Recyclage textile : Eco TLC, c'est parti mon kiki !
Le MEEDDM a annoncé mercredi dernier le lancement d’Eco TLC, l’éco-organisme de la filière textile. Celui-ci a pour vocation de collecter une éco-participation des enseignes de l’habillement et du linge de maison afin de soutenir l’activité des opérateurs de tri et de favoriser l’insertion des personnes en difficulté face à l’emploi. La création d’Eco TLC était attendue par les acteurs du secteur, qui ont subi ces dernières années une crise, due à l’ouverture du marché aux vêtements à bas prix, notamment en provenance d’Asie...
"Il est vrai que l’éco-organisme était nécessaire pour pérenniser la filière, très fragilisée par la baisse de qualité des textiles”, précise Mehdi Zerroug, Directeur Général d’Ecotextile. "C'est un immense défi qui se dresse devant nous : rattraper notre retard dans la collecte, le tri et le recyclage des textiles usagés". La création d’emplois est naturellement liée au développement du tri. “C’est en développant une collecte de qualité sur l’ensemble du territoire que nous pourrons offrir un emploi pérenne aux personnes en difficulté, mais aussi détourner 500 000 tonnes des incinérateurs, pour mieux préserver l’environnement", ajoute-t-il.
Aujourd’hui, la France ne recycle que 100 000 tonnes par an de textiles usagés, soit 1,6 kilo par habitant. "Avec 700 000 tonnes par an, l’Allemagne recycle 8,5 kilos par habitant. Nous pouvons faire aussi bien. Nous voulons faire mieux", ambitionne M. Zerroug. 2 tiers des Français n’ont pas encore accès à un site de collecte permanent. Les différentes filières de recyclages (verre, emballages, piles...) en France ont déjà démontré que seule une offre de collecte de proximité peut mener à des résultats satisfaisants.
Avec une contribution de 69 euros d’Eco TLC par tonne triée, les sociétés comme Ecotextile ont maintenant la capacité de fortement investir dans la collecte et le tri. Pour cela, elles doivent compter sur l’implication des collectivités. Celles-ci doivent envisager la collecte de textile avec la même détermination que celle du verre ou du papier. "Les élus ont souvent peur que la présence de conteneurs occasionne des nuisances ou des dégradations. En nous engageant sur la qualité de la collecte, nous levons leurs doutes", indique Mehdi Zerroug.
Tout ça ne réglera pas le pillage régulier des conteneurs. Ni le gâchis engendré : une fois éventrés pour y prélever la crème, le solde des sacs mis au conteneur reste dispersé sur le trottoir ; il est ramassé plus tard dans la soirée ou le lendemain, avec les déchets ménagers, parce que souillé ou humidifié par une petite ondée… Et roule ma poule, en direction de l’incinérateur ou de la décharge du coin !
Acteur majeur du secteur depuis 1957, Ecotextile est désormais le deuxième opérateur français de recyclage de textiles, en collectant 15 000 tonnes par an dans plus de 1 500 communes. Il a participé, en collaboration avec le Ministère du Développement durable, les représentants des collectivités, des contributeurs et de Federec, à la création d’Eco TLC.
Bien sûr, Ecotextile a anticipé cette création en développant ses moyens matériels, se mettant dans la capacité d’installer rapidement et gratuitement un réseau de conteneurs dans les villes qui le souhaitent, avec un suivi informatisé du taux de remplissage, gage de propreté pour les sites concernés. Son unité de tri d’Appilly (Oise, 60) traite 40 tonnes de textiles par jour et dispose d’une marge de progression de 30%, pour absorber rapidement une augmentation de la collecte. Une seconde unité de tri est actuellement en cours de développement.
Cet article est à lire en complément de notre rapport : Eco TLC : origine, objectifs et attentes des opérateurs.