Un pont ? Un pont en plastique ? Pourquoi pas en plastique recyclé pendant qu’on y est ? Faudrait pas me prendre pour… ce que je ne suis pas. Il ne faut pas le prendre sur ce ton. Construire des ponts avec du plastique recyclé, c’est le dernier truc en vogue. Le père Eiffel doit se retourner dans sa tombe. Déjà que l’acier, en ce moment, ça ne va pas très fort. Si l’on commence à construire des ponts en plastique recyclé, tout cela va mal se terminer.
A lire les lignes qui précèdent, certains ne manqueront pas de se demander si le Dr Récup n’a pas un peu poussé sur le flacon. Et pourtant, construire un pont en plastique recyclé, il y en a qui ont osé. Si nous ajoutons que c’est au Pays de Galles que cela s’est passé, Pays de Galles, ça vous rappelle quelque chose, Coupe du Monde, rugby, ça y est, les petits gars en maillot rouge qui ont voulu nous barrer la route de la finale, on aura sans doute fini de vous étonner et ce n’est pourtant que la stricte vérité.
Il est vrai que pour nous à qui l’on raconte depuis des années qu’avec le plastique recyclé, on produit des écharpes en polaire, la nouvelle a de quoi surprendre. Quelque part et par un drôle de hasard, on reste dans le textile parce que c’est sur la rivière Tweed que ce pont a été construit. Y’a pas de hasard. Ce pont d’une trentaine de mètres de long, évidemment ce n’est pas Tancarville mais tout de même. A l’origine de ce projet un peu fou, vous en conviendrez, la société galloise Vertech qui a développé un matériau de construction à base de plastique recyclé avec la complicité de l’Université Rutgers (Etats-Unis) et celle de Cardiff (Pays de Galles).
Il a fallu 50 tonnes de bouteilles pour réaliser cet ouvrage. Ça en fait des écharpes. Cela fait toujours 50 tonnes de bouteilles qui n’iront pas en décharge. Parce qu’ils peuvent faire les malins avec leur pont en plastique recyclé, ils sont quand même les grands spécialistes de la mise en décharge de l’autre côté du Channel. C’est juste un petit trait de jalousie, parce qu’il faut bien reconnaître que c’est assez génial cette histoire. Quant au pont, c’est un pont tout ce qu’il y a de plus pont. Pas une passerelle qui supporterait le passage d’un piéton de temps en temps ou d’un cycliste aventureux. Il s’agit d’un vrai pont qui supporte les rigueurs du trafic automobile. Pour le mettre en place, il n’a fallu que deux semaines. Avantage, pas d’entretien. Et puis quand ils en auront assez de leur pont en plastique, les Gallois, ils pourront toujours le recycler. Le recycler, mais en quoi ? En écharpes, bien sûr…