
Décidément, le rapport dit "Vernier" sur les filières REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) [voir notre dépêche] n'est pas du goût de tout le monde : après la Confédération des Métiers de l’Environnement (CME) [voir notre article], c'est maintenant au tour de la filière Bâtiment de voir rouge. L’AIMCC, la CAPEB et la FNBM dénoncent notamment une vision superficielle des enjeux liés aux déchets du secteur et une déconnexion des réalités du terrain -rien que ça !- qui "conclut sans aucune justification chiffrée à la nécessité de créer une nouvelle REP". Ambiance...



Les propositions au cœur du rapport Vernier, visant à mettre en place une éco-contribution pour les producteurs de matériaux afin de financer une filière de reprise gratuite des déchets des artisans, soulèvent une levée de boucliers. Tout d'abord, la faisabilité technique d’une REP Bâtiment n’aurait jamais été réellement étudiée, hormis lors du Grenelle Environnement, où elle avait été écartée du fait de sa complexité et de l’incertitude sur son efficacité. "Contrairement aux engagements de l’Etat, aucune étude d’impact n’a été menée avant de proposer cette nouvelle REP", s'énerve la filière.
Autre problème soulevé : contrairement aux déchets de produits concernés aujourd’hui par une filière REP (emballage, D3E, mobilier...), les différents produits mis en œuvre dans la construction sont assemblés de manière diverse et parfois irréversible (enduit sur cloisons...). "Les modes constructifs et la qualité de la déconstruction permettront ou non de les séparer facilement en filières de valorisation, rendant complexe la détermination des responsabilités et contributions de chaque filière", soulignent les professionnels. Enfin, dernier "souci" pointé du doigt : les expériences précédentes de REP montrent que la mise en œuvre nécessite au moins 2 ans de travail pour être définie, "et vu la complexité des multiples filières concernées et leur interaction, probablement au moins 5 ans pour la totalité des déchets du bâtiment".
Les 3 organisations professionnelles, représentatives du secteur de la construction, s’opposent donc totalement à la création immédiate d’une REP Bâtiment qui leur apparait, à ce stade, "complexe, longue à mettre en place, coûteuse et contre-productive". Elles demandent donc au Gouvernement d’ouvrir un dialogue avec les différents acteurs concernés afin d’identifier les actions à mener "pour aider les différentes filières à assumer pleinement leur responsabilité en développant volontairement des filières opérationnelles de recyclage de leurs produits et matériaux".
