Quand l'industrie papetière se restructure...
Samedi dernier, ce sont plus plus de 500 salariés des usines de Stora Enso à Corbehem et des Papeteries de Maresquel à Maresquel-Ecquemicourt (Pas-de-Calais) qui ont défilé à Lille pour protester contre l'annonce de suppression de plusieurs centaines d'emplois. S'il s'agit d'un nouveau coup dur pour l'emploi en France, il faut le situer dans un vaste mouvement de restructuration de l'industrie papetière...
L'industrie papetière n'est pas assez profitable. En Europe, surcapacité structurelle, manque de productivité, coûts de production trop élevés, justifient une restructuration en profondeur. D'autant plus que la compétitivité des pays à faible coûts de production ne cesse d'augmenter. Tel est en résumé le constat et l'explication des restructurations en cours. Quelques exemples...
Stora Enso
Lorsque le finlandais annonce qu'il va supprimer 500 emplois sur des effectifs de 850 personnes au sein de l'usine de Corbehem, c'est la concrétisation de son plan d'actions annoncé à la fin du mois d'octobre en vue d'améliorer la productivité et rentabilité de ses opérations en Europe. Les deux programmes "Profit 2007" et "Asset Performance Review" ont pour objectif d'améliorer la compétitivité de l'ensemble des usines européennes.
Le premier fixe 160 millions d'euros de réduction de coûts de production, 120 millions d'euros d'économies de coûts de gestion, réduction de personnel à hauteur de 2 000 emplois (moitié production, moitié administration).
Le second affiche la fermeture de 4 unités de production en France, en Finlande, en Suède et aux Etats-Unis; la cession de six unités de production au Portugal, en Allemagne, en Suède et en Finlande sites représentant 400.000 tonnes/an. Ce deuxième plan affecterait 2 300 dont 730 seraient licenciés.
International Paper
La fermeture des Papeteries de Maresquel ( 230 emplois) qui est une filiale du groupe américain International Paper s'inscrit aussi dans la continuité du Plan de recentrage d'activités et d'amélioration de performances que la direction avait annoncé au mois de juillet dernier.
UPM-Kymmene
Le 2 novembre dernier son PDG, Jussi Pesonen, déclarait à propos des résultats financiers pour le troisième trimestre 2005 : "ils reflètent une réduction des coûts systématique et une autosuffisance élevée en terme de ressources. Cependant, cette année est encore marquée par une forte augmentation du coût des matières premières et de l'énergie. Pour retrouver la rentabilité prévue, des améliorations significatives dans l'efficacité de nos opérations, ainsi que des hausses des prix du papier sont nécessaires. Les plus gros défis résident dans le papier magazine et le papier journal, domaines où nous devons clairement aller plus loin dans l'amélioration de la compétitivité de nos coûts.Nous avons l'intention de rester le leader de l'industrie en terme de coût. Nos grandes unités de production et notre autosuffisance élevée en énergie et en pâte chimique nous donnent un avantage compétitif évident. Toutefois, nous continuons à chercher des moyens pour améliorer l'efficacité au sein de notre organisation dans son ensemble. Il est vital pour nous d'atteindre le plus haut niveau de compétitivité de nos coûts."
Cascades
Concernant la branche canadienne, les dirigeants ont annoncé en milieu d'année la "rationalisation continue de la structure de coûts avec d'importants plans de réduction annoncés pour l'usine de papiers fins couchés de Thunder Bay (fermeture soit 375 employés touchés) et pour l'usine de papier doublure de Norampac à Red Rock"
Gascogne
Le groupe français a fait part à la fin du mois de novembre de son projet de réorganisation des branches Papier et Complexes visant à accélérer leur retour à une croissance rentable. Cela représente une suppression de près de 120 emplois. (voir notre rédactionnel)