Réduction du CO2 : l'industrie automobile cale
En 1998, l'Association des Constructeurs Européens d'Automobiles (ACEA) s'est engagée auprès de l'Union Européenne à réduire les émissions moyennes de CO2 des nouveaux véhicules vendus au sein de l'Europe des Quinze d'alors à 140 g/km, contre 186 g/km en 1995. Cet objectif semble avoir sérieusement du plomb dans l'aile, le taux d'émission des véhicules neufs n'ayant baissé que de 0,2% l'année dernière, soit la pire performance jamais enregistrée. On frôle le point mort...
La publication de nouveaux chiffres hier par Transport and Environment (T&E), une organisation oeuvrant en faveur d'un transport durable, montre qu'en 2006, les véhicules neufs vendus en Europe par les membres de l'ACEA (qui incluent les constructeurs automobiles suivants : Groupe BMW, DaimlerChrysler, General Motors Europe, Porsche AG, PSA Peugeot Citroën, Renault, Fiat, Ford Europe, Volkswagen, Volvo) ont émis en moyenne 160 g de CO2 par kilomètre parcouru, soit une baisse de seulement 0,7% par rapport à 2005. L'Association, qui a représenté 81% des ventes en Europe en 2006, s'est engagée à atteindre les 140 g/km d'ici 2008, promesse qu'elle est maintenant quasiment certaine de pas pouvoir tenir.
"Pendant les 8 premières années de leur engagement volontaire, les constructeurs automobiles se sont concentrés sur des véhicules plus gros, plus lourds et plus gourmands en carburant, et les résultats parlent d'eux-mêmes. Il est clair que l'engagement volontaire n'a pas été tenu et qu'une réglementation est nécessaire, aujourd'hui plus que jamais. L'UE doit s'en tenir au seuil juridiquement contraignant de 120 g/km d'ici 2012 et garantir la mise en place d'une série d'objectifs à long terme pour atteindre les 80 g/km en 2020", a réagi Aat Peterse, Directeur de programme chez T&E.
Les preuves que les constructeurs automobiles freinent depuis des années la mise sur le marché de technologies à haute efficacité énergétique commencent tout juste à apparaître, et ce n'est que maintenant et suite aux nouvelles contraintes réglementaires que les fabricants commencent à les commercialiser. En effet, depuis l'annonce par la Commission européenne l'année dernière de plans contenant les premières normes juridiquement contraignantes en matière d'émission de CO2, les constructeurs ont lancé plusieurs initiatives vertes de marketing, parmi lesquelles : Efficient Dynamics (BMW), ECOnetic (Ford), ecoFLEX (Opel/Vauxhall), eco² (Renault - voir notre article) et BlueMotion (VW).
La balle est désormais dans le camp de l'Europe, comme l'a souligné M. Peterse : "Ces derniers mois, les fabricants européens ont créé suffisamment de marques vertes pour en remplir tout un dictionnaire. C'est désormais à l'UE de garantir que l'effervescence actuelle se traduira par de réelles réductions d'émissions." La semaine prochaine, la Commission de l'Environnement du Parlement européen exprimera d'ailleurs un avis concernant les nouvelles règles d'émission de CO2 de l'industrie automobile, avant une proposition juridique formelle qui sera faite par la Commission européenne en décembre.