des propriétés chimiques, physiques et électro-magnétiques uniques, qui en font des ressources chères et de plus en plus convoitées. C’est pourquoi, depuis 2011, la Commission Européenne établit une liste des plus critiques d’entre elles, qu’elle réactualise régulièrement : 27 matières premières y figurent aujourd’hui (germanium, phosphore, terres rares...), et d’autres pourraient prochainement les rejoindre (voir la liste complète ici). Le degré de "criticité" de ces ressources dépend de leur importance économique et des difficultés d’approvisionnement. En effet, le manque d’infrastructures minières et métallurgiques couplé au faible nombre de pays producteurs peuvent engendrer des pénuries.
La Commission Européenne s’assure que les Etats membres disposent de matières premières critiques en quantités suffisantes. Elle appelle notamment au respect des règles du commerce international, engage des partenariats diplomatiques avec des pays producteurs (en Amérique latine notamment), finance des initiatives de recherche pour mieux recycler les déchets électroniques et encourage la création de réseaux européens d’experts. "Ces travaux permettront d’élaborer de nouvelles réglementations, de renforcer la compétitivité des acteurs économiques et de stimuler l’innovation technologique, afin de soutenir la croissance et la création d’emplois. Entre 2018 et 2020, plus de 250 millions d’euros seront consacrés par l’Europe aux matières premières", indique-t-elle.