Recyclage plastiques : Skytech fait coup double

Spécialisé dans la technologie du tri des plastiques issus du recyclage et producteur de plastiques régénérés, Skytech a récemment signé une convention d’aide au financement avec l’Ademe, de 2,2 millions d’euros (avance remboursable et subvention), cette aide devant assurer la continuité d’un important projet d’innovation et de R&D qui a pour objectif le perfectionnement de la technologie du séparateur pour les mélanges complexes des polymères et de démultiplier les lignes de production industrielle de l'entreprise francilienne, qui a inauguré cet été une ligne de séparation des plastiques issus du traitement des DEEE et autres VHU.
L’industrie de la plasturgie utilise plusieurs familles de plastiques pour fabriquer des objets aux caractéristiques variées. En fin de vie, ces objets se retrouvent souvent en mélange, et par conséquent, les plastiques qui les constituent également. À ce jour, faute de solution permettant leur tri, les déchets plastiques sont souvent incinérés, enfouis, voire exportés, et ce alors que les pouvoirs publics renforcent considérablement les réglementations nationales et internationales : objectif de taux de recyclage dans les filières industrielles, interdictions d’export et augmentation des taxes à l’enfouissement rendent la gestion de ces déchets de plus en plus contraignante. On estime que chaque année en France, plus de 100 000 tonnes de déchets de plastiques issus de véhicules et de produits électriques et électroniques en fin de vie sont éliminées ou incinérées.

Pour mémoire, dès sa création, AP2R s'est consacrée à la R&D en vue de mettre en oeuvre le recyclage des plastiques difficiles à recycler, en travaillant notamment sur le DEEE ; elle a mis au point un procédé breveté de séparation de polymères plastiques par triboélectricité, laquelle désigne le phénomène électrostatique créé par la mise en contact de deux matériaux de nature différente : une partie des électrons de la surface de contact d'un des deux matériaux est transférée à l'autre et ce transfert subsiste lors de la séparation.
Dès la fin des années 2000, la société présentait plusieurs applications à partir de ces matériaux recyclés, transformés en parquets extérieurs et autres objets en matière recyclée, à Pollutec. En s’appuyant sur le savoir-faire d’APR2, « la création de Skytech repose sur la volonté de donner une identité à ce travail », explique Philippe Caron.



L'entreprise certifie être en mesure d'isoler le PA, mais aussi de proposer des granulats d’ABS, de PS et de PP, affichant des taux de pureté compris entre 97 et 99 % (ces taux sont contrôlés dans le laboratoire de l’entreprise, cinq paramètres techniques y sont vérifiés afin de répondre aux cahiers des charges des plasturgistes (dureté, mesure de l’indice de fluidité, couleur, traction et flexion). Le 100% n'est donc pas loin, et c'est bel et bien l'objectif des équipes en place...

« Dans un contexte de prise de conscience sur les enjeux de l’économie circulaire, nous sommes toujours à la recherche de projets innovants pour mettre en place la filière recyclage de demain. Le projet de Skytech répond à ces critères car il propose une solution concrète. C’est un process de séparation physique sans aucun solvant. Nous sommes particulièrement heureux d’accompagner Skytech dans ce projet structurant qui contribuera grandement à l’économie circulaire du secteur de la plasturgie et à sa dynamique » , détaille Cédric Djedovic, ingénieur à l’Ademe. Philippe Caron, réaffirmant pour sa part que l'entreprise qu'il dirige « a pour objectif de s’inscrire dans le renouveau de la plasturgie industrielle. Celle-ci est capable d’apporter des solutions innovantes et économiquement viables et nous souhaitons que notre projet en fasse pleinement partie. Nous remercions vivement l’Ademe pour ce soutien qui nous est précieux pour renforcer davantage encore notre capacité à innover », tandis que Jérôme Le Conte, Administrateur de la société, représentant des Fonds Xerys souligne : « que Skytech apporte des solutions et des services de valorisation des plastiques au bénéfice des industriels mais avant tout répond aux préoccupations citoyennes d’une consommation et d’une gestion des déchets plus responsables. Je me félicite donc de cet accord stratégique qui permettra de contribuer concrètement à l’ambition d’une économie véritablement circulaire dans le domaine de la plasturgie. »
