Recyclage : c'est la crise au village
Pour celles et ceux qui l’ignorent, il est des villages entiers en Chine, où l’on pratique une activité dominant toutes les autres. Il en va ainsi, aussi, du recyclage. Dongxiaokou en est une illustration parfaite : situé au nord du cinquième périphérique de Pékin, des dizaines de familles, très souvent originaires de la province du Hebei, trient les déchets et sont en prise directe (et douloureuse) avec la crise économique mondiale…
A Dongxiaokou, on prend tout ce que la capitale pékinoise ne veut plus : bouteilles plastique, téléviseurs, livres, polystyrène, verre, cartons, poutres en acier, et autres ferrailles ou métaux. Tout se récupère, se trie, se revend… Chaque famille étant spécialisée dans un domaine, un matériau…
Si l’essentiel de ces pratiques a lieu sur le trottoir, en face la maison, le papier est lui, le plus souvent trié et mis en balle à l’intérieur d’un hangar. Or, très nombreux sont ceux qui constatent que ce qui les faisait vivre est entrain de fondre comme neige au soleil… car le prix des matériaux s’est effondré au cours des derniers mois. Avant les fastes olympiques, on vendait le kilo de papier à 3 yuans. Depuis, on ne peut espérer en retirer que 1,9 yuans. Et les quantités reçues ont, elles aussi, réduit et ressemblent à une peau de chagrin.
A côté du papier, des spécialistes du polystyrène qui cassent des blocs à grands coups de pelles. Là encore, même constat : la baisse brutale des prix depuis cet été, dans des proportions vertigineuses. « Dans les grandes villes, on pouvait espérer une vie meilleure qu'à la campagne », explique un récupérateur de plastique. « Il y a plus de travail ici ». La baisse de la demande mondiale de polystyrène recyclé a fait passer ses prix de revente de 6,5 yuans à 3 yuans le kilo. Avec à la clé, un pouvoir d’achat et un niveau de vie ayant baissé de moitié par rapport à ce qu’il était à la fin des JO. Du coup, les familles suivent de près les évolutions de la crise économique à la TV.
Ailleurs dans le village, on s’intéresse aux téléviseurs justement, des vieilles TV devenues DEEE, qui sont démontées et dont on retire et revend les cartes électroniques, intéressantes pour les métaux qu'elles contiennent. « Avant, je pouvais en tirer 50 yuans le kilo. Maintenant, je vends le kilo à 20 yuans, au mieux », explique un professionnel du secteur. Le pourquoi du comment de cette baisse rapide des prix est connu de la plupart de ces récupérateurs, qui se disent tout de mêm etrès étonnés que cela arrive si soudainement. « L'économie des Etats-Unis a chuté, donc la demande s'est effondrée», affirme le récupérateur de TV.
A quand le mieux? Personne ne le sait mais il est évident que les prix remonteront, un jour. « Alors que les grandes économies occidentales sont tombées en récession, les industries qui utilisent les métaux et autres matières recyclées se sont effondrées », a expliqué Elmer Hoeffer, éditorialiste au Scrap Price Bulletin. « Il faudra attendre que les grandes économies rebondissent pour que les industries qui utilisent les matériaux recyclés en redemandent. Lorsque la demande sera ravivée, les prix des matières recyclées remonteront eux-aussi" confirme t-il. Mais quand ? A cette question, aucune réponse à ce jour...