La loi est votée, la transition est en marche : si elle fixe des objectifs précis et chiffrés en matière de production et de consommation, il est clair que le recyclage matière peut évidemment constituer une véritable opportunité pour les entreprises...
« Nos sociétés ont immobilisé un volume important de matière au cours de leur développement : bâtiments, produits manufacturés… Cette ressource immense est encore mobilisable », a indiqué Jean-Charles Caudron, chef du service produits et efficacité matière à l’Ademe, dans le cadre d'un atelier qui s'est tenu lors des Assises des déchets de nantres. Avec l’éco-conception, le recyclage matière est donc une solution d’avenir limitant l’usage de la matière première vierge qui se raréfie.
La loi sur la transition énergétique est sensée offrir une visibilité aux entreprises, et notamment aux recycleurs. Pour investir dans une usine de recyclage, il faut en effet sécuriser ses approvisionnements en déchets. Il convient également de s’assurer que des marchés existent pour trouver des débouchés aux matières premières issues du recyclage. « Créer une usine sans flux amont ou sans marché aval est impossible », a reconnu Serge Vassal, directeur de l’entreprise Barbier, qui a mis en place une importante filière de collecte et de recyclage des plastiques agricoles.
Cela dit, d’autres freins subsistent encore, notent les intervenats à l'atelier. Certains cahiers des charges imposés par les clients sont très contraignants et excluent, de fait, les matières premières issues du recyclage. Alors que cette « sur-qualité » exigée par les clients n’est pas toujours nécessaire. De plus, les PME et les TPE rencontrent souvent des difficultés pour faire traiter de petites quantités de déchets.
Des expériences sont menées pour améliorer ces derniers points. La CCI de Nantes Saint-Nazaire propose un accompagnement tel que la mutualisation de collecte pour des groupes d'entreprises, mais aussi un outil numérique (ACT'IF) qui permet de géolocaliser les flux pour les mettre à disposition. Les déchets des uns peuvent ainsi devenir la ressource d'un autre, rappellent les intervenants.
La réglementation peut, elle aussi, contribuer à encourager le recyclage matière. La LTECV, tout d’abord, qui prévoit la fin de la discrimination envers les produits fabriqués à partir de matières premières issues du recyclage. Désormais il sera impossible, à qualités techniques équivalentes, de refuser dans un appel d'offres l'usage de matières premières recyclées. Les décrets d’application de la loi devraient être publiés rapidement, d’ici à la fin de l’année. Gageons que la satisfaction des professionnels du recyclage sera au rendez-vous
D’autres pistes peuvent être creusées comme la création d’un fonds permettant d’amortir la volatilité des prix. En effet, le marché du recyclé souffre lorsque le prix de la matière première vierge est bas, ce qui est le cas actuellement. Un soutien s'avère nécessaire selon les professionnels du secteur, surtout au démarrage d'une nouvelle filière, et plus particulièrement celle du plastique affectée par un prix bas du pétrole. Ce fonds pourrait être abondé par les industriels quand ces prix sont plus élevés. Enfin, un label pourrait garantir la qualité des produits proposés.
Les solutions passent aussi par les industriels eux-mêmes, conclut Sabine Zariatti, responsable des partenariats industriels de Suez Environnement, qui prône ainsi la signature d’accords de long terme entre acheteurs et fournisseurs. Ils présentent l’avantage, pour le recycleur, de bâtir un business plan et, pour l’acheteur, de sécuriser son approvisionnement...