Recyclage des PET complexes : Soprema ouvre la voie

Présentée comme une première mondiale, l'unité de recyclage d'emballages en PET complexes Sopraloop, inaugurée mardi 9 juillet à Strasbourg par Soprema, entreprise indépendante à actionnariat familial créée en 1908, doit contribuer à tenir les objectifs fixés par la France et l'Union européenne. Ce procédé unique donne naissance à la première filière française de recyclage des emballages PET complexes, complexes parce que combinés à d’autres plastiques, que l’on ne savait pas recycler jusqu’à maintenant...
Alors que l'on ne constate qu'un faible pourcentage des emballages en plastique recyclés en France (au regard de ce qui est mis en marché), et quasi pas quand il s'agit d'emballages dits complexes (sauf sous forme de valorisation énergétique), dès lors que les polyéthylènes téréphtalates (PET) sont mixés avec d'autres plastiques (ex : barquettes alimentaires multicouches ou bouteilles de lait en PET opaque), Soprema change la donne.

Elle a ainsi développé une solution technologique qui permet la fabrication de matière vierge à partir de déchets d’emballages plastiques (bouteilles de lait opaques, barquettes monocouche et multicouches, etc.). Non recyclés jusqu'à maintenant, ces plastiques post consommation sont désormais transformés en polyols, l’un des composants principaux des mousses isolantes en polyuréthane pour le bâtiment, l'étanchéité et l'isolation des bâtiments comptant parmi les cœurs de métiers de la société.
La présentation de cette performance, qui a eu lieu le 9 juillet dernier dans le cadre de l'inauguration de Sopraloop, est à mettre en relation avec la volonté affichée du gouvernement est de parvenir à 100% de recyclage pour toutes les matières plastiques, en 2025. Une annonce que le président de l'entreprise, Pierre-Etienne Bindschedler, voit « comme une belle opportunité » d'aller de l'avant. « En France, chaque année, 130 000 tonnes de déchets en PET ne sont pas recyclés chaque année (...) », complète François China, directeur industriel de l'entreprise.

Il a imposé un investissement de 7 millions d'euros (dont une subvention de l'Ademe) et s’appuie sur des programmes de R&D d’environ 30 millions d’euros..
« Les déchets d'emballages, bouteilles, et autres barquettes en plastiques sont d'abord triés pour éliminer les "contaminants" puis broyés et lavés avant d'être transformés en paillettes, lesquelles sont ensuite dépolymérisées par adjonction d'additifs au sein d'un réacteur. Il s'agit d'un procédé non breveté. C'est avant tout un savoir-faire industriel », confie François China,
Et un savoir faire « payant » puisque d'ores et déjà, il a annoncé que « le prix de revient du polyol est jugé intéressant, notamment en ce qu'il met l'industriel à l'abri des fluctuations souvent très fortes du marché ». A cela s'ajoute que « le taux de substitution du polyol vierge par du recyclé peut être réalisé jusqu’à 50 %, Sopréma visant, à terme, avec l’expérience, un taux de substitution bien supérieur »... L’unité Sopraloop desservira en tout état de cause, et dans des proportions grandissantes, les deux usines de polyuréthane du Groupe basées à Saint-Julien-du-Sault dans l'Yonne et à Hof (en Allemagne), situées à équidistance de Strasbourg. « En 2017, les groupes pétrochimiques ont cessé leur fourniture de ces substances en raison d’une crise mondiale, qui nous a sérieusement impacté. Notre but est de sécuriser nos approvisionnements tout en créant une filière de recyclage de PET, jusque-là destinés à l’incinération. Nous avons su créer les compétences pour en refaire des matières premières vierges et donc une ressource et non un déchet (…) Cette crise de 2017 nous a incité à garantir notre autonomie vis-à-vis de ces géants qui privilégient des logiques purement financières, sans souci des conséquences pour leurs clients comme Soprema », expose le directeur industriel.


