Sacs à main en banquette de VHU : pleins feux sur la mode Récup’
Il y en a qui ont du pot et d'autres des peaux. C'est là toute la nuance! Qu’elles soient en cuir noir, blanc ou rouge ne change rien à l’affaire. Les sacs à mains fabriqués à partir de banquettes de bagnoles usagées, il fallait y penser. C’est chose faite ce qui démontre s’il en était encore besoin que le recyclage n’a pas de limite ! Adepte de l'éco-design et ardente défenderesse de la mode récup', la québécoise Isabelle Bérubé a été prise la main dans le sac. Elle serait même en train de préparer la commercialisation de ces sacs à main 100% cuir recyclé de ce côté de l'Atlantique!...
Certains vont jusqu’à faire des robes à partir de parachutes recyclés, comme Szjerdene à Londres pratique le recyclage des parachutes pour en refaire des robes. D'autres comme Sylvie Thériault, fabriquent des bijoux à partir de fourchettes usagées en Gaspésie (Québec). De fait, il semble bien que tout peut être récupéré, détourné et recréé… Autant de possibilités, ou presque, que d’objets ou matières concernées.
Le dada d’Isabelle Bérubé, de la compagnie Bagnole, est de faire des sacs en cuir, à partir de banquettes de voitures destinées à la casse. Direction Sainte Sophie au Québec, là où s’entassent des monticules énormes de matières premières (comprenez VHU) pour l’éco-designer.
« Chaque design de sac est unique et porte le nom d’une voiture ou d’un camion qui a été déshabillé. On retrouve donc des sacs de laptop Mini Cherokee, des sacs de couches Caravan, etc… »
Sans l’artiste, le cuir de ces banquettes comme les ceintures, ne pourraient être « sauvées » et recyclées : ce serait direction dépotoir et point barre.
Quand on sait que chaque année, au Québec, plus de 400 000 véhicules partent à la ferraille et qu’en moyenne, 75 % des matières (seulement) sont recyclées, réutilisées ou récupérées, il y a matière à réflexion.
Parce que les 25% restants (plastiques, cuirs et verre) étaient il y a encore peu de temps, plus difficiles à recycler que les parties métalliques de l’automobile. On s’en serait douté.
Pour l’heure, on estime à 150 000 tonnes les résidus non métalliques provenant des VHU à se retrouver dans des sites d’enfouissement. Ce qui correspond tout de même à l’équivalent en poids de 100 000 véhicules par an !
« Sans l’aide de ses complices, qui lui offrent la matière première gratuitement, Bagnole, la compagnie d’Isabelle, n’aurait pas pu exister ».
- Encore une question de peaux! -
Pour rester dans le cuir récupéré, autre collection talentueuse de sacs réalisée cette fois, à partir de vieux manteaux, de vieilles jupes et de pantalons de cuir usagés. «Made in Quebec» toujours, les éco-designers Laurie (ex designer d’intérieur) et Christine (ex designer de costumes au Cirque du Soleil) ont en effet créé la marque Cokluch. Elles collectent et récupèrent l’équivalent de 265 manteaux de cuir par mois, pour les transformer en jupe (150$), en guêtre (65$), en manteaux (400 à 600$) et en sacs (120 à 160$). Trois vieux manteaux pour en refaire un 100% recyclé … telle est la formule de base déclinée en mille et une façon des de faire. |
Comment refaire du neuf avec de l’ancien ? Pas si simple que l’on pourrait le croire. Car pour parvenir au résultat final et présenter un sac digne de ce nom, la créatrice doit découper les banquettes et les ceintures de sécurité, laver le cuir usé et les objets récupérés, découdre le cuir, puis le recoudre… et refaire du neuf!
Et à la clé, un inévitable prix de revient. Si elle devait payer pour la matière, l’entreprise d’Isabelle Bérubé pourrait difficilement vivre. Sans compter que du côté des recycleurs, il y a un effort également puisqu’ils sont volontaires pour mettre de côté la matière première indispensable à ces créations d’un genre nouveau.
On ne peut que saluer ce dévouement qui permet à l’artiste de proposer des pièces nécessairement uniques…
Comment se procurer un sac Bagnole ? La marque existe que depuis un peu moins d’un an. Avant Bagnole, Isabelle Bérubé travaillait déjà comme designer dans la mode traditionnelle ; mais ses valeurs environnementales ont pris de l’ampleur, ce qui l’a conduite sur le chemin de l’éco-design.
Pour chaque voiture dénudée, Isabelle peut créer trois ou quatre sacs, dont le prix se situe autour des 140$ par sac. L’entreprise québécoise vend partout grâce à son blog par le biais duquel on peut passer commande. Pour celles et ceux qui se rendront au Québec cet été pour quelques congés, ils pourront se procurer ses sacs à la Galerie Zone Orange (sur la rue St- Pierre) à Montréal mais aussi à Chicoutimi, (Boutique Rose Bon Bon) ou encore sur le site Internet Dites vert.
On pourra toujours attendre un tout petit peu : il paraît en effet, que ses sacs seront prochainement vendus en Europe…