Recyclage papier : un désencrage plus performant
L’augmentation du taux de réutilisation des Fibres Cellulosiques Récupérées (FCR) dans les papiers impression-écriture passe notamment par l’amélioration de leur niveau de blancheur. Le désencrage de ces fibres est donc une étape-clé. Petit problème : les techniques traditionnelles de flottation à l’air éliminent l’encre en provoquant des rejets solides (boues de désencrage) importants. Rendre le désencrage des FCR plus performant tout en réduisant le volume des déchets est donc un enjeu de taille pour les industries papetières...
A Grenoble INP-Pagora (l’Ecole internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux), Marc Aurousseau (professeur), Nathalie Marlin (maître de conférences), Davide Beneventi (chargé de recherches CNRS) et Filipe Almeida Dos Santos (doctorant), ont justement mis en lumière la faisabilité d’un nouveau procédé de flottation associant l’ozone à l’air. Avec le soutien des industriels Degrémont Technologies, Wedeco et Kemira, les 4 chercheurs ont développé une unité pilote de flottation et mesuré les effets de l’ozone sur le désencrage des fibres ainsi que sur la quantité et la qualité des rejets liquides et solides.
Réalisés sur 2 types de papiers récupérés (papier imprimé en offset, mélange de papier journal et de papier magazine) dans diverses conditions de température, de concentration en ozone et de chimie de remise en suspension des papiers récupérés, les essais ont donné des résultats très encourageants : un gain de 15% d’élimination de l’encre accompagné d’une diminution des rejets de 40% en masse par rapport au procédé traditionnel de flottation, et des performances identiques au désencrage traditionnel à l’air après une remise en suspension des FCR sans soude.
En outre, d’autres effets liés au pouvoir oxydant de l’ozone ouvrent des perspectives intéressantes : l’amélioration de la qualité des rejets (réduction jusqu’à 25% de la DCO -Demande Chimique en Oxygène- des effluents) permettant de faciliter leur traitement ou valorisation, ainsi que l’utilisation potentielle des pâtes désencrées pour des usages à contact alimentaire grâce à l’oxydation des azurants optiques.
La flottation réactive à l’ozone apparaît donc comme un procédé très prometteur permettant d’éliminer plus efficacement les particules d’encre tout en diminuant la charge polluante issue du désencrage pour une chimie plus "verte". La preuve : en décembre dernier, lors du salon Pollutec-Horizons 2009, il a été récompensé par le Prix Ademe/Pollutec des Techniques Innovantes pour l’Environnement de la catégorie Déchets.