Au recyclage des matelas et sommiers, deux syndicats ont dit Oui! Un an et demi après son lancement, Recyc Matelas Europe, petite sœur de Recyc Matelas Canada déclare être en mesure de confirmer ses objectifs : déjà, 12 000 pièces sont traitées chaque mois sur le site de Limay dans les Yvelines. En parallèle, la jeune société renforce ses partenariats stratégiques avec les industriels, les opérateurs de la collecte et les collectivités… et vient de remporter deux beaux marchés!
Fondée en mars 2010, l’entreprise française soutenue en France par OSEO, ARD (Région Ile de France) et les pouvoirs publics, a ouvert sa première usine au port autonome de Limay, dans les Yvelines, en octobre 2010 : 300.000 unités sont traitées chaque année sur ce premier site de déconstruction de matelas et sommiers usagés et de revalorisation des matériaux. Coton, feutre, bois, métal, mousse de polyuréthane… peuvent ainsi être réutilisés notamment pour l’industrie automobile, la fabrication de tapis, l’isolation thermique, énergie biomasse, sidérurgie, aciérie, ferraillage...
Recyc Matelas Europe se déclare être le pionnier français du recyclage, de la déconstruction et de la valorisation des déchets issus des matelas et sommiers usagés. Vrai. Née d’une joint-venture avec Recyc Matelas Canada, l’entreprise française s’est donnée comme objectif de lancer une nouvelle filière de déconstruction et de valorisation en France.
Il faut dire que la grande sœur n’a pas démérité : la société canadienne, créée en 2007, traite plus d’un million d’unités par an sur ses sites de Montréal, de Toronto et de Miami.
Aujourd’hui, ce 1er site français de déconstruction de matelas et sommiers et de valorisation des matériaux issus de ces déchets traite 12 000 pièces/mois soit 300 tonnes mensuelles.
Son objectif : atteindre les 7 000 tonnes/an au cours du 1er semestre 2013 et ouvrir de nouveaux sites en France de septembre 2012 à la fin du premier semestre 2013. « Fort du succès du site de Limay, nous sommes fiers d’annoncer l’ouverture du 2ème site dans l’ouest à mi-distance entre Angers et Nantes pour fin septembre 2012. D’autres sites seront ouverts d’ici la fin du premier semestre 2013, nous finalisons actuellement les implantations dans plusieurs régions. Chaque nouveau site va créer une vingtaine d’emplois en CDI. Le site dans l’Ouest traitera rapidement 12 000 à 15 000 pièces/mois », commente Franck Berrebi, directeur général de l'entreprise.
« Avec 5 millions de matelas et sommiers enfouis chaque année en France (120 000 tonnes de déchets/an), l’innovation et les solutions sur-mesure de notre entreprise dans le traitement et la valorisation des déchets de literie ne pouvaient que convaincre les professionnels de la literie, les collectivités et les professionnels des déchets. Ainsi, après des visites du site de l’usine en 2010 et 2011, deux syndicats de traitement des OM, à savoir le SYCTOM (Paris et Ile de France) et le SETOM (Eure) ont décidé de lancer des appels d’offres courant 2011 et de confier par la suite ces marchés à Recyc Matelas Europe », ajoute le dirigeant…
Dans une aventure de cette sorte, il faut toujours des pionniers. C’est chose faite, puisque ces deux syndicats devancent la législation (décret 2012-22 du 6 janvier 2012) qui imposera dès juillet 2012 le recyclage et la valorisation des déchets issus de l’ameublement dans le cadre de la « Responsabilité Elargie des Producteurs », alias la REP, obligeant les fabricants - notamment de literie - à procéder au recyclage des produits mis sur le marché.
Ces deux marchés publics pèsent de tout leur poids dans le devenir de l’entreprise puisque les quantités concernées vont, à n’en pas douter, doper l’activité! Pensez : 700 tonnes/an pour le marché du SYCTOM et 500 tonnes par an pendant 24 mois pour le SETOM soit près de 60 000 matelas et sommiers par an à recycler et à valoriser… Le rêve !
« Nos process de déconstruction et notre système de traçabilité des matériaux issus des déchets permettent de certifier au SYCTOM +/- 92% de la valorisation. Une garantie de transparence qui renforce la confiance de nos partenaires dans notre savoir-faire. Nous allons réduire par ailleurs les émissions de CO2 en favorisant le transport fluvial des matelas. Nous avons conçu une offre logistique par voie fluviale pour le compte du SYCTOM qui permet de transporter les produits en fin de vie dans des conteneurs depuis les centres de tri. Nous avons déjà réalisé 4 convois fluviaux soit 1 500 matelas », poursuit le directeur général de l'entreprise
Selon, Alain Nazon Directeur du Setom, le syndicat optimise ainsi le vide de fouille soit 200 à 300 k€ d’économie par an en exploitation (voir ce document et notre article Setom : à l'affiche, un centre de tri rentable).
Le bilan du moment est jugé très satisfaisant. L’entreprise affiche un taux de valorisation matière de 85% auquel il faut ajouter 7% de valorisation énergétique (bois de chauffe) soit 92 % de valorisation au total étant entendu qu’elle souhaite se rapprocher des 95 % dans les mois à venir. Si l’on ajoute à cela que l’intégralité des matières est pour l’heure, valorisée en France, en Belgique et en Allemagne, et qu’avec la hausse du prix des matières premières, les industriels sont de plus en plus intéressés par la reprise de ces matériaux pour les transformer en matières premières recyclées, on n’est pas loin d’avoir gagné la partie… puisque ces filières peuvent absorber +/- 80 000 tonnes de matières/an. En effet, les matières textiles telles que le feutre, la laine, le polyester, le coton et autres dans l’industrie du bâtiment (elles sont transformées en isolants et en absorbants), tandis que les matières alvéolaires telles que le polyuréthane et le latex débouchent dans l’industrie automobile et dans le bâtiment (elles sont transformées sous forme d’agglomérés)…