Recyclage du verre : on peut encore et toujours mieux faire

On pensait avoir fait le tour de la question, après plus de 40 ans de pratique (et oui... la collecte de ce déchet d'emballage a démarré sa carrière bien avant la naissance des éco-organismes), avec des taux d'enfournement de calcin flirtant parfois avec les 90%, avec des tonnages collectés qui n'ont globalement cessé de croitre, et ce grâce à des campagnes de sensibilisation parfaitement orchestrées impactant positivement les consommateurs trieurs, même si on a assisté à quelques tassements à mettre en relation avec la situation économique et autres freins sur la consommation, avec des collectivités locales que l'on déleste de la totalité de ce qui est récupéré au nom de la garantie de reprise … Et bien non ! Il reste à dire et à faire : Jacques Bordat, Président de la Fédération des Industries du Verre, n'a pas manqué de nous fournir les dernières actus chiffrées le 14 décembre dernier, avant que nous soit présentée une action menée par Heineken, visant à optimiser le taux de recyclage des bouteilles de bière...




La roue tourne et la boucle se ferme... bien avant que l'on nous bombarde de l'économie circulaire à tout va.

17 usines, situées à proximité des vignobles ou des lieux de production de la bière, et 14 centres de traitement ultra modernes (10 à 15 millions d'euros d'investissements sont nécessaires pour chacun d'eux, étant entendu que 9 d'entre eux sont équipés du tri optique automatisé, ce qui assure une séparation du verre blanc du coloré et permet d'augmenter le taux de calcin blanc) qui transforment le déchet d'emballage verre en calcin constituent le dispositif industriel en France, le centre de traitement constituant une pièce maîtresse de l'édifice « recyclage » : passage obligé, chaque site, qui réceptionne les tonnages de verre brut collectés (lesquels comprennent en moyenne 3 à 5 kg d'infusibles par tonne) a pour mission de capter tout ce qui est incompatible avec le four verrier. A l'issue du process mis en œuvre dans chaque centre de traitement, il ressort un calcin quasi pur (< 20gr d'impureté à la tonne)... ce qui permet au verrier d'en enfourner davantage sans craindre pour 






« Ce problème dû à la présence d'une bonne partie de nos étiquettes, ne nous a évidemment pas laissés indifférents, puisque nous sommes nous-mêmes très exigeants en ce qui concerne la qualité des bouteilles que nous achetons pour y introduire nos bières »...
Forts de ce constat, un groupe de travail, piloté par Eco-emballages qui a mis tout le monde autour de la table, a été constitué en 2011 ; l'objectif est d'améliorer la recyclabilité tout en intégrant les contraintes de tous les acteurs...
« Nous avons travaillé de concert avec deux fournisseurs d'étiquettes en plastique, eux-mêmes en relation étroite avec des fournisseurs de colles et adhésifs. En 2012, nous établissions un référentiel grâce à une simulation réalisée avec 23 tonnes de bouteilles étiquetées, en 2013 on entrait en phase de développement afin d'évaluer les adhésifs “alternatifs” en laboratoire et en situation réelle et avons coordonné pour ce faire, le travail des deux fournisseurs d'étiquettes, de trois brasseries et de six étiqueteuses qui traitent 55 000 bouteilles/heure). L'année suivante, on passait à la phase de déploiement et d'optimisation et en 2015, nous parvenions au but recherché » : on lançait la nouvelle façon de procéder sur les Heineken 25 et 33 l, et sur la Despérados 33 cl.Les objectifs sont atteints et le résultat au rendez-vous : moins de 1% de pertes verrières pour les centres de traitement (contre 4% auparavant) et moins de 20% du poids des étiquettes dans les fours verriers (contre 75% auparavant)... « Ce succès constituant par ailleurs un avantage compétitif pour nos fournisseurs qui mettent cette nouvelle étiquette en avant, quand bien même il faut compter un surcoût de l'ordre de 20% à l'achat. Dès lors que cette nouvelle étiquette sera plus largement répandue, le surcoût estimé ne sera plus que de 8 à 10% tout au plus »...
