Rio Tinto et Chinalco : vers une confirmation des fiançailles..
Les dirigeants de Rio Tinto recommandent à leurs actionnaires d'approuver un projet d'alliance stratégique avec Chinalco, leader chinois des sociétés minières. Ce dernier, déjà actionnaire à hauteur de 9%, investirait 12,3 milliards $ dans des participations allant de 15 à 50% liées à l'aluminium, le cuivre et le minerai de fer, ainsi que 7,2 milliards $ dans des obligations convertibles avec une maturité de 60 ans. De son côté, Rio Tinto allégerait son bilan, qui souffre d'un endettement de 38,7 milliards $, et il se positionnerait avantageusement sur le premier marché mondial...
Avec la crise, le groupe Rio Tinto se trouve dans une position financière délicate compte tenu de son endettement qui avoisine les 39 milliards $. Celui-ci trouve son origine principalement dans le rachat d'Alcan à hauteur de 38 milliards $ réalisé à une époque où les cours de l'aluminium étaient nettement supérieurs. Or, avec la dégringolade de la demande, Rio Tinto se trouve avec des échéances ( remboursement de 9 milliards $ au mois d'octobre 2009 et 10 milliards $ en octobre 2010) lourdes . Déjà, ont été cédées deux mines au concurrent CVRD, et deux autres vont être vendues prochainement. Un plan social prévoyant la réduction de 14 000 emplois est en cours, et le programme d'investissements a été réduit de moitié. A noter aussi , l'annonce jeudi dernier d'une baisse de 50% du résultat net 2008, due essentiellement à la dépréciation de 7,9 milliards de dollars liée à l'activité aluminium. Le résultat net 2008 est 3,7 milliards $, contre 7,3 milliards $ en 2007.
L'annonce du projet d'alliance avec Chinalco intervient dans cette difficile conjoncture. Le leader chinois s'associerait avec Rio Tinto dans neuf de ses activités à hauteur d'un investissement de 12,3 milliards $ et des prises de participation allant de 15 à 50%.
Minerai de fer : 15% dans la mine d'Hamersley en Australie qui représente plus de 70% de la production de minerai de fer de Rio Tinto pour 5,15 milliards $
Cuivre : 30% de la mine chilienne d'Escondida (3,39 milliards), et participations dans les actifs de Grasberg (Indonésie), La Granja (Pérou) et Kennecott (Etats-Unis).
Aluminium : prise de participation dans la mine de bauxite de Weipa (1,2 milliard), la raffinerie d'alumine de Yarwun, l'aluminerie de Boyne et la centrale électrique de Gladstone. L'ensemble de ces actifs sont situés en Australie.
Autre volet de cet accord, une participation de 50% dans un fonds de développement (valeur : 500 millions $ ).
Au niveau de la société Rio Tinto, Chinalco apporterait un financement de 7,2 milliards $ contre des obligations convertibles à durée de 60 ans. Cela pourrait lui permettre de doubler à terme le niveau de sa participation à 18% . Il aurait deux représentants sur quinze sièges au conseil d'administration.
En marge de cet accord, Chinalco va racheter à Alcoa pour 1 milliard $ la dette de 1,2 milliard $ que l'alumineur avait contractée il y a un an pour participer avec lui au rachat des 9% du capital de Rio Tinto.
En conclusion, Chinalco prendrait une position stratégique de premier plan en Australie, et en contre partie Rio Tinto solutionnerait en partie son problème financier. Cela serait aussi une nouvelle étape vers la constitution d'un géant mondial chinois dans l'extraction et l'exploitation des métaux de base.
Maintenant, cet accord pour être finalisé devra être approuvé par les actionnaires ainsi que les autorités australiennes et chiliennes . Quant au leader BHP Billiton qui avait retiré son offre de prise de contrôle il y a quelques mois, il a jusqu'au mois de mai pour réaliser une offre concurrente.