La première usine de recyclage des matelas en France a touit récemment vu le jour en région parisienne (voir Recyc-matelas : la fibre recyclage en toile de fond). L'affaire est d'importance puisqu'elle anticipe un changement législatif majeur, qui contraindra à recycler sommiers et matelas dès le début de l'année prochaine…
C’est dans les Yvelines, à Limay que les matelas et sommiers se verront offrir une seconde vie (voir La REP ameublment arrive...). Le projet est quasi finalisé et depuis quelques semaines, l’usine tourne… Située dans la zone portuaire de la ville, en bordure de Seine, il s’agit d’une grande première, du moins dans cette dimension, au niveau européen. Chaque jours, le s6 collaborateurs qui composent l’équipe, réceptionnent 300 à 400 sommiers et matelas qu’ils découpent, trient, stockent, avant de réexpédier les matières ainsi récupérées, aux filières concernées, à savoir l’automobile, l’industrie des tapis de sol, de la biomasse… Il faut dire qu’un matelas ou un sommier est composé de fibres textiles, de polyuréthane, de bois, de ferrailles, de mousses, de feutre, latex … «autant de matières dignes d’intérêt pour l’industrie du recyclage … 95% des matières sont réutilisables», explique d’ailleurs le directeur général de l’entreprise, Franck Berrebi. Recyc-Matelas Europe a d’ailleurs étét montée en joint-venture avec l’entreprise canadienne du même nom. «Nous l’avons approchée pour qu’elle nous apporte son expertise en la matière, et elle est entrée dans notre capital à hauteur de 30%», confirme Jérémy Settbon, président de Recyc-Matelas Europe.
On ne s’endort pas sous les lauriers… Monter une affaire est une belle aventure mais suppose du pain sur la planche : la toute jeune société a d’ores et déjà passé un partenariat avec La compagnie du lit, certaines collectivités, mais aussi des chaînes d’hôtels. «Nous sommes aussi en contact avec Center Parcs, Conforama, qui réceptionne 125.000 pièces usagées par an en Ile-de-France, et Ikea», complète Jérémy Settbon. «Mais au lancement de l’entreprise, nous sommes allés nous-mêmes récupérer des matelas au pied des immeubles».
Au demeurant, le simple particulier peut apporter son matelas directement à l’usine, matelas qui sera accepté moyennant le versement de 9,40€ l’unité. Les barèmes descendent à 6€ pièce pour les gros volumes.
La montée en puissance de l’usine sera progressive pour atteindre sa pleine capacité d’ici quelques mois, soit 1500 pièces par jour, ce qui veut dire 8 000 à 10 000 tonnes par an, et ce dès le début 2012, c'est-à-dire à la veille de l’application d’un nouveau décret qui obligera à recycler ces sommiers et matelas.
L’initiative ne manque pas d’intérêt : l’essentiel de ces déchets encombrants atterrissent le plus souvent en décharge : 5 millions d’unités par an.
Bref : l’entreprise envisage déjà l’ouverture d’autres sites en France, d’abord dans l’Est puis dans le Nord. Il est important de se rapprocher des gisements, afin de limiter les coûts de transport, explique Franck Berrebi dont l’ambition est de capter 25 à 30% du marché…