Recyclage plastique : cessons de tourner autour du pot...

Le 02/08/2018 à 8:19  

Recyclage plastique : cessons de tourner autour du pot...

Plastique recyclé Les acteurs du recyclage sont quasi unanimes : recycler plus est possible ; il suffit d'investir et de s'investir... Ce fut le sujet principal du débat qui s'est tenu lors du dernier congrès de la Fnade, comme c'est le credo des adhérents de Federec, et aussi la volonté des collectivités locales de se voir délestées grâce à un recyclage plus poussé, de tonnages d'OMR dont elles se passeraient bien quand dans ces OMR, il y a de la matière recyclable, mais non couverte par la REP... Pour ce qui est des investissements, les recycleurs ont démontré leurs capacités à développer leurs outils industriels, et se déclarent favorables à l'idée de faire davantage. Il faudrait pour cela optimiser la collecte, et être assuré que débouchés il y a... Aussi, d'aucuns sont montés au créneau au niveau européen pour demander à la Commission européenne de fixer un contenu recyclé minimum pour les plastiques...
 Recycler ses déchets et les transformer en matières premières chez soi est une bonne philosophie que personne ne saurait condamner, d'autant que la Chine a mis le hola à l'importation de matières désormais jugées un peu trop brutes à son goût.

Dès l'annonce d'interdire l'introduction sur son territoire de 24 catégories de déchets solides, dont certains plastiques, papiers et textiles, l'univers du recyclage a tremblé. Et il y avait de quoi, quand on constate qu'en 2016, la Chine a capté entre 7 et 9 millions tonnes de matières plastiques (8 familles de plastiques sont concernées par les mesures restrictives, que ces plastiques soient triés, en mélange ou à laver) et environ 27 millions de tonnes de papiers-cartons (dont 25% à 30% en mélange, une catégorie désormais bannie).
Après avoir accusé le coup, il a bien évidemment été question de ne pas perdre de temps et de réflechir à comment s'en sortir.
Nombreux sont les industriels qui conviennent qu'il s'agit là d'une opportunité exceptionnelle pour repenser l'industrie du recyclage afin de mieux l'intégrer au coeur d'une véritable économie circulaire, un concept auquel personne n'est allergique, au contraire, pour autant que chacun des maillons de la chaine y trouve son compte, sans pour autant éliminer d'un trait de crayon, la grande exportation, dans la mesure où des unités consommatrices de matières recyclées se multiplieront ailleurs qu'en Chine, … et qu'il est difficile d'imaginer la Chine n'important plus rien en terme de matières recyclées.
Le tout est de tirer les leçons du séisme : produire et proposer de la qualité, y compris pour les catégories de déchets pour lesquelles c'est plus difficiles. Et puis bien sûr, recycler plus dans nos contrées ne serait ce que parce que les réglementations vont dans ce sens. Ce qui suppose de multiplier les débouchés, ce qui passe notamment par un taux d'incorporation de matière recyclée revu à la hausse. 

 Dans ce contexte, une coalition européenne constituée d’associations (dont EuRIC, la confédération européenne des industries du recyclage), d’entreprises et d’ONG, convaincue que seule une obligation réglementaire définissant un contenu recyclé minimum incitera les producteurs à basculer de l’utilisation de résines fossiles vers les plastiques recyclés sur le long-terme (alors qu’actuellement la demande pour les matières recyclées dépend principalement de leur compétitivité par rapport aux matières primaires), monte au créneau.

 Les impacts sur l’industrie européenne de la volonté de la Chine de limiter ses importations de matières premières plastiques de recyclage depuis le 1er janvier 2018, ont pour conséquence directe, on l'a bien compris, que des flux d'importance sont désormais disponibles sur le territoire communautaire, sans suffisamment de débouchés.
Face à cette réduction de la demande, l’Union européenne doit créer un marché performant pour les plastiques recyclés, qui inciterait à une hausse de la qualité, attirerait les investissements dans des usines de recyclage de plastiques et rétribuerait les bénéfices environnementaux.
"La sécurité juridique apportée par un contenu recyclé minimum pour les emballages et produits en plastique bénéficierait à l’ensemble des Etats-membres, aux entreprises de collecte, tri et recyclage, ainsi qu’aux fabricants", argumente le collectif.
"De plus, la visibilité économique est essentielle pour susciter les investissements, et un contenu recyclé obligatoire permettrait de créer les conditions d’un nécessaire choc de la demande. Par ailleurs, un contenu recyclé fixé par la loi n’est pas sans précédent : pas plus tard que l’année dernière, la Californie a fixé un contenu recyclé obligatoire pour les emballages de boissons".
Les nouvelles directives européennes (notamment directive-cadre déchets et directive emballages) fixent des objectifs de recyclage ambitieux, qui ne sauraient être atteints en l’absence de débouchés suffisants en aval pour les matières premières de recyclage produites à partir des déchets collectés et triés.

Les entités co-signataires se disent prêtes à travailler en étroite collaboration avec l’ensemble de la chaine de valeur afin d’assurer que l’adéquation entre l’offre et la demande soit économiquement viable. Elles formulent des recommandations essentielle à l’attention des décideurs européens :
Fixer des exigences relatives à un contenu recyclé minimum pour les produits et emballages en plastiques, lorsque des bénéfices environnementaux existent, tout en respectant les considérations de sécurité alimentaire, en sachant que les exigences pourront varier en fonction des produits/matériaux et devraient être progressives dans le temps.
Les contributions des producteurs au titre des régimes de Responsabilité Elargie des Producteurs (REP) devraient être éco-modulées en tenant compte non seulement de la recyclabilité des produits, mais aussi de leur contenu recyclé. De même, la commande publique est également un outil non négligeable pour augmenter la demande en matières premières de recyclage.

Envisager de nouvelles approches afin d’encourager l’approvisionnement en résines recyclées, au travers d’incitations économiques et de sanctions.