Il est centenaire, a franchi les continents, traversé toutes les modes, tout en restant à la page… Il sera désormais dispo en version recyclée. Bonobo Jeans et le Relais ont en effet ficelé un partenariat qui a favorisé la mobilisation d’un ensemble d’acteurs allant de la collecte à la valorisation des textiles usagés, en passant par une filature maîtrisant le recyclage, un fabricant de vêtements et bien évidemment un metteur en marché, maillon essentiel si l’on veut écouler un produit. L’idée était de mettre au point le premier jean français, dont le fil de trame serait composé de fibres recyclées fabriquées à partir de jeans usagés et de déchets d’emballages (bouteilles plastiques)…
Il s’agit là de la première gamme de jeans français recyclés, issue d’un partenariat qui se veut durable, et qui concrètement, associe Le Relais et la marque-enseigne Bonobo Jeans : c’est en 2009 qu’elle sollicite le Relais pour concrétiser et valoriser son engagement en matière de responsabilité sociale et de développement durable.
On a initié ce partenariat par la mise en place de collectes spécifiques pour les jeans usagés dans les magasins de l’enseigne, celle-ci étant l’une des premières à s’engager pour la collecte et la valorisation des textiles. Bilan ? Une moyenne de 30 000 jeans collectés chaque année depuis lors. Forte de ce succès, la marque a ensuite étendu son offre de recyclage à tous les produits du même type, de toutes marques confondues.
Lancé en 2013, le projet Rebirth marque une nouvelle étape dans cette collaboration fructueuse, puisqu’il concerne la production d’une gamme de jeans recyclés : 18 mois de R&D et la mobilisation d’un ensemble d’acteurs dont la complémentarité a rendu possible cette expérimentation, aboutissant à une prouesse technique, mais pas seulement. Il souligne un véritable engagement collectif, au service de la transition de l’industrie textile vers une économie circulaire, plus économe en ressources et créatrice d’emplois locaux, visant à faire du recyclage, une priorité.
« L’objectif de ce projet expérimental était de prouver qu’il est possible techniquement, de sortir une gamme de vêtements commercialisables à partir de fibres textiles recyclées. Au-delà de cette prouesse technique, ce qui est important, c’est la nature du partenariat mis en place.
Dans la filière textile, la partie « matière première » va prendre de plus en plus d’importance à l’avenir ; il faut s’y préparer en trouvant les moyens, en termes partenarial et financier, de développer l’économie circulaire au sein de la filière. Innover sur le seul plan technique ne suffit pas ; il est, en revanche, indispensable d’identifier les débouchés possibles pour les fibres recyclées. Ce qui fait la plus-value de ce partenariat avec Bonobo, c’est qu’il mobilise toute la chaîne textile, depuis la collecte des produits usagés jusqu’à la commercialisation d’un produit fini, fabriqué à partir de déchets », a tenu à souligner Pierre Duponchel, Président du Relais.
Composé de fibres recyclées à partir de jeans usagés et de polyester recyclé à partir de bouteilles plastiques, le jean Rebirth a donc pu voir le jour grâce à la complicité de deux acteurs maîtrisant parfaitement bien leur domaine de compétences respectifs en matière de collecte et de recyclage : le Relais, qui a fêté l’an dernier ses 30 ans, mandaté sur les deux premières étapes du processus (collecte des jeans usagés et leur préparation) et les Filatures du Parc, une entreprise familiale basée à Brassac, dans le Tarn, et à ce jour, seule filature française à avoir déposé un brevet de fabrication sur un fil 100 % recyclé.
Pour fabriquer un fil recyclé à partir de déchets collectés en vrac (des jeans en l’occurrence), il faut pouvoir obtenir une matière homogène, d’où l’importance du tri. « Nous avons travaillé sur la base d’un cahier de charges précis. Il a fallu 30 à 40 tonnes de jeans non réutilisables en l’état (fripes) pour sortit 3,46 tonnes de matière préparée », complète Pierre Duponchel.
De manière très concrète, quatre centres de tri du Relais ont été mobilisés pour trier les jeans usagés collectés, et quatre ateliers ont pris en charge la coupe et la préparation des formats pour obtenir des pièces de coton réutilisables (découpe des panneaux de jambes, zéro points durs, zéro coutures).
C’est cette matière préparée, prête à être défibrée, qui a été transportée aux Filatures du Parc, qui ont d’ailleurs spécialement mis au point un procédé de défibrage pour ce projet.
Celui-ci consiste à casser « le moins possible la fibre, afin qu’elle garde une qualité suffisante pour être tissée avec du polyester issu de bouteilles plastiques recyclées ». Il en résulte une fibre suffisamment longue et résistante pour entrer dans la confection de jeans neufs : « l’objectif est d’introduire 20% de fibres recyclées, soit le taux maximum de coton recyclé pouvant être utilisé à ce jour dans une nouvelle paire de jeans », indique pour sa part, la Filature du Parc.