Radioactivité : le Val-de-Marne en plein scandale sanitaire ?
Selon le Réseau "Sortir du nucléaire", le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) contamine depuis 9 mois la ville de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne, 94) et ses habitants, avec des déchets nucléaires issus de la fabrication des bombes atomiques. Une forte pollution radioactive au tritium toucherait en effet cette zone résidentielle, contaminant l’environnement et les riverains jusqu'à plusieurs centaines de mètres de la source...
La pollution radioactive a été provoquée par un tamis contaminé au tritium (hydrogène radioactif), objet provenant du centre du CEA de Valduc (Côte-d'or, 21), où l’on fabrique les bombes atomiques. Ce tamis, qui sert à filtrer le tritium, se trouvait dans les locaux d'un prestataire du Commissariat, l'entreprise 2M Process, installée à Saint-Maur-des-Fossés (la zone contaminée se situe autour du 22 rue Parmentier).
Il aura fallu 9 mois pour détecter les rejets radioactifs du tamis, une pollution incontrôlée et dangereuse (voir ici) ; la contamination de 5 personnes vivant à proximité immédiate est déjà avérée. A 200 mètres de la source de contamination se trouve le collège Camille Pissarro (le bâtiment le plus proche de la source de contamination est le réfectoire du collège), qui accueille des centaines d'adolescents.
A l’entrée des locaux de l'entreprise 2M Process, la contamination en tritium est 100 fois supérieure à celle que l'on mesure autour des installations nucléaires les plus polluantes. Les autorités sanitaires, l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) et la DGS (Direction Générale de la Santé) tentent activement de banaliser cette pollution : dans un communiqué publié le 9 novembre dernier, l'ASN déclare que "5 riverains de l’entreprise 2M Process ont fait l’objet d’analyses et présentent de légères traces de tritium, sans aucun enjeu sanitaire" et que "l’environnement immédiat de l’entreprise 2M Process présente une très faible contamination au tritium, notamment dans certains végétaux". De plus, aucune information sur la radioactivité du tamis n'a encore été diffusée.
Selon l’IRSN, les niveaux de doses de tritium inhalées par les riverains contaminés "sont inférieurs à la dose reçue en une heure à bord d'un avion à 10 000 mètres d'altitude" (voir ici). Pourtant, en juillet dernier, le même institut s’interrogeait dans une synthèse d’études sur le tritium et "les lacunes de connaissances sur ses effets sanitaires et environnementaux". Dans le même document, l’Institut demandait dans le même document "une évaluation, dans des conditions réalistes d’exposition, des effets biologiques et sanitaires du tritium sur les organismes vivants" (voir ici). Cherchez l'erreur...
Le tritium est un élément radioactif qu’il est difficile de confiner, et qui se substitue à l’hydrogène dans l'organisme humain. Les effets sanitaires de l’incorporation et de l’accumulation du tritium dans le corps humain sont méconnus. Selon plusieurs experts internationaux, la radiotoxicité du tritium est actuellement sous-évaluée. "Cette contamination aux conséquences très graves est encore inexplicable. Manifestement, le CEA croyait qu'il s'agissait d'un tamis neuf lorsqu'il l'a envoyé à son prestataire 2M Process. Ce dernier ignorait donc tout de la radioactivité de l'objet", indique le Réseau "Sortir du nucléaire".
Ce dernier demande donc, dans les meilleurs délais, que toute la lumière soit faite sur la contamination radioactive des habitants et de l’environnement du quartier concerné, et notamment sur les risques sanitaires encourus par les élèves du collège Camille Pissarro. "Ces investigations doivent être menées par des experts indépendants de l’Etat et du lobby nucléaire", précise-t-il. "Les organismes officiels concernés (IRSN, ASN, DGS...) les autorités sanitaires et politiques (ministères de la Santé et de de l'Industrie...) doivent absolument prendre la mesure du scandale sanitaire en cours, et mettre en oeuvre des solutions rapides et efficaces. Ce scandale vient confirmer que le nucléaire ne peut en aucun cas se prétendre une technologie 'propre'", conclut le Réseau.