Québec : les médicaments périmés finissent encore trop souvent à la poubelle

Le 04/08/2006 à 18:42  

Québec : les médicaments périmés finissent encore trop souvent à la poubelle
Médicaments Selon notre confrère La Voix de l'Est, et d'après les pharmaciens interrogés, la majeure partie des médicaments périmés finissent à la poubelle. Et pourtant, chacune des pharmacies visitées par les journalistes possède l'équipement nécessaire pour les recueillir...

« Seulement une personne sur quatre dispose adéquatement des médicaments périmés », estime un pharmacien. Un autre se montre encore moins optimiste : « en 30 ans de métier, je n'ai pas vu vraiment d'évolution. Je ne constate pas que les gens ramènent de plus en plus leurs médicaments. Ils les laissent dans leur pharmacie et de temps à autre, ils font le ménage et s'en débarrassent en les jetant aux poubelles ».
Avis partagée par une 3ème professionnelle de la pharmacie : la plupart des médicaments périmés qu'elle reçoit proviennent de résidences pour personnes âgées ou d'infirmières, note-t-elle. « Pour monsieur et madame Tout-le-monde, c'est dans la poubelle que ça va. C'est très rare que j'en reçoive de la part de cette clientèle », révèle-t-elle.

Certains des pharmaciens interviewés considèrent toutefois que la situation va en s'améliorant, même si beaucoup de sensibilisation reste à faire.

Que fait-on des médicaments?
Les pharmacies entreposent les médicaments périmés dans des bacs en plastique ou en carton dans lesquels ils déposent un sac de poubelle. Pour les seringues, les pharmaciens remettent gratuitement à leurs clients des pots de plastique jaunes que ces derniers doivent ramener à la pharmacie lorsqu'ils sont pleins. Au moment où l'accumulation devient trop importante, les pharmacies communiquent avec l'entreprise québécoise Médi Tech, qui veille à incinérer ces déchets biomédicaux.

La procédure est semblable à l'hôpital de Granby, qui s'occupe cependant de brûler lui-même une grande partie des médicaments collectés. Seule la destruction des médicaments cytotoxiques, utilisés pour les traitements de chimiothérapie, est effectuée par une entreprise extérieure.

Le nombre croissant de personnes qui font usage d'une seringue pour s'administrer leurs médicaments a mené, le 22 juin, le ministère de la Santé et des Services sociaux à lancer un nouveau programme pour la récupération des seringues. À l'instar des pharmacies, les établissements de santé de la province ont désormais l'obligation de remettre aux patients concernés des bacs de plastique afin d'entreposer leurs seringues. « Avant ça, nous proposions aux gens de les mettre dans un pot de beurre d'arachide», affirme un agent de promotion en santé publique au Centre de santé et de services sociaux de la Haute-Yamaska.

L'inquiétude est de mise quant aux pratiques agricoles
Deux des huit pharmaciens rencontrés ont émis des inquiétudes quant à la manière dont les agriculteurs se débarrassent des seringues et des médicaments qu'ils utilisent. « Il y a beaucoup de médicaments utilisés en médecine vétérinaire. Il va falloir se pencher sur la question ».

La directrice générale de l'Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec, Martine Bouchard, mentionne que quatre choix s'offrent aux producteurs agricoles : les jeter aux rebuts domestiques, ou passer un accord avec des vétérinaires, un CLSC ou encore avec une entreprise spécialisée. Celle-ci n'était pas en mesure d'identifier la méthode la plus prisée. Deux agriculteurs interrogés par le journal ont admis jeter leurs médicaments périmés ainsi que les seringues utilisées, aux poubelles.