
Amétyst, l'usine de méthanisation de Montpellier et sa communauté d'agglomération a été inaugurée le 1er Juillet 2008 ; depuis lors, elle est progressivement montée en charge. Elle intrigue certains, tandis que d'autres l'admirent... Pour autant, tous se posent des questions sur la mise en oeuvre de la collecte séparative des biodéchets, mais aussi sur la gestion et les coûts de cette unité.Alors??? Usine à gaz, la "métha" vue par Montpellier? Et bien non : deux connaisseurs du dossier, Christian Valette, Vice-président de Montpellier Agglomération, délégué à la commission "Environnement" et Christophe Deligny, directeur du service environnement de Montpellier Agglomération, nous ont accordé cet entretien exclusif...
Au titre des grandes caractéristiques de l'usine, il s'agit d'une enceinte de traitement des déchets destinée à recevoir d'une part, des ordures ménagères résiduelles, et d'autre part, des biodéchets issus d'une collecte spécifique. S'il est prévu, à terme de traiter 207 000 t annuelles, seule une fraction de ce gisement (107 000 t) sera méthanisée (soit 52 %). Les digesteurs n’ont cependant reçu, en 2009, que 39 000 t environ, soit 30 % du tonnage entrant. Cela s'explique essentiellement par le faible tonnage de biodéchets reçu à l'usine.
| Nature du gisement traité | OMR +Bio déchets |
| Process de méthanisation | Kompogas |
| Date de mise en service industrielle | déc-08 |
| Quantité de déchets entrants sur le site (en tonnes/an) | données théoriques | données réelles 2009 |
| Ordures ménagères | 170 000 | 120 000 |
| Biodéchets | 33 000 | 5 000 |
| Autre : déchets verts ou autres | Déchets verts broyés | Déchets verts broyés, compost mûr, et refus de criblage déchets vert |
| Autre | 4 000 | 5 800 |
| Total | 207 000 | 130 800 |
| Quantités entrantes dans le digesteur (en tonnes / an) | données théoriques | données réelles 2009 |
| FFOM issue d'OMR | 77 050 | 28 800 |
| Déchets verts | ||
| Biodéchets (issu de collecte séparative) | 30 000 | 5 000 |
| Autre (déchets verts broyés, compost mur et refus de criblage) | ||
| Autres | 5 800 | |
| Total | 107 050 | 39 600 |
| Pourcentage de déchet rentrant dans les digesteurs par rapport aux déchets entrants à l'usine |
52% | 30% |
La montée en charge de la collecte des biodéchets reste une priorité. À combien évalue-t-on le nombre d'habitants concernés actuellement par la collecte séparative des biodéchets sur l'agglomération montpelliéraine et quelle montée en charge prévoit-on ?
Depuis 2009, la collecte des biodéchets a porté essentiellement sur l'habitat pavillonnaire avec 180 000 habitants concernés, ainsi que sur certains secteurs en petit collectif à hauteur de 40 000 habitants. L'année 2010 sera l'occasion d'étendre cette collecte au centre-ville historique où l'on touchera environ 20 000 habitants. Le programme prévoit d'étendre progressivement cette collecte par tranches de 10 000 habitants de manière à équiper, en tout, 300 000 habitants d'ici deux ans. Or, l'agglomération compte 400 000 habitants environ, ainsi 75 % de la population sera concernée à brève échéance. Les grands collectifs resteront peu ou pas concernés. Il semble en effet prioritaire de communiquer tout d'abord sur une meilleure qualité du tri des emballages ménagers. Dans ce cadre une convention de partenariat avec les bailleurs sociaux et la société Eco-Emballages a été mise en place pour faire progresser la qualité du tri des emballages dans l'habitat vertical. On évaluera, ensuite, les modalités de mise en place une collecte de biodéchets sur les grands collectifs.


Le coût figurant dans le dossier Amorce s'établit à 73,3 millions d'euros. Les différents avenants s'élèveraient à plus de 7 millions d'euros, ce qui correspondrait, tout mis bout à bout, à 81 millions d'euros. À votre avis, le coût d'objectif en termes d'investissement a-t-il pu être respecté ? À combien s'élève le coût total de cette installation?
Depuis le constat d'achèvement des travaux réalisé en mai 2008, il y a déjà eu deux avenants en cours de chantier, (voir détail ci après) un troisième avenant a eu lieu pour 4,2 millions d'euros. Une troisième et dernière tranche de travaux aura lieu à l'automne 2010 pour un montant de 2,5 à 3 millions d'euros.Le total des avenants se montera donc à 7 millions d'euros, ce qui signifie que par rapport au coût d'objectif initial de 73,3 millions d'euros, le coût total de l'installation s'établira effectivement, à 80, voire 81 millions d'euros.
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Les récents avenants :
Présentation des travaux réalisés pour optimiser les performances de l’Unité de méthanisation Amétyst En avril 2009, Vinci Environnement a engagé, à la demande de Montpellier Agglomération, d’importants travaux dans l’objectif de limiter les nuisances constatées en phase d’essais sur le site Amétyst et d’en optimiser les performances de traitement.
Cet important chantier, mobilisant 3,4 M€ (co-financés par Montpellier Agglomération à 76,5 % et par le contructeur à hauteur de 23,5%) est aujourd’hui terminé : les résultats sont significatifs. Dans un premier temps, ce sont les équipements les plus générateurs d’odeurs à l’extérieur du site qui ont été améliorés : Réalisation d’un bâtiment permettant la couverture des tapis d’alimentation et des entrées des BRS© (cylindres de fermentation primaire). Réalisation d’un capotage des fosses de sortie des BRS©. Couverture de l’ensemble des convoyeurs de transport des déchets du bâtiment de déshydratation vers la maturation (100 mètres de tapis). Doublage des rideaux des portes de sorties des zones d’évacuation des refus du tri primaire.
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Le coût d'exploitation figurant dans le dossier Amorce s'établit à 3 650 000 €/an, soit 29,2 euros la tonne (prix du contrat d'exploitation). Ce coût d'exploitation est très largement inférieur à celui des autres installations de méthanisation présentées dans le dossier réalisé par l’Ademe et Amorce. Quels sont, d'après vous, les intérêts, mais aussi les limites, d'un tel coût d'exploitation, qui, précisons-le, n'inclut pas le traitement des refus ?

| Quantité de refus produite (en T/ an) | données théoriques | données réelles 2009 | |
| Stabilisat (0- 60 mm) | 42 000 | 16 940 | Avec le stabilisat qui est envoyé en enfouissement soit 42 000 t théoriques, l’ensemble des refus théoriques est de 149 000 t soit 72 % de l’entrant envoyés majoritairement en enfouissement et un peu en incinération faute de place suffisante en décharge ( bilan constructeur) |
| Destination | Stockage | Enfouissement | |
| Refus dont refus légers | 107 000 | 73 060 | |
| Destination | Stockage et incinération | enfouissement et incinération | |
| Total | 149 000 | 90 000 | |
| Ratio : quantité de refus par rapport au tonnage entrant |
72% | 69% |
Si le stabilisât pouvait faire l'objet d'une destination plus noble, en particulier le recouvrement de décharge, on ne comptabiliserait alors que 107 000 t de refus ; le ratio se réduirait à 52 % du tonnage entrant. Actuellement, malheureusement, ce stabilisât est évacué en décharge au même prix que les refus...

Cependant le Directeur des services techniques ne partage pas l'analyse du constructeur qui avait établi un prévisionnel de taux de refus à 149 000/207 000 tonnes soit 72 %, mais considère que le taux de refus s’établira plutôt autour de 57 à 58 %.
En effet, en 2009, sur 130 000 t entrantes, la quantité de refus s'est établie à 73 000 t avec 16 900 t de stabilisât, soit moins de 90 000 t. On obtient ainsi un ratio de 69 %, mais cela ne correspond en rien aux performances attendues de l'usine telle qu'elle sera réceptionnée à la fin de l'année 2010. Le taux de refus devra alors s'établir à 60 % maximum.
| NB sur la nature des refus: les refus correspondent à la somme des refus légers > 300 mm issus du premier crible, des refus supérieurs à 80 mm issus du deuxième crible, c'est-à-dire sortis du bioréacteur, et aux refus supérieur à 20 mm issus du troisième crible. |
Si la quantité prévisionnelle de refus s'établit à 107 000 t/an, pour la fraction éliminée en enfouissement, d'après certaines sources d'information, on pourrait utilement retenir un prix moyen d'enfouissement à 65 € /T (auquel il faut rajouter 17 € de TGAP). Si l'avantage réside dans le fait que le centre d'enfouissement appartient à la collectivité, l'élément limitant réside dans la capacité nominale de réception du site, qui ne peut dépasser 83 000 t/an. La collectivité ne peut donc pas faire autrement que d'y apporter tout d'abord le stabilisat à hauteur de 40 000 t environ et compléter ensuite, avec des refus et aussi des encombrants de déchetteries. Cela signifie que le reste, soit près de 60 000 t devrait être évacué vers l’incinération. Qu'en est-il exactement ? Quel est le coût de ce traitement ?

Le quart du tonnage des refus est envoyé en incinération sur l'UIOM de Lunel Viel soit 20 à 25 000 t/an1. Il s'agit essentiellement de refus légers à haut PCI. Leur caractéristique énergétique, 2800 kcal/kilo, diminue la quantité de déchets admissibles dans l'usine d'incinération, ce qui explique leur coût d'admission plus élevé à 115 €/T. Les trois quarts des refus sont envoyés en enfouissement sur la décharge de Castries. Cette décharge qui appartient à la ville, présente une capacité nominale de 83 000 t. La collectivité ayant réservé une partie de la capacité au refus du centre de tri Demeter, la quantité de refus envoyée sur ce site serait d'environ 68 000 t/an.
1 en fait l'agglomération de Montpellier envoye 25 à 30 000 t sur l'UIOM de Lunel Viel ce tonnage inclus les refus de tri du centre de tri Demeter.

La décharge de Castries bénéficie d'une autorisation administrative d'exploiter (pour un casier) jusqu'en 2015. L'ouverture d'un deuxième casier nécessiterait une nouvelle autorisation, ce qui impliquera la réalisation d’une nouvelle enquête publique. Et comme le précise Christian Valette, « pour pouvoir appréhender l'avenir sereinement, il faudrait pouvoir bénéficier d'un deuxième centre d'enfouissement. Plusieurs pistes ont déjà été étudiées qui n'ont pas abouti, car les sites étaient situés hors du périmètre de l'agglomération. Actuellement un projet privé est à l'étude, mais il rencontre quelques difficultés »...
Parlons performances et ratios de performance ; l'analyse s'appuyant sur les ratios figurant dans le bilan Ademe-Amorce. Quelle est la production de biogaz ? Que devient ce biogaz ? Quelles sont les limites fortes à une meilleure exploitation de ce biogaz ? L'installation THIOPAC pour traiter des résidus de lavage de gaz est-elle déjà opérationnelle ?
Le ratio de performance prévisionnel en terme de rendement du biogaz prévoyait 14 400 000 Nm3 produits pour 107 000 t entrantes en méthaniseur, soit 134 m³ de gaz / tonne entrante. Qu'en est-il ?
| Quantité de bio gaz produite (en Nm3 / an) | données théoriques | données réelles 2009 |
| Quantité de bio gaz produite | 14 400 000 | 5 544 000 |
| Ratio : quantité de bio gaz par rapport au tonnage entrant en digestion (en Nm3 /T de déchets) | 134,5 | 140,0 |

Le biogaz est transformé en électricité ; seule une partie est réservée au réchauffement des digesteurs. Si actuellement la production est essentiellement dévolue à la production d'électricité, on prévoit à terme, une transformation de ce biogaz en chaleur. Ce projet s'inscrit dans un objectif plus large de création d'un réseau de chaleur dans le cadre de l'extension de la zone d'activité économique GARONORD et de futurs quartiers d'habitation du secteur NOVALIE, proches de l'usine.En ce qui concerne le processus de désulfuration biologique, Christophe Deligny précise d'ailleurs « qu’il a été mis en place à l'initiative de l'exploitant, dans le cadre de son contrat de délégation. L'objectif est d'abattre le soufre, pour réduire la teneur de ce composé dans les gaz rejetés dans l’atmosphère ».
Cette désulfuration biologique, par le procédé THIOPAC, sera fonctionnelle en octobre 2010. Elle permettra d'alléger la charge de chlorure ferrique introduite en entrée de digesteur.
Le Directeur des services souligne que l’on procède déjà à un abattement du H2S en introduisant du chlorure ferrique dans les digesteurs. Les deux démarches : introduction de chlorure ferrique et désulfuration biologique resteront donc complémentaires.
2 Note :Le sulfure d'hydrogène (H2S) ou hydrogène sulfuré est un composé chimique de soufre et d'hydrogène, responsable de l'odeur désagréable d'œuf pourri.
| Ratio de performances : en ce qui concerne les performances, les chiffres « consolidés 2009 » établissent un ratio de 150 Nm3/t entrante. La production s'élèverait à 8 740 396 m³ de bio gaz contenant 50 à 60 % de CH4, par rapport 39 500 T entrantes dans le méthaniseur soit depuis avril 2009. |
Parlons digestat et compost. Quelles ont été les quantités produites, celles mises sur le marché ? Le compost est-il conforme à la norme NFU 44 051 ? Quels ont été les modifications introduites pour adapter l'installation aux spécifications de la norme ? Validez-vous le ratio figurant dans le bilan Ademe-Amorce en termes de production de compost par tonne entrante sur le site ?Si oui, comment expliquez-vous le faible ratio de compost 3665 t par rapport à 130 000 t entrantes sur site, soit 3 % par rapport au prévisionnel de 13,5 % (28 000 t/207 000 t) ?

| Quantité de compost produite (en tonnes par an) | données théoriques | données réelles 2009 | remarque |
| Compost conforme à la Norme NFU 44 051 | 28 000 t | 3 665 t | (1665 + 1000) |
| Destination prévue | Valorisation agricole | Valorisation agricole et réaménagement de sites |
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| Prix de vente moyen | 7 euros/T | 7 euros/T | |
| Ratio : quantité de compost normé par rapport au tonnage entrant |
14% | 3% |
Qu'y a t-il de prévu pour le traitement des éluats ? À combien estime t-on leur production annuelle ? Quelle solution de traitement avait-il été prévu sur le site en cas de production saisonnière ?

Cependant, l'engagement contractuel de performance du constructeur s'établit à 10 000 m³/an des éluats (maximum). Ces jus, en cas de production saisonnière, sont recueillis dans une cuve de stockage d'une capacité maximale de 1000 m³. La solution de traitement prévue en secours est le raccordement au réseau d'assainissement. De fait, la production d'éluats a présenté récemment un léger excédent et on a dû procéder à des rejets dans le réseau d'assainissement. L'analyse réalisée a démontré que ces rejets étaient conformes à l'arrêté préfectoral délivré. Cependant, le concessionnaire gestionnaire de la station d'épuration a présenté des exigences supérieures en termes de qualité des éluats. La collectivité conduit donc actuellement une campagne de caractérisation de manière à évaluer la pertinence de mettre en place une unité de prétraitement de ces éluats sur l'usine de méthanisation, avant rejet au réseau.
En termes de gênes, nuisances ou bien dommages, quels sont les problèmes que l'on peut actuellement considérer comme résolus et quels sont ceux que l'on peut considérer comme subsistants ? En particulier, en termes d'odeurs émises, de bruit de fond, mais aussi de circulation des camions ? … Quels sont les indicateurs de performances qui ont été mis en place au niveau de l'usine pour suivre ces problématiques ? Quels sont, d'après vous, les problèmes qui risquent d'advenir à terme ?

Cela a permis d'identifier l'origine des odeurs et leur importance.

Je précise que si 140 riverains s'étaient manifestés en 2009 (dont certains plusieurs fois), sur l'année 2010, on n'a pour l'instant recensé que 40 personnes qui se sont déclarées encore incommodées par les odeurs de l'usine. Il faut dire qu'il s'agit de personnes qui résident dans un cercle étroit autour de l'installation dont le rayon est inférieur à 250 mètres.




Le choix a été fait en 2002 de retenir un procédé de méthanisation et de traiter l'ensemble des déchets produits sur la communauté d'agglomération. Le niveau de gènes de nuisances ou de dommages générés lors des dernières années de vie de la décharge du Tôt ont été tout à fait importants avec en particulier des envols et des nuisances olfactives sur 2 à 3 km à vol d'oiseau, sans compter les émissions de biogaz de décharge. Il semblait donc essentiel d'améliorer la situation.


Il y a fort à parier que l'optimisation de nos collectes sélectives, sera soutenue par la réglementation. En effet, nous pensons que la loi Grenelle II avec l'objectif de valorisation des biodéchets des gros producteurs favorisera la montée en charge du système.
Pour ce qui concerne les collectivités locales qui souhaiteraient s'engager dans la méthanisation, Montpellier agglomération est tout à fait ouverte à la communication et prête à accueillir toutes les collectivités qui souhaiteraient visiter l'usine.
Cependant il paraît opportun de rappeler que chaque territoire présente des natures de déchets différentes. Ainsi, lorsque nous avions visité l'usine de Saint-Lô, nous avions pu remarquer que cette unité présentait des digesteurs dimensionnés pour traiter 20 à 30 000 t, taille qui nous semblait optimisée pour la méthanisation de fractions différentes ; il est avéré, en effet, que le territoire concerné est plus rural qu'urbain. La nature rurale du territoire a d'ailleurs facilité la tâche du syndicat, puisque l’unité de Saint-Lô a rencontré moins de difficultés pour régler sa chaîne de tri d’ordures ménagères résiduelles, que nous mêmes... À Montpellier, subsistent encore des difficultés à extraire la matière organique à partir des ordures ménagères résiduelles. Pour le futur, l'amélioration des performances de l'usine dépendra bien évidemment de l’exploitant...
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Avec nos remerciements à Nadia Diminutto, ingénieur environnement pour son aimable collaboration

Dans un premier temps, ce sont les équipements les plus générateurs d’odeurs à l’extérieur du site qui ont été améliorés :
Réalisation d’un bâtiment permettant la couverture des tapis d’alimentation et des entrées des BRS© (cylindres de fermentation primaire).


