Recyclage : Michelin trace sa route

Quand bien même on ressent une certaine pression pour que les constructeurs passent la vitesse supérieure afin d'intégrer du recyclé et pratiquer le recyclage, force est de constater qu’il en est qui vont plus vite que d’autres. 2014 marquera sans doute un tournant dans la vie de la marque française : elle envisage très sérieusement, via un programme de R&D très ambitieux, de valoriser les gommes usagées, en pneus neufs et de qualité…


C’est ainsi qu’une nouvelle route s'ouvre aux pneus usagés, et ce afin d’en optimiser le recyclage : Michelin lance en effet un projet R&D appelé TREC (Tyre Recycling) avec le CEA, SDTech, spécialiste des poudres ultrafines, et Protéus, filiale de PCAS experte en biotechnologies industrielles. Il s’agit d’un consortium français, à 100%, qui aura pour mission d’explorer les voies de l’innovation : la régénération du mélange de gommes usagées pour fabriquer des pneus neufs, et la production d'alcool destiné à la filière « BioButterfly ».

SDTech intervient au niveau de la micronisation des poudres, après la collecte et le traitement des pneus usés. Cette PME analysera leurs propriétés mécaniques et thermiques afin de déterminer « les matières premières qui ne dégraderont pas le nouveau pneu », affirme le PDG de l’entreprise, Jalil Benabdillah.
Protéus se chargera de la dévulcanisation sélective du pneu : il s’agira d'isoler, à l'aide de micro-organismes (et donc de biotechnologies), les éléments impropres.
L’œuvre conjuguée de SDTech et de Protéus permettra de produire une micro-poudrette qui sera aussi performante que de la matière vierge de sorte qu’il sera possible de produire de nouveaux pneus ayant les mêmes caractéristiques que s’ils avaient été fabriqués avec de la matière vierge. « Protéus dispose d'une banque de micro-organismes extraordinaire. Nous avions besoin de cette expertise en biotechnologies », a d’ailleurs indiqué Dominique Aimon, porte-parole scientifique de Michelin, qui exprime le souhait d’aller plus avant que ce que permet le recyclage actuel. « Si 100 % des pneus usagés sont déjà recyclés, les pneumatiques réalisés à partir de poudres régénérées ne sont pas encore de très bonne qualité », ajoute le spécialiste. L’objectif est de faire avec du recyclé aussi bien qu’avec du neuf.

L'alcool produit par ce biais interviendra notamment dans la filière française, en complément des alcools issus de biomasses telles que sucres, bois, résidus agricoles...
Pour cette deuxième voie, il est prévu que Michelin, le CEA et Protéus, mettent au point une chaine de technologies allant de la gazéification des pneumatiques usagés à la production d’alcool par fermentation du gaz de synthèse obtenu (syngaz).
Ce programme d’éco-conception et de recyclage, particulièrement ambitieux, d’une durée de 8 ans, couvrira l'ensemble des étapes de recherche et de développement des procédés, depuis les concepts scientifiques, jusqu'à la validation sur un démonstrateur industriel, en passant par la phase pilote et en s'appuyant sur la complémentarité des compétences et expertises des partenaires.

A n’en point douter en tout cas, ces industriels souhaitent franchir une nouvelle étape, et non des moindres, sans pour autant minimiser le travail qui a été fait depuis 2002, année à partir de laquelle l’Europe a obligé à valoriser les vieux pneus. S’ils servent valablement, ces pneus usagés, pour construire des murs de soutènement, permettre aux revêtements de sol d’être souples, de fabriquer du gazon synthétique ou encore du combustible de qualité que les cimentiers ou aciéristes ne rechignent pas à consommer, si Aliapur a su construire et parfaitement consolider une filière reconnue de qualité, le message transmis par le manufacturier est clair : on doit aller plus loin et encore mieux faire…
