Sac de caisse jetable: Néosac est-il biodégradable ?
Depuis quelques années on assiste à un rejet des sacs plastiques de caisse jetables à cause de leur impact négatif sur l'environnement. Le député Yves Jégo (UDF) a même proposé en septembre 2004 un projet de loi visant à interdire les sacs et pochettes plastiques non biodégradables sur le territoire français à l'horizon 2010 (voir notre rédactionnel). Dans plusieurs régions les enseignes de la grande distribution avec le soutien des conseils généraux se sont engagés à ne plus diffuser ce type de produit dès cette année.Ces initiatives vont bien au-delà de l'engagement de réduction de 15 à 25% sur les trois prochaines années de la grande distribution. Face à cette évolution les fabricants de films plastiques viennent d'annoncer la mise sur le marché de "Néosac",sac plastique biodégradable. Mais déjà des voix se font entendre pour s'interroger sur la biodégradabilité du produit, et réclamer l'application d'un processus de certification...
En 2002, 12 entreprises du pôle industriel de Sainte Sigolène en Haute-Loire commencent un programme de recherche qui aboutit aujourd'hui à la création de Neosac. Associant du polyéthylène (PE) à un mélange d'additifs qui permettent de le transformer en matière dégradable, puis bio assimilable, Néosac est présenté comme un sac biodégradable en plein air, sur une période d'environ 3 mois (à l'abri de la lumière naturelle, sa décomposition peut prendre 3 ans). Le sac se fragmente sous l’effet de la lumière, de l’oxygène et de la chaleur, avant son absorption par les micro-organismes. Selon le centre national d'évaluation et de photo-protection (CNEP), de Clermont-Ferrand, le processus de dégradation ne produirait que de l’eau, du CO2 et de la biomasse, sans substance nocive.
Au niveau économique, comme pour les sacs en amidon de maïs, le prix de revient de Néosac est de 25 à 30 % supérieur à un sac plastique classique. Sur le plan visuel, il se reconnaît par un logo. Déjà 1,3 million d'exemplaires vont être d'ores et déjà distribués par les petites et grandes surfaces du sud de l'Aveyron.
Mais le caractère biodégradable et favorable à l'environnement est contesté par des mouvements associatifs écologiques. Selon eux, les additifs qui sont ajoutés au polyéthylène conduisent à une fragmentation du sac sous la forme de "pailettes" mais en aucun cas sa biodégradation: "La pollution visuelle disparaît mais les déchets de polyéthylène ne sont pas éliminés et restent disséminés dans la nature" déclare Florence Couraud du Cniid . Et, concernant la pollution, elle ajoute: "la nature de l'additif permettant la fragmentation du polyéthylène est tenue secrète par les fabricants ! Des études passées et récentes montrent qu'il s'agit de produits toxiques à base de dithiocarbamates, un puissant pesticide, qui de surcroît peut contenir des métaux lourds qui seront libérés dans l'environnement. En sus de cet additif de déstabilisation, le plastique contient de nombreux autres additifs indispensables à sa fabrication. Certains de ces additifs sont toxiques et seront également libérés dans le milieu lors de la dégradation du sac. Quelles sont les conséquences de l'accumulation de ces produits dans les sols ? Nous ne connaissons pas les impacts d'une telle pollution, lente et invisible. Le Neosac, contrairement à ce qu'affirment ses promoteurs, ne constitue donc absolument pas une avancée en matière de développement durable. Pire, il conduit à la dissémination de sous-produits toxiques sous couvert de biodégradabilité.Seul le recours à des sacs réutilisables permettrait une avancée vers une société plus respectueuse de son environnement "