Recyclage textiles : la seconde vie mouvementée des vêtements usagés

 Rangés dans des cartons ou ficelés en tas de plusieurs centaines de kilos, les vêtements de seconde main s'empilent jusqu'au plafond dans le hangar exploité par Le Relais, situé près de Soissons dans les Hauts-de-France, où 140 collaborateurs trient 30 tonnes de textile par jour, soit 7 000 par an.
 Rangés dans des cartons ou ficelés en tas de plusieurs centaines de kilos, les vêtements de seconde main s'empilent jusqu'au plafond dans le hangar exploité par Le Relais, situé près de Soissons dans les Hauts-de-France, où 140 collaborateurs trient 30 tonnes de textile par jour, soit 7 000 par an. 
 
 "Nous leur recommandons de ne pas faire le tri en fonction de leur goût personnel. Si le vêtement a été acheté, c'est qu'il a plu à quelqu'un et peut plaire à nouveau", indique Emmanuel Pilloy, qui pilote Le Relais Nord-Est-Ile-de-France.
 Pas de critères de style donc, mais de qualité, de saison et d'âge. Les pièces en meilleur état, environ 10% du total, vont être revendues à petits prix en France. Car Le Relais, créé en 1994, employant environ 2 200 personnes, exploitant  une vingtaine de centres de tri, a d'abord et depuis toujours, fixé son objectif : créer de l'emploi et d'oeuvrer en faveur de l'insertion de personnes en difficulté. Le réseau collecte et traite à ce jour près de 150.000 tonnes de textiles par an, ce qui en fait un acteur majeur dans ce secteur.
 
 Les vêtements dans un état correct sont compressés en lots imposants avant d'être exportés en Europe de l'Est (10%) ou en Afrique (40%). Destination: le Burkina Faso, Madagascar ou le Sénégal, où le Relais possède des antennes locales, qui emploient un millier de personnes.
 La pratique, courante en France et dans les pays occidentaux, ne fait pas l'unanimité.
 "On a tendance à se dédouaner en pensant que tout ce qu'on donne va être réemployé auprès de personnes dans le besoin", analyse Nayla Ajaltouni, coordinatrice du collectif Ethique sur l'étiquette. Or, "il y a des pays de tradition textile, notamment en Afrique, où ces vêtements de faible qualité viennent concurrencer une industrie et un savoir-faire locaux", d'où sa recommandation de plutôt "cesser de surconsommer".
 
 Une exception est faite pour les jeans. Les vieux pantalons sont expédiés sur un autre site français, où ils sont déchiquetés et convertis en un isolant gris bleuté.
 "On n'imagine pas forcément tout ce qu'il y a derrière ces dons et tout ce qu'on peut en faire", ajoute Emmanuel Pilloy.
 "Si nous voulons avoir une stratégie de long terme qui crée de l'emploi, il faudrait construire une filière industrielle française pour assurer le recyclage des vêtements et trouver des débouchés à ces matières", estime quant à lui, Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du Commerce, qui regroupe 26.000 commerçants.	
	
	
