Quoi qu’y n’y a dans nos poubelles ?
Déchets ménagers, ordures ménagères, déchets d’emballages et tout ce qui s’en suit… Pour autant, on voudrait bien savoir de quoi il retourne, tant il est vrai que les modes de consommation ont évolué. C’était l’objectif d’une campagne nationale de caractérisation des ordures ménagères lancée par l’Ademe auprès d’une centaine de communes entre 2007 et 2008 (voir "Modecom : les poubelles des Français passées au crible")... N’en jetez plus ! La poubelle est pleine…Hier, l’Agence présentait sa copie …
Directive Déchets et sa transposition en droit français, éco-organismes de tous poils et réagrément de ceux-ci, filières, REP, Grenelle… Bref : les outils ne manquent pas et les discussions vont bon train en matière de gestion des déchets. Sauf qu’on ne sait pas forcément des quoi il retourne ! Renversant, n’est–il pas ?
Rien de mieux en effet, pour orchestrer la gestion des déchets et la prévention en la matière que de savoir, d’abord, ce qu’il y a dans les poubelles. Cela tombe sous le sens, me direz-vous. Pour autant, il y avait belle lurette (1993) que ce travail n’avait pas été fait. Et donc, surprises, surprises…
En 2007, chaque Français a apporté à la collecte des OM 391 kg, et déposé en déchèterie 170 kg de déchets.
L’analyse des ordures ménagères (résiduelles et collecte sélective) a permis d’établir la composition moyenne des déchets des ménages français comme suit :
25% de putrescible, soit 98 kg/ hab./an
14% de papier, soit 56 kg/ hab. par an, constitué majoritairement de imprimés publicitaires et journaux, magazines, revues
8,5% de textiles sanitaires, soit 33 kg/hab./an
11% de plastiques et de verre, soit 43 kg/hab./an
11,5% d’éléments fins (inférieurs à 2 cm), soit 45 kg/ hab. par an, constitués notamment de 60% de putrescibles, 13% de verre, et 19% d’incombustibles.
7% de cartons, soit 13 kg/hab./an
Tenez vous bien car il faut avoir l’estomac bien accroché : il apparaît, et cela pourra sans doute paraître choquant, que si le Français se plaint régulièrement de la baisse de son pouvoir d’achat, il gaspille, notamment dans le domaine de la bouffe… Et oui, c’est ainsi : trop de produits alimentaires se retrouvent illico dans la poubelle. «Et on ne parle pas de la banane pourrie ou de pain rassis, mais de nourriture encore emballée» précise l’Ademe. Bizarre, comme c’est bizarre…
Erwann Fangeat (département des Observatoires, des Coûts et de la Planification à l’Ademe) profite de l'occasion pour préciser que «les résultats obtenus correspondent à une moyenne nationale, et ne sont pas transposables à l’échelle des collectivités locales». Au total, 845 échantillons ont été analysés, dont 399 d’ordures ménagères résiduelles (OMR, poubelles grises) et 446 de collectes sélectives. 3 650 analyses physico-chimiques ont aussi été réalisées sur 200 échantillons, et 105 bennes tout-venant de 30 déchèteries ont été passées au crible...
L’ingénieur relève que « le verre représente encore une vingtaine de kg/an/habitant dans les poubelles ménagères, et que la moitié des papiers et cartons tombent encore dans la poubelle à tout faire. Il espère que « le compostage, les campagnes stop-pub et la lutte contre le gaspillage » permettront de retrancher près de 150 kg/personne/an.
Pour revenir à ce panorama des déchets, on ne note aucune différence significative en fonction des types d’habitat (rural, urbain et péri-urbain) ou des zones géographiques : «ce n’est pas du tout un non-résultat de savoir qu’il y a peu de différence entre l’habitat rural et l’habitat urbain», a expliqué Laure Tourjansky, chef du département Politique de gestion de déchets au Meeddat. «Ces résultats sont précieux pour élaborer les politiques de gestion des déchets.»
Pour autant, couches-culottes, serviettes hygiéniques, coton, lingettes, mouchoirs et serviettes en papiers, pèsent lourd : leur tonnage a fait triplette en 16 ans, soit environ 10% des OMR du moment et représente 33 kilogrammes par tête chaque année.
En revanche, certains composés toxiques cèdent du terrain comme le chlore, le cuivre et le zinc, « peut être bien grâce à la progression des collectes sélectives des déchets dangereux diffus -notamment en déchèteries-, ainsi que du fait des modifications dans la conception de nombreux produits», ajoute Erwann Fangeat.
La part des emballages s'allège ; elle passe de 39 à 32% des ordures ménagères, toutes collectes sélectives confondues.
Bref : en recoupant les données qualitatives et quantitatives, l’Ademe estime que 38% du gisement des ordures ménagères et 27% du gisement des OMR présentent un potentiel de valorisation matière et que 63% du gisement des OMR est valorisable par voie organique. A partir de ces constats, il n'y a plus qu'à...